Chapitre n°36 : I still think so

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Nuit du 29 au 30 juillet 2179, Marui de Neteyam et Sansa, Awa'atlu, Pandora

         Dire que Neteyam ne s'était pas pris une petite leçon de morale par ses proches face à toute cette histoire, aurait été un mensonge. Bien-sûr, ils avaient été calme et constructive mais tout le monde avait fait comprendre à Neteyam que toute cette histoire était légèrement stupide, n'avait pas lieux d'être et pourrait s'arranger en un claquement de doigt si Sansa et lui ne se butaient pas à fuir la conversation. Kamilya avait ajouté qu'il n'avait aucun intérêt de se faire la gueule pour ça dans des temps pareils car, si les évènements de la journée leur avait prouvé une fois plus à tous quelque chose, c'est qu'ils pouvaient se perdre pour toujours très facilement et qu'il valait mieux profiter du temps qu'ils pouvaient avoir ensemble plutôt que le passer à se torturer avec quelque chose qui n'avait pas lieux d'être. Suite à cette conversation, Neteyam avait compris que sa femme n'avait pas envie d'en finir avec leur relation, comme il avait été amené à penser ces dernières semaines, en croyant qu'elle le poussait vers Ao'nung. Il avait réalisé qu'elle était seulement terrifié à l'idée de le perdre et qu'elle avait besoin qu'il la rassure. Il n'avait pas hésité à dire au revoir à tout le monde pour rejoindre la jeune femme afin qu'ils puissent enfin discuter après ça, car il était temps de le faire, il n'était pas nécessaire d'attendre encore plus.

         Les petits dormaient lorsqu'il arriva et elle semblait faire de même dans leur hamac mais Neteyam la connaissait assez pour savoir qu'elle faisait semblant. Il s'était allongé près d'elle et l'avait doucement pris dans ses bras en cuillère. Ils étaient resté comme ceci, puis doucement, Neteyam avait dégagé les cheveux de la jeune femme et avait pris la plus grande mèche, qui composait la queue neurale de sa femme avant de prendre celle qui se trouvait dans ses propres cheveux afin de les lier l'une à l'autre, créant un tsaheylu pour la première fois depuis des mois. Neteyam savait que le tsaheylu permettrait à Sansa de ressentir tout ce qu'il ressentait, de savoir tout ce qu'il pensait et que le contraire était tout aussi vrai. C'était ce dont ils avaient besoin, en ce moment plus que jamais, parce qu'ils ne se comprenaient plus, ne communiquaient plus et que cela leur permettrait d'avoir des réponses à tous leurs questionnements. A la seconde où le lien fut effectué, Sansa se retourna vers son mari et colla son front à celui du jeune homme, caressant doucement sa joue alors qu'elle tentait silencieusement de le réconforter, de le rassurer face à toute sa douleur, douleur qu'elle était désormais capable de ressentir, tout comme il ressentait la sienne et ça faisait extrêmement mal. Neteyam était sûr que c'était le tsaheylu le plus difficile et le plus intense qu'ils aient échangé mais c'était également celui dont ils avaient eu le plus besoin.

         Pour l'un comme pour l'autre il y avait de la douleur, beaucoup de douleur, liés à plein de choses différentes comme la guerre, les traumatismes qu'ils avaient tous les deux subits ces dernières semaines, comme le kidnapping et l'emprisonnement forcé de San, le fait que Neteyam ait vu sa femme mourir sous ses yeux et qu'il ait fait tout ce qu'il y avait en son pouvoir pour la sauver, les batailles qu'ils avaient vécu, notamment aujourd'hui... Il y avait aussi la douleur dû à la mort de Liana, qui mélangeait leur propre deuil et celui de ceux qu'ils aimaient et qu'ils n'arrivaient pas à aider... La douleur face à ce qu'il se passait entre eux... La douleur face à celle de leurs enfants... Il y avait de la peur aussi, la peur de perdre ce qu'ils aimaient, de se perdre, de quelque manière que ce soit, de ne pas arriver à arranger les choses, de perdre l'amour de l'autre. Il y avait la culpabilité, celle de ne pas réussir à aller mieux assez vite, d'être impuissant face à la douleur des autres, face à la douleur qu'ils se faisaient ressentir l'un, l'autre sans le vouloir. Puis, il y avait un peu d'espoir, l'espoir que tout s'arrangerait, que cette guerre prendrait fin, que la douleur partirait, que leurs problèmes auraient des solutions et qu'ils seraient enfin heureux. Enfin, il y avait l'amour, celui qu'ils ressentaient pour leur famille, puis l'un pour l'autre, celui qu'ils avaient temps peur de perdre mais qui était plus présent que jamais. C'était le plus grand des soulagement de ressentir à quel point ils s'aimaient toujours.

Faith : The oceanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant