Il ne parlait plus à personne, étant seul plus que tout. Tous les jours, ils le regardaient avec des regards remplis de dégoût. Certains élèves, dans le dos des surveillants, lui faisaient des croche-pieds ou le bousculaient pour amuser la galerie. Ses pensées qui restaient piégés dans sa tête où on y voyait presque un nuage noir le suivre partout, devenant des cauchemars quand il se couchait le soir.
Il investit dans un petit carnet rouge, sa couleur préférée, avant que sa tête n'explose de toutes ses pensées. Il y crachait tout ce qu'il avait sur le cœur depuis cette soirée-là, laissant une écriture grasse et quelques larmes mouillant les feuilles, tel une légère pluie.
Mais en une semaine seulement, son cahier était rempli. En une semaine seulement, tout allait mal. En une semaine seulement, ils étaient tous contre lui. En une semaine seulement, ses pensées refaisaient surface comme le petit nuage, devenant son seul compagnon.
La dernière page de son cahier était noircie comme son cœur brisé.
Il ne put dire à quel moment, entre ses doigts, son crayon noir se changea en une lame aux dents acérés. Il ne put dire à quel moment il apposa sur son bras la pointe tranchante déchirant sa peau. La couleur noire se changea en un rouge vif qui s'écoulait en de fines lignes. Le rouge peint son poignet jusqu'à atteindre le bout de ses doigts, tombant par goutte sur le sol. Il ne comprit pas et il en trembla. Il en tremblait de peur. Son incompréhension se lisait dans ses yeux remplis de larmes.
Il se posait plusieurs questions, mais il n'en n'avait pas la réponse. Il n'avait aucune réponse à ses questions. Cela le soulageait-il vraiment de faire couler son propre sang alors qu'il voulait simplement vider ses pensées. Il ne savait pas et ça lui faisait tellement mal.
Sur son bras, on pouvait compter une dizaine de lignes avant qu'il ne lâche la lame qui rejoint le résultat de ces coupures, le sang rouge vif.
Nore
Je me réveille en sursaut, le corps transpirant et tremblant. Je vois d'abord flou quand j'ouvre les yeux, avant de voir de mieux en mieux la cheminée où les dernières flammes dansent en essayant de survivre. Je me lève et je vais dans la cuisine. J'ai chaud...
Je me fais un grand verre d'eau que je bois d'une traite, manquant de m'étouffer. Je me tiens contre le comptoir de la cuisine de mes deux mains et je reprends lentement mon souffle. Enfin, j'essaie de le reprendre. Les larmes me montent aux yeux alors que j'halète. De mes poings, je frappe le meuble de toutes mes forces. Je me sens mal, je suis en colère et je ne peux rien faire... Je ne sais plus quoi faire.
Mes mains deviennent rouges de douleur. Je me laisse glisser jusqu'au sol, les larmes coulant toute seule le long de mes joues. J'ai mal au cœur, tellement mal. Celui-ci commence à battre vite, trop vite.
Mon corps bouge sans que je lui demande. Je sors de la maison et prends une grande inspiration d'air frais. Le froid m'enveloppe et la noirceur de la nuit m'effraie. Malgré le froid autour de moi, j'ai encore chaud. Les ombres des arbres forment des mains prêtes à m'attraper et m'enfermer jusqu'à m'écraser. Je me mets à courir, perdant quelques fois l'équilibre en raison des roches et des racines parsemant le sentier. Je me rattrape à l'aide de mes mains rendues sales, pleines de terre. Mes poumons me font souffrir à chaque respiration et mes pleurs embuent mes yeux ce qui rend ma progression difficile. Je file à toute allure. Je finis par m'arrêter net au bout du sentier.
La falaise, où seule une rambarde à l'air peu solide, m'empêche de tomber en bas. Là où l'eau est encore légèrement en glace fait des câlins aux roches coupantes en contrebas. Une rafale de vent frappe de plein fouet mon visage, m'obligeant à fermer les yeux. Mes cheveux bruns volent au vent, les dépeignant. Je m'accroupis à bout de force et hurle ma douleur jusqu'à en avoir mal à la gorge. Les oiseaux dormant dans leur nid en haut des sapins, s'envolent. Je crie tellement que ma voix finit par se casser et ne produit plus aucun son. Mes larmes ne cessent de couler que bientôt, je crains de n'avoir plus aucune goutte.
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Le Hibou et le Poisson Koï [ BxB ]
RomanceDeux humains, deux personnalités aux qualités et aux défauts assez distinctifs. Il est devenu un être solitaire, obscur et mélancolique. Il est comme le Hibou. Lui est depuis toujours cette personne persévérante, brave et affectueuse. Il est comme l...