Merci les bleus

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Chloé rentrait à peine de sa formation qu'elle entendait déjà les cris de joies de sa brune, même à travers la porte de l'appartement depuis le palier.
 
- Ouiiiiiii !!! C'est super ! Aller on va passer en huitième de finale ! Aller les bleus on lâche rien surtout !
 
Sur le coup, même si la rouquine n'était pas fan de foot, savoir que son pays venait de marquer, ça lui faisait quand même plaisir. Elle entra donc dans l'appartement et se rendit directement au salon, la brune était hypnotisée par l'écran.
 
- Coucou... Tenta-t-elle doucement.
- Oh mon amour. Ça va ? On a marqué ! C'est super !
- Euh... Oui, si tu le dis. Mais ce ne sont que les huitièmes de finale mon cœur, t'emballe pas trop non plus. On est loin d'avoir gagné la coupe là.
- Mais si ! Faut y croire !
 
Pas tellement convaincue, la rouquine haussa les épaules et fit exprès de passer devant la télé pour aller poser son sac sur le dossier d'une chaise. Beca soupira de mécontentement, mais Chloé n'y fit pas attention. Elle venait d'avoir une idée et elle se tourna vers sa brune en souriant, même si cette dernière ne la regardait pas du tout.
 
- Mon cœur, ça te dirait qu'on aille se promener et se faire un resto ? Et ensuite on pourrait...
- Oh non. Je peux pas. Y'a match, et ensuite le débriefe. Je veux rien louper !
- Oh mais c'est juste des mecs qui courent après un ballon. Ça va pas changer ta vie ! Annonça la rousse en croisant les bras.
- Si ! Tu te rends pas compte ! On l'a gagné une fois il y a 20 ans ! On s'en souvient pas mais nos parents oui ! Ils ont vécu les joies de la victoire, l'adrénaline et la fierté qui va avec ! Et aujourd'hui on a une chance de vivre ça à notre tour !
- Ouais... donc si je comprends bien, pendant toute la coupe, je vais passer en second plan. Super... Ironisa la rouquine en se laissant tomber dans le canapé près de Beca.
- Oh mais temporaire... Tenta la brune.
- Ah parce que c'est vrai en plus ? Tu ne nie pas ?
- Mais non, c'est toi que j'aime avant tout, promis.
- Ouais... enfin sauf quand y'a foot. La preuve, tu m'as pas encore embrassée depuis que je suis rentrée et... Bec's tu m'écoute ou pas ?
 
Pas vraiment, en fait la plus petite était retournée dans le match, et ne faisait plus attention du tout à ce que Chloé disait. Dépitée et résignée, la plus grande se leva et alla se faire couler un bon bain, sachant pertinemment que peu importe ce qu'elle dirai ou ferai, le foot passerait en prioritaire avant son couple... mais histoire de bien faire comprendre son mécontentement à la brune, elle se fit un plaisir à passer de nouveau devant l'écran.
Les semaines passèrent et aussi difficile et incroyable que ce fut, la France parvint à atteindre la grande finale de la coupe du monde qu'elle disputerai avec la Croatie. La tension était à son comble, surtout pour Beca. Elle avait bien-sûr très bien suivit la coupe et les deux équipes avaient leurs chances. Impossible de dire qui gagnerait. Même si quand on lui demandait son avis, elle disait que c'était la France. Elle disait ça plus par espoir, en tant que française, qu'autre chose. Car il fallait l'admettre, la Croatie avait fait une très belle compétition jusque là. C'était un adversaire redoutable, qu'il serait difficile à surprendre et à déstabiliser, mais Beca y croyait, il le fallait... en tant que fervente supportrice de son pays. Et pour ce jour si spécial, ou plutôt... ce match si spécial, les filles avaient prévu d'aller le regarder chez un couple d'amis qui suivaient eux aussi la compétition. Ce serait plus convivial et plus chaleureux. Même si, naturellement, la rouquine n'était pas particulièrement enjouée comparée à la brune qui elle, attendait ce match avec impatience depuis le début de la journée. Et quand il commença enfin, Beca était assise par terre devant la télé, suivant l'action de très près. Alors que Chloé était tranquillement installée dans le canapé avec leurs amis, suivant l'action de... ben en fait, elle suivait pas vraiment. Mais comme elle était d'humeur à embêter sa petite-amie pour ce qu'elle lui avait fait subir ce dernier mois...
 
- Euh... mon cœur, tu es pas invisible tu sais ! Lui fit-elle alors remarquer.
- Oui je sais. Mais c'est bon vous voyez quand même. Répondit Beca sans bouger d'un petit centimètre pour autant.
- Oui enfin... heureusement que t'es p'tite.
 
Cette fois la brune délaissa l'écran de la télévision et lança un regard noir à sa copine, qui elle souriait fièrement et lui tirait la langue. La brune préféra ne pas répliquer, avant de trop manquer le match, et se concentra de nouveau sur la télé.
 
- C'est foutu Bec's. Regarde... même moi qui n'y connaît rien je vois bien que l'équipe est endormie. Ils ont prit des somnifères ou quoi ?
- Arrête Chlo... C'est juste qu'ils vont commencer à bouger vers la quinzième minute. Là il se chauffe c'est tout. Et après ils vont tenter des actions. C'est stratégique ! Laisse leur juste un peu de temps et tu vas voir !
- Mouais... si tu le dis.
 
Les minutes passèrent, et finalement la brune finit par aller s'asseoir près de sa rousse dans le canapé qui, il fallait bien l'admettre, était nettement plus confortable que le sol. Sauf que du coup, Chloé en profita pour lui embrasser le cou, faisant son maximum pour déconcentrer sa petite-amie, et se fichant pas mal que leurs amis soient dans la pièce. De toute façon, eux aussi étaient à fond dans le match, et ne faisait pas du tout attention à ce qui se passait à côté d'eux...
 
- Chlo... arrête ça tout de suite. Ordonna fermement la brune.
- Hummm... non.
 
Au lieu de s'arrêter, Chloé prit le menton de sa brune entre ses doigts et la força à tourner la tête. Avant même que Beca ne songe à se plaindre, la rouquine l'embrassait avec passion et amour. Alors même si elle aurait aimé suivre le match, la brune ne résistait jamais à ses baisers. Donc bien-sûr qu'elle y répondit. Sauf qu'en faisant ça, et bien... elle manqua une des actions les plus importantes du match...
 
- Hé ! Y'a penalty là !
 
Au cri de son ami, Beca se sépara brusquement vers la télé et essaya de repérer ce qui avait bien put se passer pour que la France obtienne se penalty.
 
- Chlo ! J'ai loupé l'action à cause de toi !
 
Mais loin d'être désolée, la rouquine avait même un sourire fier sur le visage. Beca préféra ne rien dire et suivit le match pour ne pas perdre une seule seconde de plus de ce qui allait se passer. Griezman fut désigné pour tirer le penalty, et...
 
- But !!!
 
Sur le coup, la brune se leva du canapé, faisant presque sursauter sa rousse. Chloé elle, était toujours sur le canapé, à attendre la fin de ce match maudit qui capter toute l'attention de sa copine et qui l'empêchait de passer de bons moments avec elle. Elle avait hâte que la compétition se termine enfin, mais pas pour les mêmes raisons que Beca. Que la France gagne ou pas, elle ne voyait qu'une chose, elle allait enfin retrouver sa brune.
À la mi-temps, les bleus menaient le jeu avec 2 buts à 1. Beca était encore plus excitée qu'au début du match, elle en tremblait presque. Même si elle n'osait pas trop s'avancer, car tout était encore possible pour la deuxième mi-temps, elle ne pouvait s'empêcher quelque part au fond, de voir déjà la France championne du monde.
 
