Chapitre 18

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En milieu d'après-midi, sous un ciel gris menaçant à perte de vue, Ketil, Olvar, Arn, Bredi et moins d'une vingtaine de guerriers aperçurent de loin une épaisse fumée qui provenait du village. Les compagnons, blessés pour la plupart, durent presser le pas pour rentrer.

En arrivant dans la clairière, ils trouvèrent quelques habitants regroupés autour d'une fosse fraîchement creusée à l'extérieur de l'enceinte.

Quelques gouttes de pluie, fines et froides, tombèrent çà et là, alors que furieux et inquiet, Ketil s'empressait d'aller voir qui y reposait...

Ketil et Olvar s'arrêtèrent au bord de la large cavité, tandis que Finn et quelques autres guerriers gardaient le silence, puisque les deux groupes rentraient enfin, mais diminués.

Ketil reconnut quelques-uns de ses amis et membres d'équipage parmi les morts, dont Freyja, mais surtout, il éprouva un profond soulagement en constatant qu'Agathe n'était allongée parmi les cadavres.

— Que s'est-il passé ? demanda Olvar.

— Les Pictes ont incendié le village et nous ont attaqués, alors qu'on tentait de stopper les flammes, répondit Aake, un Norvégien aux cheveux roux et partiellement édenté.

— Tous les morts sont là ? demanda Ketil.

— Oui, enfin pour le moment, nous n'avons pas encore pu fouiller les décombres des maisons, affirma Aake.

L'averse qui couvait tomba enfin, forte et drue, alors que Ketil tournait les talons, désirant rejoindre sa femme, qu'il imaginait être en train de soigner les blessés. Seulement, Finn le récria.

Face à son air grave, le cœur de Ketil se serra de peur.

— On ne sait pas où est Agathe, déclara Finn.

— Quoi ? gronda Ketil.

— Après le retrait des Pictes, nous avons commencé à dénombrer les morts et les blessés, expliqua Finn. Malheureusement, nous ne l'avons pas retrouvée, ajouta-t-il.

— Soit ton épouse a péri dans l'incendie, soit les Pictes l'ont emmenée, affirma Aake.

Perdu dans sa réflexion, Ketil maudit Toki et sa prédiction, tout autant que ses dieux capricieux.

— Emmenée ? répéta Olvar. Pour quelle raison ces hommes peints l'auraient prise avec eux, alors qu'ils n'ont jamais fait de prisonnier ? s'étonna-t-il.

— Olvar a raison, intervint Dagny, une guerrière Norvégienne. Je suis désolée, mais ta femme est morte.

— L'as-tu vue périr ? cracha Ketil.

— Non, souffla Dagny. Mais s'ils l'ont effectivement prise avec eux, n'escompte pas la retrouver saine et sauve... Tu sais comment les faibles femmes sont traitées dans un conflit ! ajouta-t-elle en redressant le menton.

Ketil eut envie de l'étriper, parce qu'elle insinuait que sa femme allait probablement être traitée comme eux-mêmes traitaient les femmes durant les raids : elle serait réduite en esclavage et peut-être même violée.

— Désolé pour toi, intervint Olvar, en lui posant une main amicale sur l'épaule. Rentre avec moi à Geirsa, ajouta-t-il. Quand j'aurai repris le trône qui me revient de droit, nous irons à la rencontre des jarls voisins et nous lèverons une armée pour exterminer cette vermine. Ensemble, nous vengerons nos morts !

Comme si les éléments étaient soumis à des sautes d'humeur, la pluie qui avait déjà rendu le sol boueux en peu de temps et trempés l'assemblée, ralentit son débit, quand des éclaircies trouèrent les nuages pour créer un arc-en-ciel au-dessus de la clairière.

Ketil dévisagea Olvar :

— Mes hommes vont t'accompagner, soupira-t-il.

— Ne sois pas stupide, s'étonna Olvar. La colonie est trop affaiblie pour affronter une nouvelle attaque. Même si tu réussis à secourir ton épouse, vous n'aurez aucun endroit sûr !

— Je t'accompagne, affirma Arn.

— Moi aussi, intervint Bredi.

— Je viens aussi, déclara Finn.

— Vous êtes fous... s'esclaffa Olvar.

— Je serai leur guide, le coupa Hauk, le moine Norvégien.

Une heure plus tard, tous les détails étaient réglés et ce qui restait du village se vida de ses habitants.

Viking de feu et de sang T3 🔞 (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant