Chapitre 7 (A.A)

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La victime et le prévenu sont normalement appelés un à un, l'accusé en premier qui est escorté à sa place respective, c'est à dire en face de l'estrade en U qu'utilise les jurés.

- Kace Salvatore est prié d'entrer dans la salle ainsi que son avocat.

Le prévenu prend absolument tout son temps pour venir s'asseoir sur la place qui lui est attribuée de manière presque blasée.

Il n'est d'ailleurs pas si loin de ça de moi, la table du greffier de trouvant du côté de la défense, mais il est soit dos à moi soit trop de profil pour que je voie son visage. C'est un homme grand a la musculature athlétique qui semble parfaitement à l'aise dans son costume taillé sur mesure. Le tissu est profond, qualitatif. Riche. 

Il s'affale presque sur la chaise comme s'il avait la flemme de regarder devant lui avant d'enfin corriger sa posture et d'inspecter les spectateurs en les toisant presque.

Puis il reprit sa pose ennuyée, la tête presque posée sur la table devant lui. Drôle d'attitude. C'est qui ce mec ? Il agit comme s'il était dans une salle de cours en cours de maths dans les places du fond. Sauf qu'il est l'accusé, et qu'il est en fait au milieu de la salle, et du procès de même.

- Marcus Lemercier est prié d'entrer dans la salle ainsi que son avocat.

Du côté de la défense, qui est quelques mètres plus loin de moi s'assoit le dénommé Marcus Lemercier : un homme quelconque, plus que banal, gris sous tous les aspects, et surtout on voit qu'il s'est fait tabasser ce qui lui a donné de gros hématomes, des dents manquantes ainsi qu'un œil au beurre noir et la peau boursoufflée.

Sinon en dessous, il a des traits si génériques que je ne me rappellerais jamais de son visage dès que je quitterai la salle. Seule autre chose notable, une lueur malveillante dans ses yeux brille comme le regard d'un prédateur. Je me retiens de frissonner de dégoût.

Le Président commence à énumérer les éléments du dossier, et commence très rapidement à questionner la victime de l'affaire, lui demandant de confirmer ou corriger les faits.

C'est à ce moment là que je vois chez l'accusé la courbe de sa joue se mouvoir en un sourire mauvais alors qu'il observe la victime qui affirme avoir eu une relation sexuelle consentie avec la sœur de l'accusé, et affirme s'être fait taper dessus pour rien.

Il s'agissait donc de vengeance ? Je m'empresse de tenir compte et de noter les paroles échangées comme me l'a indiqué Mme Alleney, qui semble avoir le même pli d'inquiétude au front que son mari. Ils ont presque les mêmes expressions de visages, c'est donc ça le mariage ? On devient la copie conforme de son conjoint ?! A l'aide.

Relevant la tête de mon dossier, je croise le regard de l'accusé et je distingue enfin son visage. Il a une jolie couleur d'yeux, peut être verts ? Ou gris ? Je suis près, mais pas assez pour savoir. Sa mâchoire pourrait couper, tellement ses traits ont l'air délicatement ciselés.  

Son visage fin est encadré de soyeuses boucles, et alors que je tente d'analyser le personnage que j'ai en face de moi je croise son regard et y voit quelque chose dedans, sans pouvoir déterminer ce que c'était avant qu'il ne détourne le regard comme si de rien n'était vers une jolie blonde, que je présume être sa sœur accompagnée d'un homme brun assis dans le « public ».

C'est un bel homme, il est même très bien foutu dans son costume avec ses larges épaules, c'est indéniable. Mais même l'œil quelconque est capable de voir qu'absolument aucune once de remord ou de culpabilité n'émane de lui. C'est même le contraire, son sourire est satisfait des dégâts causés à Marcus Lemercier. Tout dans son attitude montre qu'il ne prend pas vraiment au sérieux la situation dans laquelle il est, mais qu'il pourrait faire pire d'une certaine manière, qu'il se retient quand même. Une intuition me souffle que la blonde doit y être pour quelque chose. Elle est peut être l'une des rares personnes qu'il doit daigner respecter.

Je parcours la salle du regard : étrangement, la plupart des personnes présentes ont un air accusateur, voire même sombre. Je ne sais que penser de ce procès, et de toute façon on ne me demande pas d'y penser, je ne suis pas une des jurées qui prononcera coupable l'accusé.

Mais tout de même. Au rythme auquel avance la découverte d'éléments, je suis prête à parier que le Lemercier est coupable de viol sur la sœur de Salvatore.

Mr Salvatore est appelé à la barre et l'homme a l'attitude suffisante prend étonnement un certain temps pour se lever. Ajoutant un détail dans mes notes, je relève la tête pour le voir me fixer. Avant de m'accorder un sourire confiant.

Je ne peux retenir une grimace. Qu'est-ce qu'il veut celui-là ? Il a pas ses repères temps-lieu pour draguer apparemment. Mignon, mais j'ai d'autres choses à faire très franchement.

Comme rapporter absolument chaque détail de l'audience, ce que je reprends donc en me préparant d'avance à écrire les questions et réponses échangées.

Le président commence donc rappeler à l'accusé ce qui lui est reproché, et pour un moment ce procès bizarre hyper protégé redevient un peu normal et me redonne l'impression de familiarité que j'ai d'habitude lors des procédures routinières.

- Monsieur Salvatore, commence le juré, vous affirmez avoir battu Monsieur LeMercier car celui ci avait eu une relation sexuelle non consentie...

- Sauf tout mon respect Monsieur le président, l'interrompt Kace Salvatore , je ne vais pas me défendre, témoigner ni me justifier de mon acte. C'est un viol, cet homme a violé ma soeur dans d'horribles circonstances et je pense que pour ce crime seule la mort est envisageable comme punition, or actuellement il respire encore... malheureusement.

Suite ces révélations mon souffle est saccadé tandis que mes battements de cœur accélère, je tente de calmer ma respiration afin de passer inaperçu et d'éviter une énième crise d'angoisse. Pas ici pas maintenant.

Chut Aeryn, ma belle ne pleure pas .

Il est partout , tout le temps.

Tandis que j'essaye de me calmer en cachant mon visage à travers mes boucles, je constate que la salle se transforme en concert de soupirs choqués et indignations. Suite à cela je note avec mes mains tremblantes ses paroles audacieuses, voire prohibées en ces lieux considérés comme ceux de la Justice Suprême. Je relève la tête pour rencontrer encore une fois le regard de ce Kace Salvatore.

Il venait de se mettre (enfin lui et son avocat) dans la merde et pourtant il me regardait. Je hausse un sourcil, sceptique, bien qu'au début surprise.

Il a vraiment mieux à faire dans le moment, parce que je ne vois pas comment il est censé s'en sortir alors qu'il clame presque avoir prémédité sa tentative d'homicide, honnêtement.

—*ೃ༄—

HEY

Disclamer : on ne drague pas lors d'un procès.
Quoi que..?

BISOU MES STARS. MERCI !! 🫶🏽🫶🏽

AMOROù les histoires vivent. Découvrez maintenant