Chapitre 9 : Un semblant de complicité

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Nous étions le 12 décembre, cela faisait maintenant un mois et demi environ qu'Hermione et le professeur Rogue avaient leur rendez-vous quotidien pour apprendre sa gestion des émotions, ses crises et la manipulation de ses barrières.

Les premiers cours étaient vraiment difficiles, toute la douleur qu'elle avait profondément enfouie pendant des années et les récents évènements traumatisants refaisaient souvent surface et le professeur devait souvent la calmer en utilisant la même méthode que la première fois.

Le professeur pouvait constater les ravages de la guerre toujours les jours rien qu'en observant les étudiants. Il remarquait bien comment certains élèves se recroquevillaient suite à son passage où la méfiance envers les élèves de sa maison. Les Serpentards avaient toujours été considéré comme les ennemis et le mal incarné et aujourd'hui plus que jamais les préjugés étaient bien ancrés dans la tête des élèves.

Le constat le plus flagrant était bien évidemment sur Granger. Il ne savait même plus comment les évènements s'étaient succédés pour arriver au fait que lui aide Hermione Granger, l'élève qu'il avait toujours cherché à rabaisser lors de ses cours. Et pourtant il avait décidé de l'aider à se reconstruire car chaque fois qu'il la voyait sombrer un peu plus il ne pouvait le supporter. Elle avait toujours été une élève vive, rigoureuse, et avide de connaissance et aujourd'hui elle semblait perdue, seule sans aucun but. Il avait fini par se sentir hanté par son regard lointain fixé dans le vide comme si plus rien n'avait de sens pour elle.

Il savait que le chemin serait long, on ne se remet pas d'une guerre aussi rapidement. Néanmoins le problème de cette élève semblait plus profond, c'est pourquoi il lui proposait ces séances d'ancrage et ce travail autour de l'Occlumencie afin d'apaiser son esprit. Les débuts avaient été chaotiques, son esprit était tellement placé sous son contrôle, enlisé dans ses pensées et ses angoisses qu'elle se retrouvait comme bloquée et prisonnière de ses propres pensées. Le but principal était donc d'abaisser suffisamment ses défenses pour pouvoir diminuer son Occlumencie et l'utiliser à bon escient. La prochaine étape serait de pouvoir les manipuler et voir si elle pouvait manier cette pratique. Le but de ces séances était d'utiliser l'Occlumencie comme un moyen de défense face à une attaque ou de se protéger des autres et non plus comme un barrage face à toutes ces émotions positives comme négatives. En effet, le problème résidait dans le fait que Granger utilisait naturellement l'Occlumencie pour bloquer toutes ses émotions depuis des années au point où même les émotions positives devenaient presque factices parfois.

Malheureusement ses craintes n'étaient pas totalement occultées dans la mesure où Mclaggen était parvenu à s'échapper avant de se faire intercepter par le professeur et le ministère. Il avait fui l'école et on ne l'avait plus revu. Il avait, cependant, laissé un mot à son hibou qui avait été envoyé à Hermione pour lui dire de ne pas l'oublier et qu'il comptait bien se venger.

Le professeur Rogue s'efforçait de la surveiller en dehors des cours particuliers sans qu'elle ne le remarque au début. Il veillait à ce qu'elle assiste au repas et qu'elle mange correctement quitte à rajouter par des sorts informulés des choses dans son assiette ou à augmenter les maigres quantités qu'elle se servait. Au bout d'un moment, la Gryffondor, loin d'être dupe, avait bien remarqué son manège mais conservait un air las et résignée, toutefois cela lui arrivait de lancer quelques fois des regards noirs quand il se préoccupait un peu trop de son alimentation à son goût. Mais chacun de ses regards était accueilli par un rictus et un mouvement de tête l'incitant à manger. Il s'amusait clairement de son mécontentement et de ses réactions. Tout ce qu'il voulait était une réaction de sa part n'importe quoi.

Il avait également mis au point des potions différentes afin de favoriser son sommeil et diminuer ses cauchemars tout en s'efforçant de réduire les risques d'accoutumance. Ils faisaient souvent un point pour vérifier qu'elle dormait mieux mais le bon dosage n'était visiblement pas encore au point. Il lui arrivait encore souvent de faire des insomnies suite à ses cauchemars. Ils avaient alors établi une sorte de rituel : si les pensées étaient trop envahissantes et qu'elle ne parvenait à dormir, elle devait prendre un livre qu'il avait au préalable choisi. Ce livre envoyait un signal au professeur qui lui indiquait un lieu où elle pouvait se rendre, généralement il s'agissait de sa salle de cours mais parfois, ils se voyaient au sommet de la tour d'Astronomie. Le principe était semblable aux galions qu'Hermione avait créer pour l'armée de Dumbledore au cours de sa cinquième année, ce qui avait impressionné son professeur. Là, ils discutaient pendant des heures, de n'importe quel sujet afin de chasser les images qui la hantait et parfois, elle finissait par s'endormir d'épuisement et à de rares occasions le professeur s'assoupissait également.

