Prologue

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  Les rayons du soleil caressent enfin sa peau après avoir passé deux heures dans l'humidité et la fraîcheur de l'église. Au même moment, les vagues de la mer murmurent doucement à ses oreilles, remplaçant le silence pesant qui y régnait. Elle n'a jamais autant apprécié de sentir les pavés de la rue sous ses pieds depuis son immobilité prolongée sur le sol de la Grande Pièce. À cet instant, elle comprend que c'est cela : "ressentir la vie".
Elliot tient la porte de l'église pour les autres jeunes du groupe de parole, mais il la rejoint rapidement avec son grand sourire habituel.
  « Tu veux passer chez moi ? J'ai envie de débattre sur ce qu'on a vu aujourd'hui avec toi. »
  Elle soupire, prenant un court moment pour réfléchir à la réponse qu'elle va lui donner, puis entrouvre la bouche pour décliner son invitation.
  « Je suis désolée, Elliot, mais je vais à la mer avant de rentrer chez moi. J'ai besoin d'être à l'extérieur après avoir été enfermée entre quatre murs. Je passerai chez toi demain matin ! »
  Il acquiesce, puis la laisse partir, elle et sa quête de liberté, en direction de l'eau. Même si la ville où elle vit est petite, la mer, elle, ne l'est pas, et les plages isolées ne sont pas difficiles à trouver. C'est ainsi qu'elle rejoint son paradis, loin des bateaux et des nageurs.

  Elle se tient devant cette étendue d'eau, se détachant des grands arbres et des rochers de la rive. Elle entend enfin les sons qui lui manquent tant : ceux de l'eau effectuant son parcours habituel sur le sable et ceux des cigales stridulantes en rythme. L'odeur ici est iodée, mais pourtant si douce.
Finalement, elle retire ses chaussures et remonte le bas de son pantalon pour immerger en douceur la plante de ses pieds dans la fraîcheur de l'eau. Elle doit admettre que le froid ralentit sa progression vers la mer, mais elle parvient finalement à y entrer ses chevilles, puis ses mollets. C'est dans de tels endroits que les personnes comme elle cherchent des réponses à leurs interrogations. Elle ferme les paupières, ses autres sens se décuplent, et elle profite de ce moment comme s'il s'agissait du dernier.
  «Elle doit s'inquiéter», pense-t-elle.
  Puis, à contrecœur, elle remonte la plage, chaussures à la main, les chevilles mouillées et collantes du sel de la mer.

Blue Wine's FlowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant