Chapitre 3 : Où les pas nous mènent

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Trois jours plus tard, lorsqu'elle pu enfin reprendre les cours, le cœur n'y était pas. Depuis ce jour où Ryo était venu la voir, Ichigo s'était enfermée dans le mutisme, ne mangeant presque plus au plus grand damne de ses parents qui ne comprenaient pas la situation. Sa joie de vivre et sa volonté l'abandonnaient. Et malgré les efforts de Moe et Milja pour lui remonter le moral, elle semblait n'être présente que physiquement. Ces dernières avaient compris que le malheur de leur amie était lié au départ de Masaya mais quoi qu'elles fassent, Ichigo ne soufflait mot.
Mais après plusieurs jours Moe finit par s'énerver, disant que Masaya ne reviendrait pas, qu'Ichigo soit triste ou non, ajoutant que si ce dernier pouvait la voir se lamenter sur son sort ça ne lui donnerait pas envie de revenir. Ichigo en fut blessée. D'ailleurs elle prétexta se sentir mal, ce qui n'était pas totalement faux, pour quitter le collège avant la fin des cours. Elle ne voulait pas particulièrement rentrer chez elle, la journée était belle et cela faisait trop longtemps qu'elle n'était pas allée se balader dans le parc. Celui-ci était désert en cette fin d'après-midi, Ichigo savoura ce moment de solitude, s'appuyant contre une barrière pour admirer les miroitements à la surface du plan d'eau.

-Ainsi c'est donc vrai ce qui se raconte, minauda une voix qu'elle aurait reconnue entre mille, Roméo serait parti sans toi !

Ichigo n'avait pas la force d'engager une joute verbale avec l'alien aux cheveux verts.

-Laisse-moi Kisshu, s'il te plaît, dit-elle d'une voix à peine audible.

Le dit Kisshu disparu dans une vague d'énergie, au plus grand étonnement de la jeune fille qui ne pensait pas pouvoir se débarrasser de lui aussi facilement. La seconde d'après, il réapparu juste à coté d'elle, ses yeux dorés plongés dans les siens. Il l'observa un instant, hésita avant de frôler d'un doigt la joue de celle qui faisait battre son cœur. Soudain il se pencha plus en avant. Ichigo cru qu'il allait l'embrasser mais non ; il lui murmura juste quelques mots à l'oreille avant de disparaitre pour de bon.




Loin de lui changer les idées, cette rencontre la laissait toute chose. Pourquoi avait-il fallut qu'il vienne celui là ? Ichigo repris sa route, encore plus perdue dans ses pensées, ne faisant même pas attention à ce qui l'entourait. « Moi, jamais je ne t'aurais abandonné, Ichigo ! » avait murmuré Kisshu. Qu'elle détestait s'entendre dire ça, surtout venant de lui !

Au bout d'un moment, elle releva la tête et fut surprise de se retrouver devant le café Mew Mew. Elle eut une pensée pour les filles, pour Shirogane et pour Keiichiro ; ils lui manquaient tant. Elle se sentie idiote d'avoir délaissé son travail et ses amis si longtemps, les revoir lui ferait surement le plus grand bien.

Elle poussa la porte, faisant tinter une clochette. Le café n'avait pas encore ouvert mais déjà les jeunes filles s'activaient pour mettre la salle en ordre.

-Veuillez nous excuser, fit Retasu en se retournant, le café n'est pas encore...

Mais elle ne finit pas sa phrase, trop étonnée de l'apparition soudaine de son amie.

-Ichigo, cria Retasu, se précipitant vers elle, les yeux pleins de larmes, Shirogane nous a interdit d'aller te voir ! Il disait que tu avais besoin de repos, qu'il t'avait trouvé presque morte !

Elle l'étreignit avec force, parfois secouée d'un sanglot. Pudding l'imita bientôt, sautant dans tous les sens pour exprimer sa joie. Minto délaissa même son thé pour venir saluer la nouvelle venue.

-Qu'est-ce que c'est que tout se raffut ?

Ryo venait de revenir du sous-sol en compagnie de Zakuro. Tous deux ne comprirent la raison de l'agitation générale lorsque les trois serveuses se séparèrent enfin d'Ichigo pour que les autres puissent constater par eux même. Le jeune homme ouvrit de grands yeux tandis que l'ainée des Mew Mew lui glissait tout bas « Essaye de lui dire quelque chose de gentil, pour une fois ! » Ryo voulu la foudroyer du regard mais le sourire qu'affichait Zakuro signifiait qu'elle le taquinait. D'un pas assuré il s'approcha d'Ichigo, lui posa une main sur l'épaule puis afficha un sourire sincère.

-Content de te retrouver, Ichigo !

Ichigo lui rendit un pauvre sourire avant de remercier tout le monde pour cet accueil.

-Ah, pile l'heure pour tester mon nouveau Parfait aux fraises, en veux-tu Ichigo ?

Décidément, Keiichiro ne perdait pas le Nord, mais en même temps Ichigo était contente qu'il agisse comme si de rien n'était. Cette dernière acquiesça et Shirogane tira pour elle une chaise à la table la plus proche. Ils étaient là, tous là, à la regarder comme s'il lui était poussé des oreilles cyniclones pendant la nuit. Ils souriaient mais la lueur dans leurs yeux prouvait que leur inquiétude ne s'était pas dissipée. Seul Pudding ne cachait pas ce qu'elle ressentait. Minto lui écrasait le pied pour l'inciter à se taire mais la fillette n'y tint plus.

-Tu vas revenir au café, dis Ichigo ? Tout le monde est triste sans toi tu sais !

L'intéressée coula un regard à ses amis qui semblaient trouver un intérêt nouveau pour leurs chaussures respectives, confirmant par là même que Pudding parlait au nom de tout le monde. La jeune fille ne savait pas quoi dire, elle se sentait étrange tout à coup, comme si elle venait de sortir d'un rêve dans lequel elle s'était enfermée pendant plus d'une semaine. La réalité était là, devant ses yeux, elle avait des gens pour qui elle n'hésiterait pas à donner sa vie, de même qu'eux donneraient la leurs pour elle. Ils étaient ses amis, ils étaient sa deuxième famille. Ichigo recula sa chaise pour se mettre à genoux afin d'être à la hauteur de Pudding, elle lui sourit d'abord puis prit la fillette dans ses bras. La petite blonde cria un « Hourra ! » retentissant et l'humeur générale sembla s'améliorer, comme si l'atmosphère était d'un coup moins pesante.

-Je vais reprendre du service, déclara la jeune fille, adressant aux autres un sourire qu'elle voulait convaincant.

Sur ce, elle se leva et pris la direction des vestiaires. Elle ne remarqua pas tout de suite que Zakuro l'observait, appuyée contre le chambranle de la porte.

Un cœur qui balanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant