Cœur Brownie

Conseils et préparatifs

-Alors comme ça, tu vas aller chez des inconnus pour visiter une yourte ? Me lance Chocolat le mercredi matin.

-Mais non Choco, t'as r-i-e-n compris !

-Mais si, j'ai compris je te taquine ! C'est juste que... je suis étonnée que toi, ma petite et timide  Brownie, tu veuilles bien suivre ta mère chez des gens que tu ne connais pas !

-Oui, c'est vrai que d'habitude j'ai un peu peur de rencontrer des gens. Mais j'ai décidé de faire preuve de courage !

-Et tu vas voir ce Cookie ? Le garçon je veux dire, pas le gâteau...

-Oui. Mais c'est juste un garçon, je ne vois pourquoi tu en fais tout un fromage !

-Parce que tu m'abandonne, répond t-elle avec un air faussement déchiré. Je vais devoir passer mon après-midi seule, ô pauvre de moi, je suis rejetée par tous !

Je lui lance un coup de coude en riant.

-Mais t'as fini tes jérémiades, oui ?! Espèce de menteuse, je suis sure que tu vas avoir un après-midi rempli de gens et d'activités !

-Je ne sais pas comment je vais m'organiser, mais oui, certainement !

La cloche se met à sonner, interrompant notre conversation. Choco réajuste son uniforme, qu'elle desserre toujours entre les cours pour être plus à l'aise, et nous nous dépêchons d'entrer en classe. Je me contente d'un vague « bonjour » à l'adresse de mes camarades, tandis que Choco salue chaleureusement ses autres amis. Puis nous allons nous asseoir côtes à côtes au moment où le professeur rentre.

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À cause, ou plutôt grâce, à un professeur malade, nous finissons les cours à midi. J'avais emporté ma lunch-box, comme d'habitude, mais je décide plutôt de rentrer à la maison pour manger avec maman (qui ne travaille pas aujourd'hui), et papa (qui rentre toujours manger à midi).

Avant de partir, je discute avec ma meilleure amie dans la cour du lycée :

-Bon, tu me raconteras ? Me demande t-elle.

-Oui, oui.

Soudain, je ne me sens plus trop l'envie d'y aller. J'ai décidé ça sur un coup de tête, en me persuadant que j'accomplissais un acte de courage. Je n'ai pas réfléchi aux conséquence, et maintenant, quand j'essaye de m'imaginer ce qu'il va se passer, je ne vois que des catastrophes.

J'ai peur de m'ennuyer, quand ma mère et son amie Alison discuterons. J'ai peur d'être trop timide une fois là-bas. J'ai peur...

-Choco ? Je demande d'une petite voix. En fait je n'ai plus trop envie...

-Ah, ça devait arriver, dit elle en levant les yeux au ciel d'un air exaspéré. Puis elle me prend par les épaules et prend un air plus grave et plonge ses yeux dans les miens :

-Écoute : Je sais que tu regrettes d'avoir pris cette décision à la légère. Parce que cet après-midi, tu ne sais pas ce qu'il va se passer, c'est l'inconnu. Et ça fait peur, l'inconnu ! Je le sais, car moi aussi je prends souvent des décisions à la légère.

-Oui mais toi, je l'interromps, tu es à l'aise !

-Je suis à l'aise parce que j'ai appris à me confronter, justement. Moi aussi j'ai un peu peur à chaque fois que j'accepte d'aller à une fête alors que je ne connaissais personne. Mais j'y vais quand même, parce que je n'ai rien à perdre. Je me force un peu au début, et au final, tout le monde est comme moi ! Alors je rencontre des gens, et, quand je repars, je suis heureuse, et je ne regrette rien. Parce que si je n'y avait pas été, je n'aurai rien fait. C'est comme ça dans la vie, pour tout : tu dois avancer. Parfois te te trompes, mais ça te fera toujours des expériences pour l'avenir. N'ai pas peur d'avancer, Brownie.

Je souris. Heureusement que j'ai ma Choco pour me parler comme ça, des fois. Le calme est revenu en moi.

-Merci, je réponds dans un souffle imperceptible.

-T'inquiète ma Brownie, tu peux toujours compter sur moi pour ce genre de choses ! Allez, file maintenant !

-Bisou Choco, à demain !

-À demain !

Et je me hâte vers ma maison.

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Lorsque je rentre, maman et papa sont tout étonnés.

-Mais, tu rentres tôt !

-Ouais, Mr Bones est malade ! Donc je suis rentrée pour manger avec vous !

-Bon, bah super pour toi alors, ça te fait un cours de moins ! Dit papa, qui n'aimait pas l'école quand il était petit.

-Par contre, lance maman, si tu veux manger avec nous, tu dois contribuer : va mettre le couvert !

Je m'exécute joyeusement, et en un rien de temps nous passons tout les trois à table.

-Bon, dit maman entre deux bouchées. Cet après-midi on va aller chez Alison, hein Brownie ? Elle a dit qu'elle serait ravie que tu viennes aussi !

-Oui, oui, je réponds, plutôt concentrée sur mon repas.

-Mais j'aimerai bien qu'on n'y aille pas les mains vides, continue maman. Et si on allait acheter les chocolats avec les jolies boîtes que tu avais pris avec Choco ?! Les trois que tu m'avais mis de coté étaient délicieux ! Et en plus, ils sont bio et équitables, c'est parfait !

-D'accord. On les a achetés en ville, dans une nouvelle chocolaterie. Je te montrerai où c'est !

-Super, conclut-elle. On ira après manger.

Nous arrivons donc vers quatorze heures devant la fameuse boutique.

-Chocolaterie pâtisserie « Les délices de Léon », lit maman sur la devanture.

-Le gérant doit s'appeler Léon, dis-je. D'ailleurs, il a une tête à s'appeler Léon. Entrons, tu vas voir !

Maman pousse la porte et le même homme que la dernière fois nous salue.

-Bienvenue. Vous souhaitez quelque chose ?

-Ma fille m'a fait goûter ces chocolats, dit ma mère en désignant l'étagère de La boîte de chocolat. Et ils sont délicieux ! Je voulais en prendre pour apporter chez une amie.

-Bien sur, répond aimablement le vendeur. Vous pouvez voir qu'il y a une grande variété de parfums : Choisissez ce qu'il vous plaît !

-On peut reprendre un assortiment, je propose.

-Oui, on va prendre ça.

Maman regarde les différentes boîtes et en choisi une. Puis elle la paye en échangeant des banalités avec le commerçant, et nous ressortons.

Dès qu'on est un peu éloignées, maman me glisse sur le ton de la confidentialité :

-C'est vrai qu'il a une tête à s'appeler Léon, ce bonhomme !

Et nous rions toutes les deux.