Après l'orage

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Jusqu'à maintenant, elle n'avait eu aucun souci à pressentir les choses, mais cette fois-ci faisait exception.

Surprise, Emilie laissa retomber la main qui tripotait l'ourlet de son débardeur avant d'ouvrir la bouche afin de répondre.

Pour finalement se contenter de sourire, puisqu'aucun mot ne lui venait.

Mathieu la dévisagea longuement et sentit une chaleur lui monter aux joues face à ce sourire.

Le bonheur qui émanait d'elle était si fort qu'il faisait battre son cœur avec force, le laissant aussi pantelant que s'il avait couru sous une chaleur ardente.

Si la faire sourire apportait à chaque fois ce sentiment de plénitude, oh que ouais, il allait recommencer.

Et des millions de fois, même.

La paperasse se révélait un ennemi de taille.

Et sans l'aide de Mikita, Mathieu aurait perdu le combat depuis longtemps.

Mais il voulait voir Emilie sourire encore une fois, alors il pouvait supporter les remontrances de son meilleur ami, à chaque fois qu'il fuyait sa chaise pour prendre l'air.

Avisant l'heure, Mathieu s'étira puis frotta ses yeux avant de se pencher de nouveau sur les papiers.

Il ne lui restait plus grand-chose à remplir.

- Magne-toi, j'ai faim. Et il vaut mieux pour toi que tu aies ramené ses papiers avant qu'elle ne termine son quart.

- Encore plus d'encouragements sarcastiques, Ô Grand Manitou, grinça Mathieu tandis qu'il s'appliquait pour écrire le plus proprement possible.

Une fois la surprise passée et son accord donné, Emilie s'était redressée pour relire les destinations qu'elle avait griffonnées sur un bout de papier avant de les donner à Mathieu.

À aucun moment elle n'avait songé à ce qu'elle préférait, même si inconsciemment elle n'avait choisi que des destinations assez éloignées du continent.

Peut-être un besoin de soleil.

Mais surtout l'envie de casser la routine.

Elle avait fermé les yeux et agité son index droit dans les airs avant de le plaquer sur la feuille, puis de rouvrir les paupières.

Ses sourcils s'étaient froncés, signe qu'elle réfléchissait encore une fois, mais un rictus amusé avait rapidement fait son apparition sur ses lèvres, dévoilant ses fossettes.

- Il semblerait que l'on doive prendre nos billets pour la Guadeloupe, fit-elle avant de tendre la feuille à Mathieu. Ça promet d'être épique.

L'estomac de Mathieu s'était tendu tandis qu'il avait récupéré le papier, plus par appréhension que par excitation.

Il n'avait jamais eu l'occasion de prendre l'avion, les quelques voyages scolaires auxquels il avait participé s'étant déroulés en bus, alors son baptême de l'air promettait d'être violent.

Il était certain qu'un proverbe traînait quelque part, comme quoi plus ça arrivait tard, plus traumatisant c'était.