Chapitre 8

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Décembre 2013.

Après plus de trois mois de travail intensif, je retrouvais le confort d'une chambre d'hôtel avec toutes les commodités modernes. Je n'arrivais pas à réaliser que je me trouvais encore au Kenya tant le paysage était différent de ce que j'avais connu jusque là. Nairobi avait tout d'une capitale moderne. Bondée et bruyante, je semblais presque perdue ici.

- June, t'es prête ? Demanda une voix derrière moi alors j'observais la ville de ma fenêtre.
- Mmh...
- June ?
- Tu crois qu'on va réussir à reprendre le rythme en rentrant ? Déjà là, je me sens si étrangère à tout ça... murmurais je en désignant la ville devant moi.
- June.... Soupira le journaliste derrière moi. Tu peux arrêter juste le temps d'une soirée tes éternelles questions ?

Je gardais le silence, le laissant déposer un baiser dans mon cou. Simon et moi nous étions rencontrés lors du documentaire. Lui était journaliste, plus habitué à couvrir des guerres que des reportages humanitaires. Mais il avait vu trop d'horreurs pour continuer dans ce domaine.

Âgé de 35 ans, j'avais tout de suite trouvé chez lui la maturité que je cherchais tant chez les hommes. Il était brillant. Je crois que dans le fond, il m'impressionnait.

- Tu t'habilles vraiment comme ça ?
- Pourquoi ? Demandais je.
- Les converses aux pieds c'est obligé ?
- Euh... Oui ?
- June sérieux. Des converses avec une robe ?

Je soupirais en partant voir si j'avais autre chose dans ma valise. Je sortais un tee-shirt et un simple jean.

- Tu le fais exprès June ? Je parlais des converses pas de la robe, et...
- J'ai pas d'autres chaussures Simon... soupirais je. J'avais pas prévu d'aller à un gala lors de mon séjour au Kenya. Hein, donc tu m'excuseras, j'ai juste ces converses ou mes baskets toutes crottées. Tu choisis quoi alors ? Soupirais je.
- On est arrivés ce matin. Tu ne pouvais pas le dire avant ? On aurait été acheté d'autres chaussures...
- Simon, écoute, je vois pas encore mes converses posent problèmes. Je suis sortie plus d'une fois habillée comme ça à Londres ou ailleurs. Jamais personne m'a fait de réflexion. Au contraire même, en général ça fait son effet...
- En même t'as vu l'âge des gamins avec qui tu trainais ?

Je serrai la mâchoire. Autant j'étais prête à accepter beaucoup de choses autant ses réflexions sur le groupe avait tendance à m'agacer.

- Je ne sais pas ! Ça te fait quoi de baiser avec moi ? Je te rappelle qu'on a plus d'écart d'âge que ce que j'avais avec eux.
- Oh pitié ... Pourquoi prends-tu tout systématiquement mal ? Et je ne baise pas avec toi, reprit il d'un ton plus doux.

Il m'enlaça tendrement me rappelant que j'avais réussi à faire changer d'avis le borné et têtu Simon Kyle dans sa règle du « pas de sexe entre collègues ».

- Et je suis ravi chaque jour que tu l'aies fait. Je trouve juste que tu as gâché ton talent en partant en tournée avec eux. Tu es faite pour le terrain June. Et crois-moi, avec cette campagne, de nombreux organismes voudront travailler avec la grande June Duncan.

Je levais les yeux au ciel, non sans sourire.

- Je vais quand même repartir en tournée avec eux à notre retour Simon. Au moins pour 2014. Ensuite on verra.
- Je compte bien te prendre avec moi dans d'autres reportages de ce genre.
- Simon... Tu écoutes ce que je te dis ? M'amusais je à moitié.

J'appréciais qu'il puisse mettre en avant mon talent comme il le faisait mais j'avais aussi besoin qu'il comprenne que j'avais une vie avant, et que je voulais la retrouver. Du moins pour un temps...

- Mmh mmhh... Du coup les converses ?

Je levais les yeux au ciel.

- A moins que tu es du 38 dans ta valise, en talons aiguilles, je n'ai pas le choix.
- Et bah... allons y comme ça alors.

Baby Honey [Tome 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant