Chapitre 6

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La professeure était déjà là, assise sur sa table à lire un livre en attendant que tous les élèves ne s'installèrent. A la place de ses cheveux se tenaient des plumes beiges très pâles. Je m'étais toujours demandé son âge mais je n'arrivais pas à le déceler, comme la plupart de nos espèces. Son corps n'était ni jeune, ni âgée. Jusqu'à ce que, épuisé, le corps vieillisse d'un coup.

Au bout de quelques minutes, elle commença son cours sur l'histoire des thérianthropes et autres changeformes.

Les thérianthropes étaient différents des changeformes. Pour commencer, ils étaient liés à la lune et pouvaient se transformer partiellement ou entièrement en animal et il en apprenait l'instinct, tandis que les changeformes n'avaient pas l'influence de la lune et pouvaient prendre n'importe quelle forme animale, sauf qu'ils mutaient toujours entièrement. Ensuite, les changeformes n'avaient pas l'instinct animal. Mon amie Katie, quant à elle, était un mixe entre les deux : mi changeforme, mi thérianthrope. Elle pouvait muter partiellement seulement et en un seul animal. Son comportement s'approchait de celui du chap et captait son instinct mais n'était pas influencé par la lune.

Les thérianthropes descendaient des changeformes. Une malédiction avait transformé ces derniers et les avait emprisonnés du pouvoir de la lune. Mais avec le temps, les thérianthropes avaient acquis le savoir-faire et l'éducation qui rend la lune non plus un astre malveillant, mais une collègue qui nous prête sa force.

Lorsque le cours fut terminé, nous nous rendîmes à la cafétéria : notre lieu de chasse à l'homme et à la nourriture. Dans une journée, nous passions plus de temps ici que dans les salles de classes. Il y avait le coin détente où on s'amusait ou flemmardait, le coin bruyant où se hélaient débats et blagues, et le coin silencieux où les gens travaillaient. Après, il y avait le réfectoire dans l'autre bâtiment à l'entrée du campus, mais entre les heures de cours, nous préférions la cafète.

Je commandais un bon steak saignant - miam !-, et nous nous assîmes à une table ronde pouvant accueillir quatre personnes.

– Il est bon ton bœuf ? me demanda Katie tandis que je croquais à pleine dents dans ma viande bien juteuse.

– Ouep, et toi, ta pâtée pour chat ?

– La ferme, ronchonna-t-elle, les joues roses.

Je ris, fière de ma boutade. Sa gêne oubliée, elle me donna un coup de coude et me dit :

– Il est là, on commence la chasse ?

Je me retournai et vis le beau prof de ce matin faire la queue pour déjeuner.

– Bonne idée.

Je me levai et comme tout le monde, fis la queue. Quelques garçons devant moi se retournèrent, humèrent discrètement dans ma direction et quittèrent la file. Maudis Tarik qui avait mis son odeur partout sur moi ! Si le prof fuyait, j'aurais sa peau !

Au moins, maintenant, nous étions justes derrière le bel homme qui attendait son tour comme tout le monde. Alors que j'étais hypnotisée par ses omoplates qui saillaient légèrement sous son T-shirt, il fit volteface, narines dilatées et m'observa à demi d'un regard vague.

Interloquée, je dis avec peine :

– Julian ? Tu veux connaître la marque de mon parfum ?

– Non. Justement, il m'indispose, répliqua-t-il avec froideur.

Rougissante de honte et de rage – comment osait-il ? - je lui servi un sourire peut amène. C'est alors que ses pupilles dilatées retrouvèrent leur lueur habituelle. Il regarda autour de lui, comme perdu, avant de se détourner et passa une main nerveuse dans ses cheveux noirs.

DÉMASQUE-MOI... si tu peux {en pause}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant