3

2 1 0
                                    

D'accord, il n'avait jamais été connu pour sa grande patience.

Mais tout de même, il commençait à trouver le temps un peu trop long.

Et peut-être qu'il paniquait légèrement en pataugeant dans le flot de pensées qui passaient dans sa tête sans se stopper.


Au réveil, après le départ d'Emilie, il avait trouvé un SMS de Mikita, qui lui donnait rendez-vous dans la petite pièce de travail qui servait aussi de bibliothèque à tous les résidents.

Il s'y était donc traîné à la fin de son service, les intestins plus noués qu'après une raclette bien arrosée.

Mais Mikita, habituellement plus ponctuel que les impôts, n'avait pas encore pointé le bout de son nez alors que l'heure du rendez-vous était dépassée de dix bonnes minutes.


Il repoussa le livre sur lequel il tentait vainement de se concentrer et poussa un long soupir en laissant son corps s'affaler un peu plus sur sa chaise.


- Depuis quand es-tu devenu Atlas ? Comment des épaules frêles comme les tiennes ont pu devenir, L'Elu ?


Mathieu sursauta et s'agrippa en catastrophe à la table, se retenant de justesse de s'échouer complètement sur le sol en même temps que sa chaise.


- Belle cascade. Tu t'es mis à la gym ?

- Moque-toi. C'est ta faute, tu deviens aussi silencieux que Johan quand tu approches. Tu vas finir par avoir des décès sur la conscience.

- Je pourrais toujours fabriquer les cercueils adéquats, répondit Mikita en haussant les épaules, s'installant face à lui.

- Si on est sur écoute, tu es foutu, ajouta Mathieu en grimaçant devant le sourire narquois de son ami.


Mikita croisa ses mains sur la table avant de poser son menton sur celles-ci.


- J'ai l'impression que je vais passer à la casserole.

- Tu te sens comme une petite cuisse de poulet dans du bouillon ?

- Quelque chose comme ça, mais il est un peu tôt pour que je baigne dans mon jus, grimaça Mathieu.

- Sale.

- Dit celui qui songe à fabriquer des cercueils pour masquer sa fourberie et qui rêve de faire cuire son meilleur pote.


Mikita haussa les épaules sans se départir de son sourire avant de se redresser.


- Je t'ai demandé de venir pour te dire non. Pas à cause de ce que tu m'as raconté, ça n'a pas une seule seconde changé la vision que j'ai de toi. Mais aussi - et surtout - pour te demander pourquoi tu ne pars pas avec Emilie.



- Accouche.

- Alors...ça va te surprendre hein, mais je ne suis pas encore calibré pour ce genre d'acte.

- Rien ne me surprendrait plus de toi. Une plante pourrait même pousser sur ton crâne que ça me semblerait normal.

- Ton estime de moi est..., commença Mathieu.

Après l'orageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant