Lorsque j'aperçois son visage, je reste bouche bée. Il me faut quelques instants avant que le moindre mot sorte de ma bouche et tout ce que j'arrive à dire c'est son prénom.
– Jack ? Pourquoi est-ce que tu me suis ? A mes mots, il se raidit et il écarquille les yeux.
– Te suivre ? Je- je suis désolé Eleanor mais j'emprunte juste, par pur hasard, le même chemin.Je me sens tellement bête mais en même temps, quelles sont les probabilités pour qu'il prenne le même chemin que moi ?
– Ceci dit, j'aimerais quand même m'expliquer quant au fait de ne pas t'avoir donné signe de vie. Autour d'un café, ça te dis ?Un café ? Avec lui, devant une grosse partie des élèves de ma classe ? Qu'est-ce qu'ils vont s'imaginer ?
Oh et puis merde Eleanor ! Tu as vu le temps ? Évidemment que tu vas accepter ce café et, en prime, avoir les réponses aux questions qui t'empêchent de dormir depuis votre rencontre.
– Oui, j'ai besoin de réponses mais aussi de me réchauffer. Lui dis-je tout en frottant mes mains, l'une contre l'autre.J'accepte son invitation uniquement dans le but de me réchauffer, pas de le pardonner.
Nous nous dirigions alors vers Albert Memorial Kiosk, un petit café sympathique pas très loin de l'école.
Nous nous asseyons à une table et un serveur vient prendre notre commande.
Il nous salue poliment et sors un petit calepin de la poche de son tablier en cuir marron.– Un moka caramel s'il vous plaît. Tout en répondant à l'unisson, nous nous regardons les yeux dans les yeux.
Ils m'hypnotisent, la couleur émeraude de ses iris s'encre dans les miens et pendant le temps où le serveur part préparer notre commande, aucun de nous ne parle.– C'est ma boisson préférée. Avoué-je en jouant avec la cuillère posée dans ma tasse.
– La mienne aussi. Eleanor... je te dois des explications.
– Oh oui...Monsieur Evans.
Le fait que je l'appelle par son nom de famille le fait écarquiller les yeux et ça me fait sourire.– Nous sommes en dehors de l'école. Tu peux m'appeler Jack.
– C'est assez étrange étant donné que maintenant tu es mon professeur.Il rit. C'est un rire grave mais si doux à la fois que ça me rappelle lorsque nous étions tout les deux il y a quelques mois.
– Je sais... Enfin, la raison pour laquelle je ne t'ai pas appelé c'est que-.
Nous sommes coupés par une sonnerie de téléphone. Je fixe mon portable qui est posé sur la
table mais ça ne vient pas du mien.
Il plonge la main dans la poche de sa veste et en sort l'objet qui nous a interrompu.– Je dois répondre, excuse-moi.
Il se lève de sa chaise en vitesse et décroche.
Pendant ce temps, je fais tournoyer la cuillère contre les bords de ma tasse. Le liquide a l'intérieur tournoie encore et encore, si fort que je crois qu'il pourrait sortir de son contenant.
Je souris à la pensée de mon père, il y a quelques années lorsque j'étais encore une enfant. Nous nous asseyons dans un petit café sur King's Road et je faisais tourner mon lait chaud dans ma tasse comme aujourd'hui. Il me demandait d'arrêter presque toute les cinq minutes mais je continuais, encore et encore et ça le faisait sourire.
Je sors de mes pensées quand Jack se rassied face à moi. Il plonge a nouveau sa main dans sa poche et en sort un papier puis le pousse dans ma direction.
J'hésite un instant puis, tends a main vers cette feuille repliée sur elle même au moins quatre fois. Lorsque je la prends enfin et la déplie, mon cœur bat à tout rompre.Qu'est-ce que ce fichu bout de papier peut bien contenir comme information pour qu'il ne me le dise pas de lui même ?
Lorsque que je lève la tête vers lui, je le sens mal à l'aise. Ses yeux sont rivés sur sa tasse de café et il passe une main nerveuse dans ses boucles brune.
Cette situation est étrange et ne me plaît pas forcément, mais je doit tout de même avouer qu'être en sa compagnie m'avait manqué, même si ce n'était qu'une soirée.
J'entreprends alors de déplier ce papier et lorsque je pose les yeux sur son contenu, mon cœur loupe un battement.
Une photo. Une simple photo.
C'était ce jour là, il y a six mois dans la galerie où nous nous sommes rencontrés. Le seul soucis, c'est que ce n'est ni lui, ni moi qui avons pris ce cliché.
Dessus, nous sommes de dos, sa main est posée dans le creux de mon dos et on pourrait croire un petit couple en date dans une galerie d'art.
Sauf que je ne comprends pas, pourquoi me la montre t-il ? En quoi est-elle la cause de son silence ?
Lorsque je relève la tête et que mes yeux croisent les siens, une drôle de lueur y brille.
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The Art of Love : RÉÉCRITURE
RomanceEleanor 21 ans, intègre le prestigieux Royal Collège of Art de Londres contre l'avis de sa mère, une célèbre avocate Londonienne. Une vie banale, bousculée lorsqu'elle se fait kidnappée par celui qui l'aime depuis toujours. Eleanor devra alors assum...