La meute de l'Aube, Lilly Jones (tome 1)

Chapitre 67

Je n'ai plus la notion du temps, je ne sais pas depuis combien de temps je suis coincée ici, dans mon esprit. J'ai l'impression de devenir folle. Je ne fais que marcher dans l'espoir de trouver un indice, une faille pour pouvoir me réveiller, mais il fait toujours aussi sombre et froid ici. Ça fait un moment que je n'entends plus personne parler même faiblement, c'est comme si j'étais vraiment seule dans un endroit totalement vide. Malgré moi je ressens un léger pincement au cœur. C'est un peu égoïste de ma part mais j'aimerais vraiment qu'ils restent auprès de moi à me parler, ça me donne de la force et du courage. Instinctivement je me dirige vers l'arbre de mon esprit et m'y adosse, un long soupire s'échappe de mes lèvres lorsque je me laisse glisser le long de l'arbre. Je suis tellement fatiguée. Je sens le regard de ma louve sur moi, elle me pousse un peu avec son museau, c'est une invitation à continuer de marcher mais je n'ai plus de force. Je plante mon regard dans le sien et pose ma main sur le haut de sa tête.

- Désolée, je suis fatiguée, je me repose un peu et nous pourrons reprendre après, dis-je simplement en fermant les yeux.

Un long grognement de désapprobation venant de ma louve m'arrive aux oreilles mais je n'ouvre toujours pas les yeux. Je suis comme dans un état un peu second lorsque je sens ma louve tirer sur ma chaussures. J'ouvre les yeux doucement, lorsqu'elle le remarque elle stoppe son geste et se redresse.

- Tu ne veux pas me laisse me reposer n'est-ce pas ? Demandais-je simplement.

Elle plante son regard intense dans le mien, elle est vraiment déterminée mais j'y vois aussi de l'inquiétude.

- J'ai compris, je n'ai pas le choix, tu ne me laisseras pas en paix, soufflais-je.

Je me relève difficilement et m'appuie un peu sur l'arbre. Ma louve se redresse également mais ne cesse de me fixer. Elle a sûrement peur que j'essaie à nouveau de me reposer. Je dirige mon regard vers ma louve et soupire.

- Tu sais que ... commençais-je avant d'être interrompue par un halo lumineux.

Je regarde en direction de ce halo qui illumine tout mon esprit. Je suis très intriguée par ce dernier, je ne sais pas ce qu'il se passe ni ce que c'est mais je ressens l'envie d'en apprendre plus. Je commence à marcher vers lui, ma louve me suit également. Plus je me rapproche de cette lumière et plus je me sens apaisée, j'ai aussi l'impression qu'il fait plus chaud. Je ressens quand même une certaine appréhension, en général on dit toujours qu'il ne faut pas aller vers la lumière et je suis totalement en train de le faire. Je me stoppe et regarde ma louve, elle ne comprend pas pourquoi je me suis arrêtée. Malgré la chaleur et l'apaisement que je ressens, je suis comme tétanisée, mes jambes ne veulent plus bouger. Même si ma louve semble totalement sereine, je n'arrive pas à me rassurer, je sens mon cœur s'emballer fortement, ma respiration est complètement saccadée. C'est comme si une crise d'angoisse pointait le bout de son nez, je n'en avais pas fait depuis la mort de mes parents. Je sens le museau de ma louve sur ma main, elle me lèche doucement comme pour me rassurer mais ça ne fonctionne toujours pas. Je n'arrive pas à me calmer. Je m'accroupis et m'enroule dans mes bras, j'enfouis ma tête dans ces derniers et sur mes genoux. J'entends ma louve gémir d'inquiétude et d'incompréhension, elle me pousse un peu avec son museau. J'entends les battements effrénés de mon cœur dans ma tête.

- N'ai pas peur mon enfant, dit une douce voix féminine.

J'ouvre grand les yeux, à qui appartient cette voix. Je relève la tête et regarde autour de moi, mais je ne vois personne à part ma louve et cette lumière. Ma louve ne bouge pas, elle n'a vraiment pas l'air inquiète du tout, c'est comme si tout était normal à cet instant.

- Viens vers moi Lilly, j'aimerais te parler, dit à nouveau cette voix douce et chaleureuse.

Je regarde à nouveau autour de moi et m'aperçois que cette voix vient de la lumière. Je me relève et remarque que les battements de mon cœur se sont calmés, mais je ne bouge toujours pas, je ne sais pas ce qu'il se passe ni à qui appartient cette voix.