5/ Comprendre

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3 septembre : Rentrée

     Je me détournais de Mick, resté planté dans le couloir, pétrifié

  Je me détournais de lui sans un regard en arrière. 

  Oui, c'était mieux comme ça. 

   Je me détournais de mon meilleur ami. 

  Je laissais Mick. 

    Retenant la bile répugnante me montant instantanément à la gorge, je me contraignais à ne pas broncher et à ne laisser transparaitre aucun sentiment sur mon visage. 

  Au lieu de cela, je plantais mes yeux dans les siens. 

    Dans ceux bruns et fous, ceux de mon nouveau tuteur légal. 

  Mais aussi celui qui, à mon plus grand désespoir, demeurait mon psychologue scolaire. 

  Et accessoirement le taré de Guetteur qui a installé toutes ces caméras dans notre lycée, dans l'unique but de m'espionner moi. 

   Et celui qui avait tiré. Celui qui'avait...

  À cette pensée, un flot incontrôlable d'émotions me traversa. 

   Mais comme j'en avais désormais l'habitude, je n'y prenais pas garde et les repoussais toutes sans exception. 

 Je n'avais pas le temps pour ça. 

  J'avais déjà perdu trop de temps, et les conséquences avaient été irréparables

    Cela ne devait plus se reproduire. Plus jamais. 

 Alors j'intervenais, et tentais de m'imposer dans ce jeu dont je ne connaissais toutes les règles. 

  J'interpellais M. Teki d'une question : 

      - Vous vouliez me voir ? 

Regarde moi. Pose tes putains d'yeux sur moi. Maintenant. 

    Lentement, il détourna son regard minutieux du couloir, et le posa sur moi. 

   Je relevais le menton, mais je sentais que mes mains étaient moites. 

      - Hm... oui... songea-t-il avant de se reprendre aussitôt. Oui, oui c'est cela ! Suis moi, nous avons à parler. 

  Étrangement, je sentis mes épaules se décontracter légèrement, geste infime mais déjà dangereux s'il s'en apercevait. J'étais soulagée, mais il ne devait pas s'en rendre compte. 

   Alors que je me dirigeais droit dans une salle vide avec ce monstre, me précipitant sûrement dans un de ses nouveaux pièges, j'étais soulagée ?

Oui, parce que ce faisant, nous nous éloignions de Mick. 

  Si M. Teki le fixait et analysait chacune de ses réactions quelques secondes auparavant, je l'avais enfin distrait pour le soustraire à sa surveillance

Micker ne devait pas faire de vagues. Pour son propre bien. 

 Et je ne devais pas me retourner dans ce couloir. 

Le Jeu T2 : AliveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant