DÉMASQUE-MOI... si tu peux {en pause}

Chapitre 11

Je regardais tous les visages figés en photos qui me faisaient face et me demandais lequel serait à mon goût.

Je soupirais. Je n'avais malheureusement pas le temps pour ça ce soir.

Bon, qui avait la carrure d'une crevette dans tous ces candidats ? Ma liste se réduisit encore un peu. Mais il me restait encore un bon demi-millier de visages.

Ses cheveux étaient sombres, il était plein de vie, et il était encore jeune. Je virais donc tous les prétendants ayant passés la fleur de l'âge.

Deux-cents... Et ensuite ?

Tarik s'assit à mon côté avec nos assiettes et je décidais de faire une pause. Ayant envie de croquer mon beau morceau à pleines dents, je mutais, non sans grimacer, toujours vêtue de ma robe. Elle craqua un peu, mais ça m'était totalement égal, là, maintenant.

– Attention, hein, m'avertit le loup. Ne griffe pas le canapé, j'y tiens.

Je levais les yeux au ciel. Je reniflais un bon coup et fourrais la viande toute entière dans ma gueule qui mâchonnait dans le bonheur.

– Quelle éducation... ralla mon ainé. Regarde-moi.

Je m'exécutais et il joua avec mes bajoues remplies qu'il pressa, ce qui fit sortir le bout de ma langue. Il me dévisagea, jeta un coup d'œil à ma robe... sa bouche frémit, et, n'y pouvant plus, il éclata de rire.

Bon, ok. Une panthère, la gueule pleine, en petite robe rose, maltraitée par son frangin... Je voyais le tableau. Et non, je ne devais pas rire ou j'allais m'étouffer ! Alors je me concentrais et mâchais avec énergie ce bœuf savoureux.

Je finis par avaler et sentis mon steak descendre peu à peu. Mais, j'avais encore un peu faim.

Tarik riait encore quand je zieutais vers son morceau intacte. Gnéhé.

Je mordis dedans, heureuse, puis le silence se fit. Tient, il ne riait plus ?

Je tournais la tête vers lui et me retrouvais truffe à truffe avec un loup. Gloups.

Il posa délicatement ses dents sur sa viande, au ralenti, et nos museaux se touchèrent. Ses yeux étillèrent. Puis, il tira d'un coup sec. Mais je résistais. J'avais encore faim... et très envie de jouer.

Il gronda. Je rugissais entre mes dents.

Il tira de nouveau, fort, et je fis de même. C'est alors qu'il secoua la tête et la viande se déchira. Sans plus aucune résistance, je basculais en arrière et me retrouvais sur le lino, les coussinets en l'air. Mais peu m'importait, j'avais remporté un bout de bœuf que je dégustais.

Puis je regardai autour de moi. Comme je le pensais, du sang qui avait volé. Je trottais à la cuisine, bus une gorgée d'eau à l'évier puis je léchais les goutes sur le canapé de ma langue râpeuse. Quand mon travail fut terminé, je bondis et m'assis sur le canapé, détendue. Tarik me rejoint et me lécha la truffe. Et je compris qu'il allait me toiletter. Oh oui... encore mieux que les gratouillis derrière les oreilles. Il arracha ma robe et je m'allongeais de tout mon long sur le flan, prête pour cette longue séance de béatitude.

Ce que je l'aimais ce Tarik, toujours prêt à tout pour sa petite sœur... louveteau gâteau.

J'étais si gâtée.

Quand il termina, je soupirai. Il fallait que je me remette au travail. Je grommelai. Il me regarda, interrogatif, et je montrais mes feuilles de la patte. Je les mis sur l'accoudoir et regardais tous ces visages. Tarik s'allongea contre moi et bailla. Moi aussi, j'avais envie de dormir... Mais je devais réfléchir encore un peu. J'avais senti son odeur à l'école. Plusieurs fois et en pleine journée. Il ne devait donc pas être un commerçant. Il me restait le choix entre les employés de la restauration, les employés administratifs, les agents de surface, les professeurs et les élèves. Je rayais les autres en sachant toutefois que j'avais peut-être commis une erreur et qu'il se trouvait parmi tous ceux que je rayais depuis le début. Il me restait une petite centaine de candidats.