Il avait également trouvé un malin plaisir à la faire réagir, il voulait trouver un prétexte pour pouvoir provoquer un engouement chez la jeune femme. N'importe quoi, du moment qu'elle réagissait et qu'elle sortait de son humeur morose. Suite à de nombreux essais, il avait finalement opté pour la provocation, aussi, à de nombreuses reprises, il lui lançait des remarques sarcastiques auxquelles il lui arrivait de répondre avec virulence et il s'en réjouissait intérieurement à chaque fois.

****

Hermione se réveilla en sueur et en larmes encore une fois. Elle tenta de se calmer et de respirer mais les images tournaient en boucle dans sa tête. Sans vraiment réfléchir, elle agrippa le livre posé sur sa table de chevet et le serra fortement.

Dans son salon, le professeur Rogue, qui n'en menait pas large concernant le sommeil préférait largement s'occuper l'esprit avec un livre plutôt que de tenter de dormir. Il fut presque soulagé de voir le livre scintiller sur sa table basse devant lui. Il le prit et actionna le sortilège associé lui indiquant sa salle.

Ils se retrouvèrent tous les deux dans sa salle et il la conduisit vers ses appartements. Il lui avait au préalable expliqué qu'il s'agissait là d'un privilège d'accéder à son espace de vie, que jamais elle ne devrait le mentionner. Il avait pris un air menaçant mais elle était beaucoup trop loin pour le craindre ou penser à explorer l'intimité de son professeur. Il l'invita à s'asseoir sur son canapé pendant qu'il lui tendit une tasse de chocolat chaud et qu'il s'assit sur son fauteuil en face. Après un long moment où il attendait qu'elle se calme, elle se recroquevilla dans sa cape et ne cessait de s'excuser de le déranger au beau milieu de la nuit. Il ne répondait jamais, si ce n'est que ce n'était rien. Jamais il n'avouerait qu'il préférait largement s'occuper de ses cauchemars à elle plutôt que d'affronter les siens. Il l'observa du coin de l'œil et se risqua à lui demander.

- C'était quoi cette fois-ci.

Elle resta un long moment silencieuse, à fixer le vide puis reprit d'une voix tremblante cherchant à éviter de répondre.

- Vous semblez toujours préparé à ce que je débarque en me donnant cette tasse vous savez. Je ne vous imaginais pas boire du chocolat chaud à vrai dire.

Bien sûr qu'elle ne répondrait pas. Fierté de Gryffondor oblige. Il prenait l'habitude lors des nuits d'insomnies de se préparer une tasse de chocolat chaud en faisant fondre du vrai chocolat. Une vieille habitude qu'il avait hérité de sa mère qui lui en préparait lorsqu'il n'était pas bien étant enfant. L'un des seuls souvenirs heureux et réconfortants de sa sombre enfance. Il est vrai qu'il prenait l'habitude désormais d'en faire une à Granger au cas où. Apparemment c'était à son tour de détourner le sujet de conversation.

- De quoi voulez-vous parler ce soir ?

Intriguée à son tour du changement de sujet elle pensa à un sujet possible à aborder. Elle pencha la tête sur le côté et posa la question qu'elle se posait chaque fois qu'elle voyait le livre qui lui permettait de le contacter.

- Pourquoi ce choix de livre par exemple, je ne peux pas croire que vous ayez pris un livre au hasard.

Il émit discret rire nasal et contempla le livre qui leurs permettaient de se retrouver ici, si souvent, trop souvent.

- Le petit Prince est un des seuls livres de mon enfance j'ai pensé qu'il serait assez discret dans ce monde pour que personne ne se doute de quoi que ce soit.

- Je vois, vous ne parlez jamais de votre enfance.

- En effet. Répondit-il de façon à couper la conversation.

Ils restaient quelques instants à discuter de ce célèbre livre moldu « Le Petit Prince » et il remarqua que son élève commençait à somnoler, il resta quelques instants afin qu'elle puisse s'endormir vraiment profondément et une fois qu'il constata que sa respiration était calme et profonde, il la fit regagner son lit grâce au sortilège du livre.

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