- Alors OK la France mène peut-être, mais la Croatie va revenir c'est sûr ! Ils vont se faire engueuler par leur entraîneur dans les vestiaires, ils vont se reposer pendant 15 minutes, et ils vont se réveiller tu vas voir. Fit Chloé pour tenter de la faire redescendre sur terre.
- Mais non. Fais confiance aux joueurs un peu. Les bleus aussi vont se faire engueuler et vont se reposer hein. Éclaira la petite brune.
- Ouais... si tu le dis, enfin moi le foot c'est pas mon truc hein, tu le sais très bien.
- C'est nul... si seulement tu pouvais comprendre pourquoi j'aime tellement ça. On pourrait partager de bons moments ensemble devant un match...
 
Sur le coup, la brune avait juste dit ça comme ça, sans faire spécialement attention à ce qu'elle disait. Et pourtant ça eut le don de chambouler la rouquine. C'est vrai que quand elle regardait ses amis qui étaient tous les deux ensemble à suivre le match, ils avaient l'air de passer un bon moment. Ils étaient tous les deux fans de foot, même s'ils ne l'étaient pas au même point que Beca, ils aimaient ça quand même, tous les deux. C'était quelque-chose qu'ils avaient en commun, et qui les unissait ce soir devant la télé. Ils avaient l'air vraiment heureux et complices à parler de ce sport qu'ils aimaient tous les deux. Et Chloé commençait à les envier...
Alors quand la fin de la mi-temps sonna et que le match reprit, Beca était toujours concentrée et stressée face à la télé. Elle avait reprit sa place sur le sol et en avait même oublier sa petit-amie, un peu plus en arrière sur le canapé. Si bien qu'elle fut étonnée quand celle-ci la rejoignit devant la télé, s'asseyant sur un coussin à ses côtés.
 
- Euh... mon amour qu'est-ce que tu fais là ?
- Ben ça a l'air important pour toi. Alors je veux comprendre pourquoi. Répondit simplement la rousse en souriant.
- Euh... OK.
 
Le temps passa lentement durant cette seconde période. Beca avait l'impression que les minutes duraient une éternité. Elle avait sa main sur la cuisse de Chloé, et dès qu'il se passait quelque-chose, même si ce n'était rien, elle se tendait, se crispait, et resserrait sa prise sur sa jambe. C'était de plus en plus fort, et presque malgré elle. Cet engouement pour le foot, cette adrénaline, ça venait du plus profond de son être, sans qu'elle ne puisse expliquer pourquoi. Et rares étaient les filles qui tentaient de comprendre sa passion...
 
- Bec's... tu me fais mal... Chuchota la rousse pour ne pas casser l'ambiance.
- Oh... Pardon mon amour. Je faisais pas attention.
- Non t'inquiète, c'est pas grave. Mais juste... un peu moins fort s'te-plaît.
- Oui... pardon.
 
Elles replongèrent alors dans le match, et Chloé ne put faire autrement que de remarquer toutes ces étincelles qui brillaient de milles feux dans les yeux de sa copine. Il ne restait plus que 6 minutes, en comptant le temps additionnel, et elle remarqua que la brune était de plus en plus tendue. Au point de plus bouger le moindre cil, et que sa respiration se faisait de plus en plus irrégulière. C'était comme si elle était en apnée... elle avait même cette perle de sueur qui coulait le long de sa tempe, puis sur sa clavicule. Et Chloé n'aurait pas sut dire si c'était à cause de la chaleur qui semblait de plus en plus étouffante, ou à cause du stress. Peut-être un mélange des deux... Alors elle lui prit doucement la main, qu'elle posa sur sa cuisse, et emmêla leurs doigts.
 
- Aller, respire Bec's, on va gagner...
- Non ne dit pas ça, rien est jouer jusqu'au dernier coup de sifflet. La dernière fois l'Argentine à marqué durant le temps additionnel, alors même si on a gagné contre eux, cette fois les croates sont très rapides et ont seulement deux buts à rattraper pour jouer les prolongations et remettre le score à zéro. Rien n'est jouer, ça peut aller très vite.
 
