Chapitre 6 : A cœur ouvert

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-Tu sais, je me sens seule depuis qu'Aoyama est parti. Je... j'ai vraiment l'impression que tout s'est effondré autour de moi, son regard se fit lointain alors qu'elle semblait fixer sa tasse, c'est comme si on avait arraché mon cœur de ma poitrine, joué au Rubix Cub avec et remis en place. Je pleure tout le temps. Je sais que ça ne le ferra pas revenir mais je ne peux pas m'en empêcher, ça vient tout seul et ça ne s'arrête pas. Mais hier j'ai compris quelque chose d'essentiel quand je suis venu ici et que j'ai vu vos regards, à la fois inquiets et heureux de me revoir. J'ai compris que je n'étais pas seule, je ne le suis plus depuis le jour où je me suis transformé pour la première fois.

Elle leva un regard pétillant vers Keiichiro qui l'observait toujours.

-Je sais que Ryo et toi vous sentez responsables de nous à cause de ça mais être une Mew Mew est loin d'être une malédiction ; même si j'ai tendance à me plaindre j'ai vécu mes plus beaux moments ici, avec vous tous !

Son interlocuteur souriait, de même que Ryo qui écoutait la tirade d'Ichigo depuis le couloir. Ce dernier avait le cœur qui battait rapidement sans trop savoir comment de simples mots pouvaient avoir un tel effet sur lui, à moins que le sourire qu'affichait la jeune fille, ou cette étincelle de détermination qu'il apercevait dans ses yeux n'y soient pour quelque chose.

-Tu devrais dire ça à Ryo, je suis certain qu'il serait heureux d'entendre ça.


Ichigo jeta un coup d'œil vers le couloir où elle cru percevoir un mouvement.

-Tu as sûrement raison, dit-elle avec un sourire.

La jeune fille se leva, remercia Keiichiro pour le thé et s'en retourna vers la grande salle. C'était sans compter sur Ryo qu'elle percuta dans le couloir. Déstabilisée, elle serait tombée sans la dextérité du jeune homme qui la retint à temps.

-Ichigo ?

Il semblait surpris de la voir mais s'en remis vite, affichant un sourire moqueur.

-Toujours aussi maladroite à ce que je vois !

-Dois-je te rappeler que si tu ne t'étais pas trouvé en travers de mon chemin ça ne serait jamais arrivé, répliqua Ichigo, piqué au vif. Et d'ailleurs, monsieur « je fais des sermons aux autres », qu'est-ce que tu faisais ? Tu nous espionnais c'est ça ?

Le sourire amusé de Shirogane s'envola. Il prit l'air supérieur qu'il se donnait lorsqu'il se savait en tort.

-Si tu veux tout savoir, je descendais prendre mon petit déjeuné, je suis chez moi après tout, je n'ai pas de compte à te rendre. En revanche, reprit-il après une coutre pause, pointant un doigt accusateur sur Ichigo, il me semblait pourtant avoir été clair quand je t'ai dis que je ne voulais pas te voir aujourd'hui !

La petite serveuse baissa la tête, serrant son tablier dans ses mains fragiles. Pourquoi était-il obligé d'être si brusque avec elle ? Pourquoi s'amusait-il à la pousser à bout ? Une larme roula sur sa joue, elle la fit disparaitre bien vite d'un revers de manche.

Ryo se senti coupable. Il essayait de faire des efforts avec elle mais son sale caractère reprenait toujours le dessus. Se maudissant intérieurement, il s'apprêtait à s'excuser mais Ichigo releva la tête vers lui.

-Je vais mal, Shirogane, tu le sais bien, tu m'as vu l'autre soir ! Et pourtant tu t'acharnes, sans penser une seule seconde que je serais mieux ici, entourée de mes amis, plutôt que d'être confinée chez moi. Alors s'il te plaît, laisses-moi travailler, tu n'auras pas à te plaindre de moi, je te le promets, mais ne me retire pas ça.

-A ta guise, soupira le jeune homme.

Ichigo allait repartir mais Ryo lui saisit le poignet. Surprise, elle se retourna. Shirogane l'enserra au niveau des épaules.

-Je suis désolé, Ichigo, murmura t-il. J'aimerais faire quelque chose pour toi mais je sais que pour les peines de cœur il n'y a que le temps qui y puisse quelque chose.

Les joues de la jeune fille s'empourprèrent. Comment savait-il que c'était une peine de cœur ? Ichigo leva un regard interrogateur vers le beau blond.

-Tu as prononcé son nom quand je t'ai trouvé, dit-il le regard dans le vague. Je n'en ai parlé à personne ; je pense que tu t'en chargeras toute seule quand tu seras prête.

Encore une fois elle s'étonna du comportement versatile de Ryo, si tendre en cet instant mais si froid quelques minutes auparavant. Peut-être était-ce là sa manière de préserver ses sentiments.

-Il y a bien quelque chose que tu peux faire pour moi, chuchota Ichigo.

Ryo s'écarta un peu pour la regarder, lui accordant toute son attention.

-Quand je serrais triste, j'aimerais bien que tu souris pour deux, ça te va tellement mieux que les regards revêches.

Shirogane lui fit un sourire sincère avant de poser ses lèvres sur le front d'Ichigo.

-Je peux passer mon temps à te sourire, si tu le souhaites.

-Merci mais je pense que les filles finiraient par suspecter quelque chose et se faire des films, répondit-elle, ne sachant pas s'il était sérieux ou s'il se moquait encore d'elle.

Ryo laissa échapper un petit rire.

-Tu as raison, nos amies ont une imagination bien trop débordante !

Un silence s'installa. Ichigo n'osait regarder Shirogane en face. Un peu mal à l'aise elle s'écarta encore un peu de lui avant de relever la tête.



-Je vais retourner travailler, annonça la jeune fille qui s'en alla rapidement, laissant Ryo seul avec ses pensées.

Ichigo fini rapidement le grand nettoyage qu'elle avait entrepris puis, n'ayant rien d'autre à faire, elle aida Keiichiro à la cuisine.

Un cœur qui balanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant