Des fleurs pour Algernon. David Keyes

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Alors avant de commencer, cet avis contiendra des informations sur l'intrigue et la fin du roman alors pour ceux qui ne l'ont pas encore lu : allez le lire et revenez plus tard  ! ( Et excusez moi d'avance car cet avis sera plutôt déstructuré.)

"Je suis un être humain, une personne, avec des parents et des souvenirs et une existence - et je l'étais avant que vous me poussiez sur un chariot dans la salle d'opération !"

-Algernon est une souris de laboratoire dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l'intelligence. Enhardis par cette réussite, les deux savants tentent alors, avec l'assistance de la psychologue Alice Kinnian, d'appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d'esprit employé dans une boulangerie. C'est bientôt l'extraordinaire éveil de l'intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l'amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jour, les facultés supérieures d'Algernon déclinent. Commence alors pour Charlie le drame atroce d'un homme qui, en pleine conscience, se sent retourner à l'état de bête...-

Alors... ce livre est magistrale. Il n'y a pas d'autre choses à dire.

Ce roman m'a d'abord un peu décontenancé puisqu'il est abordé sous l'angle de vue de Charlie, que l'on a poussé à raconter son expérience par des compte-rendu réguliers, avec ses propres mots. Les 10 premières pages sont donc bourrées de fautes d'orthographe ... avant qu'il subisse l'opération et que ses écrits deviennent plus propre jusqu'à devenir exceptionnel à l'apogée de son intelligence puis redevienne bourrée de faute quand il se verra décuplée de son immense intelligence. Et ce que j'ai trouvé magnifique c'est le mot intelligence que au début il écrit : un telligence puis il finit par bien savoir l'écrire et à la fin du roman il le réécrit : un telligence et voir ça, ça m'a boulversé. Je ne saurais pas dire pourquoi...

 Dans ce roman il y a autre chose qui m'a boulversé: c'est son amitié avec Algernon, Charlie et Algernon sont pareils, ils vivent la même chose, ont subit la même chose à quelques mois d'intervalles, bref, c'est beau être une souris et lui un humain, ils deviennent amis et dans les dernières phrases du livres, si ce n'est la dernière,  il écrit : Si par hasard vous pouvez, mettez quelques fleurs, s'il vous plait, sur la tombe d'Algernon. Et ça m'a presque fait pleurer.

Le roman aborde de nombreuses questions brûlantes qui touchent à l'intelligence de l'homme. Comme le dit un des médecins : "Plus tu deviendras intelligent, plus tu auras de problèmes, Charlie." N'était-il pas finalement plus heureux avant ? Il avait des amis, un travail. Quand il prend conscience qu'il devient plus intelligent, de nouveaux sentiments, des émotions nouvelles apparaissent : la première est la honte qu'il ressent, la honte envers l'ancien Charlie, toujours tapi en lui, que l'on a toujours pris pour un imbécile, dont on s'est moqué sans arrêt, sans qu'il ne s'en doute : "C'est facile d'avoir des amis si vous avez laissé les gens rire de vous."

Ce déchirement est pourtant accompagné du plaisir d'apprendre, de maîtriser de plus en plus de concepts, de dépasser ses maîtres. Il se rend alors compte l'importance du savoir, même si cette découverte produit des bouleversements inattendus : "Je comprends que l'une des grandes raisons d'aller au collège et de s'instruire, c'est d'apprendre que les choses auxquelles on a cru toute sa vie ne sont pas vraies, et que rien n'est ce qu'il paraît être."

En parallèle, il fait aussi l'expérience de ses premiers émois amoureux. le lecture comprend que l'ancien Charlie avait plus ou moins été bloqué dans sa puberté, puisqu'il n'avait pas été capable de comprendre ce qui lui arrivait et de le maîtriser. L'intelligence le rend donc à l'intégralité d'une vie réellement humaine.

Mais au final, il a l'intuition que l'intelligence n'est rien s'il n'y a pas le reste : l'amour, la douceur, la compassion. "L'intelligence et l'instruction qui ne sont pas tempérées par une chaleur humaine ne valent pas cher [...] trop souvent la recherche du savoir chasse la recherche de l'amour. L'intelligence sans la capacité de donner et de recevoir une affection mène à l'écroulement mental et moral, à la psychose."

Ce livre nous montre à quel point nous jugeons  les gens sur leurs capacité  à résoudre des équations ou comprendre des livres de philosophie, que nous les classons dès tout petit dans des cases : bête et intelligent au lieu de les juger sur leur capacité à aimer et être gentil.

Ma note : 4,5/5 car ce livre est magistral mais plus pour l'écriture et le fond, l'histoire en elle même qui peut devenir assez lente. C'est le livre que j'ai pris le plus de temps à lire car je pouvais m'arrêter facilement ; l'intrigue n'est pas haletante.

Mais ce livre est génial !

Les mots qui dansent sous nos yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant