Sois à moi.

6.

"Elle m'a bloqué !" Je crie, surprise, en regardant mon téléphone.

Florence soupire. "Bon sang, Lucile ! Ça fait deux semaines, passe à autre chose !"

"C'est ma femme !"

"Plus maintenant et je suis désolée". Florence dit lentement.

"Je n'arrête pas d'y penser." Je soupire. "Et ce n'est pas comme si je pouvais occuper mon esprit."

"Tu peux, si tu acceptes de revoir Scarlett et de commencer un travail pour elle."

"La revoir ? Après ce qui s'est passé la dernière fois ?" Je demande. "Non, merci."

"Pourquoi pas ? Elle s'en fiche, et en plus elle ne peut pas trouver quelqu'un d'autre, donc tu es sa seule option."

"Je ne veux pas faire autre chose, je dois la récupérer."

"Ou... passer à autre chose ?" demande Florence.

Je soupire. "Comment ?"

"En menant une vie normale, comme tu le faisais avant". Florence répond.

Je soupire sans répondre, je sais que Flo a raison. Cela fait deux semaines et je ne sais plus où donner de la tête. J'en veux à Alicia d'avoir rompu avec moi, de me reprocher ma dépression et ma bipolarité, mais ce n'est pas de ma faute.

Elle ne sait pas ce qui s'est passé, personne ne le sait. Personne ne peut comprendre.

Alors je reste tout le temps chez Florence, ce qui m'ennuie un peu. Ce n'est pas que je n'aime pas vivre avec Florence, c'est ma meilleure amie, mais j'ai l'impression que je ne devrais pas être là. Elle devrait pouvoir vivre comme elle l'entend, inviter quelqu'un, ou autre, mais à cause de moi, elle ne le peut pas.

Je dois faire quelque chose pour ne pas gâcher sa vie. J'ai déjà gâché beaucoup de vies, je ne veux pas lui faire subir ça.

Et pendant que je réfléchissais... beaucoup, mon téléphone a bipé. Ça m'a surprise, parce que... ce n'est pas comme si j'avais beaucoup d'amis et que j'avais appelé ma fille ce matin. J'ai ouvert le texto et ça disait.

« Bonjour, ça va ? Florence m'a dit qu'on devrait sortir ensemble comme la dernière fois et aujourd'hui... mais je voulais m'assurer que tu te sentes bien pour sortir ? »

C'est Scarlett. Je ne l'ai pas vue depuis deux semaines, même si on s'envoie quelques textos, elle voulait juste prendre de mes nouvelles, ce qui est très gentil de sa part et je l'apprécie déjà pour ça.

« Je suis en vie et je respire, c'est une bonne chose, non ? Et toi ? On peut traîner ensemble, oui. Mais pas dans un lieu public, au cas où elle serait ici avec son... connard ? »

« Je dirais que c'est plutôt une bonne chose. Ça va, merci. Bien sûr, Florence m'a dit que tu avais ton propre endroit où tu prenais des photos, peut-être que ce serait bien de se voir là-bas ? »

« D'accord, pourquoi pas. »

« C'est super. Mon fils sera là, c'est un problème ? Je ne veux pas qu'il soit seul à la maison. »

« Non, c'est bon. Il peut être ici, tant qu'il ne brûle pas l'endroit, il est le bienvenu. A quelle heure ? »

« Dans deux heures ? »

« Noté. On se voit là-bas, Scarlett. »

« D'accord, au revoir. »