La Pluie

ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 6

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𝓐𝓾𝓽𝓱𝓸𝓻𝓲𝓽𝔂 𝓪𝓷𝓭 𝓔𝓵𝓮𝓰𝓪𝓷𝓬𝓮
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𝐀 𝐋 𝐋 𝐄 𝐍

－Donne moi une seule bonne raison de ne pas t'écraser là, maintenant, tout de suite?

Mes yeux croisent le regard perçant de ma mère et mon cœur commence à battre fort dans ma poitrine.
Déjà vêtu de son costume à blazer couleur crème, son énorme afro ramené au dessus de sa tête, elle est postée à l'encadrement de la porte de ma chambre, les bras croisées et le visage neutre mais, je peux le sentir, très énervé.

－ Je me suis réveillé en retard, dis-je hésitant.

－ Ah oui? Elle fronce des sourcils en s'approchant de moi. Et tu ne pouvais pas partir quand même? C'est ton premier jour de rentrée et tu te permets de-

－ Non, non! La coupai-je brusquement. En fait c'est la pré-rentrée et je me suis dis que ce n'était pas si grave si...

－ Mais ça ne va pas? Souffla t-elle.

Son regard s'assombrit et je ne sais plus quoi dire pour calmer la tempête. Je devine Saïd assit sur le lit à regarder la scène, pendant que moi je peine à me justifier auprès de ma mère.

－ Tu as toujours travaillé dur à l'école, dit-elle plus calmement, ne me déçois pas. Et surtout pas maintenant.

－ Je sais, maman.

－ Non, tu ne sais pas. Continue-t-elle toujours calmement, Tu n'es plus au collège et crois moi ça va être différent cette année. C'est la pré-rentrée mais c'est aussi le jour où on va vous parler de tout, des matière de spécialité, du BAC, des études supérieures... il s'agit de ton avenir.

－ D'accord.

Je sais déjà tout ça. Et ils vont nous en parler beaucoup plus qu'une fois si j'en crois ce que m'as dit Saïd. Mais étant donné qu'elle ne crie plus, je préfère ne pas la contredire et juste écouter attentivement ce qu'elle a à me dire.

Car par dessus tout, elle a la raison d'agir comme ça avec nous. D'être aussi stricte. Avoir élevé des enfants seule doit être difficile et c'est donc tout naturel qu'on veuille que ces enfants en question réussissent et qu'ils ne s'éparpillent pas. Et avec le temps, ma mère est devenu le cliché parfait de la femme mâture que les hommes ont déçu et qui n'a d'yeux que pour son travail. Ainsi que (dans le cas de ma mère) ses enfants.

Et c'est justement pour sa bravoure et sa force que je l'admire de tout mon être.

－ Saïd.

Le prénom de mon frère dans la bouche de ma mère raisonne jusqu'à mes oreilles et je me retourne vers lui comme par réflexe.

－ Oui ?

－ Que fais-tu à parler avec lui? Tu n'aurai pas pu lui dire d'aller au lycée? Ou cela est trop dur pour toi également ?

Nos regards se croisent pendant une seconde avant qu'il ne le replonge dans le celui de ma mère.

－ Je... enfin c'est vrai qu'il était déjà en retard. Et puis, comme ce n'est que leur pré-rentrée.

－ Tu es vraiment un exemple, ironisa t-elle. Premier jour de lycée de ton petit frère et tu n'arrives même pas à le coacher, ne serait-ce que pour qu'il arrive à l'heure?

On ne dit rien alors elle continue.

－ Toi, dit-elle en pointant Saïd du doigt tu es majeur et toi en me pointant tu vas bientôt le devenir. Ce n'est pas le moment de me décevoir alors ne me décevez pas, s'il vous plaît. Est-ce que c'est clair ?

－ Oui, maman. Dit-on en chœur.

Un sourire m'échappe, on va devenir des robots à force.

－ Bien, fit-elle en réajustant sa montre. Je pars au boulot, Saïd tu fais les courses et prépare à manger. Quant à toi Allen, tu files au lycée.

Mon sourire disparaît tandis que je fronce des sourcils et la regarde d'un air interrogateur.

－ Mais... Il est trop tard, c'est fini.

－ Ce n'est pas une question, c'est un ordre. Tu vas chercher tes livres ainsi que ton emploi du temps. Ne me fais pas me répéter et tâche d'être prêt avant mon retour. Bonne journée.

Elle tourne les talons tandis que ces derniers raisonnent dans l'appartement dans un bruit sourd.

Je soupire de désespoir et passe mes deux mains sur son visage en râlant.

Derrière moi, je distingue la voix de Saïd, amusé:

－ Bon, je sens qu'on va manger des pattes aujourd'hui.

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