Alors la plus grande ne dit plus rien et, à son tour, se plongea pleinement dans l'ambiance pour les toutes dernières. Minutes. En fait... il ne restait plus que deux minutes, et elles entendaient vaguement derrière elles leurs amis qui fêtaient déjà la victoire. La France menaient 4 à 2, c'était finit, tout le monde le savait. Mais les deux jeunes femmes se tenait la main et étaient totalement dans leur bulle. Elles attendaient, ensemble, que le dernier coup de sifflet annonçant la victoire, se fasse officiellement entendre.
Et quand ça arriva enfin, Beca ne se mit pas à sauter de joie et à crier comme Chloé s'y attendait. Non, c'était autre chose, bien plus profond que ça, qui se passait actuellement pour Beca. Elle souriait, oh ça oui, elle souriait pour exprimer sa grande joie, mais elle restait silencieuse malgré tout. Elle avec les larmes aux yeux, et le regard pleins d'émotions. Elle se sentit parcourue d'un frisson dans tout le corps quand elle réalisa pleinement que... ça y est... la France venait de devenir championne du monde pour la deuxième fois en 20 ans !!! Et quand cette information fut enfin pleinement intégrée dans son cerveau, tout ce qu'elle trouva à faire, ce fut de se relever, d'attraper sa rousse et de l'embrasser avec fougue ! Quand elles se séparèrent, la brune n'en revenait toujours qu'à moitié, et elle s'isola un moment sur la terrasse pour respirer enfin, après avoir passer plus d'une heure à avoir l'impression d'étouffer. Elle fut très vite rejoint par Chloé, et remarqua que celle-ci pleurait. Alors quand sa copine vint se blottir contre elle, Beca n'hésita pas un seul instant et la serra contre elle.
 
- Oh mon amour... pleure pas. C'est une bonne chose !
- Oui je sais... mais c'est tellement beau ! Annonça alors la rouquine.
- Ah oui ?
- Oui... je crois que j'ai enfin compris.
- Compris quoi ? Interrogea la brune en la remettant face à elle.
- Pourquoi tu aimes tant le foot...
- Ah... et bien alors je t'écoute.
- Et ben... tu aime ça car en cet instant, la France entière est heureuse, ensemble pour la même raison. Il n'y a plus de différences ou quoi que ce soit d'autre...
- Oui voilà exactement ! Regarde... tout le monde sourit, rigole et fête ça. Tout le monde se prend dans les bras, même s'ils se connaissent pas vraiment. Personne ne crie, sauf de joie. Pas de bagarre, pas de cris, pas d'insultes, pas de crimes... Pas de racisme, pas d'homophobie, pas de pauvres ou de riches... Rien. Rien à part des français et des françaises, heureux et fiers de l'être, en paix et unis pour la France un court instant...
 
Chloé sourit à cette tirade, émue parce qu'elle venait enfin de comprendre ce qu'il y avait de si extraordinaire, pour Beca et tant d'autres, dans le foot. Les filles s'embrassèrent alors tendrement, heureuse et complice. Puis elles regardèrent tout autour d'elle les gens qui sortaient dans la rue, s'ils n'y étaient pas déjà, pour fêter tous ensemble la victoire. Elles étaient toutes les deux émerveillées par ce que ces jeunes joueurs avaient réalisé pour leur pays... ce qu'ils avaient fait, c'était beaucoup plus que gagner une simple compétition et courir après un ballon... Chloé en avait conscience maintenant. En remportant la coupe du monde, ils avaient rendu possible cet exploit qui ne se reproduirait plus avant un long moment...
En ce 15 juillet 2018, tous les français, peu importe leur âge, leur couleur de peau, leur religion, leur orientation sexuelle, leur métier, leur statut social... étaient tous réunis sous un seul et même drapeau qu'ils exposaient avec fierté. Tous heureux et fiers d'être français. Tous unis... c'était sûr maintenant, le 15 juillet 2018 serait une date qui resterai gravée dans les mémoires et dans l'Histoire pour l'éternité.
Merci les bleus...
 
                                                                  FIN

OS Bechloé/SendrickOù les histoires vivent. Découvrez maintenant