Chapitre 5

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Remus ferma la livre et le déposa à côté. Il l'avait déjà lu 3 fois. Il le connaissait de long en large. Sirius lui avait amené le Gorgias de Platon hier matin avec son repas. L'art de la rhétorique n'était pas le point le plus intéressant qu'il ait pu lire. Au moins il y avait des pensées intéressantes sur le bien et le pouvoir. Il était largement plus philosophe moderne que ceux de l'antiquité. Il se releva et reprit son activité préféré du moment : observer à travers la fenêtre. Le décor ne changeait pas. Mais les acteurs différaient. Il voyait un peu plus de gens, de visage. Il ne les entendait pas mais aimait observer leurs réactions quand ils discutaient. Il ne fit pas attention au bruit métallique, continuant son hobby.

- tu regardes quoi ? E.T l'extraterrestre ? Ricane-t-il en l'observant.

- non. "SOS qu'on vienne me sauver de chez les fous", tu connais ? Dit-il de mauvaise foi.

- je connais SOS fantôme à la place.

Remus soupira en le regardant tout sourire de sa blague. Il se déplaça de la vitre et s'assit au sol. Il attrapa son paquet de nourriture et mangea dans son coin.

- tu as aimé le livre ? Demande-t-il en s'asseyant aussi, allumant sa cigarette.

- ça allait. Y a mieux comme lecture.

- tu l'as lu combien de fois ?

- 3 fois.

- eh ben t'es un sacré lecteur pour une daube pareil.

- c'est pas comme si j'avais une bibliothèque avec moi, Sirius.

- tu en aurais une si facilement en acceptant quelque chose, Remus.

- c'est toujours non. Soupire-t-il à cette énième tentative.

Sirius haussa les épaules à cet échec et attrapa le livre. Il était en tout aussi bon état qu'à son arrivé.

- ça m'étonne que tu n'es pas déchiré les pages du livre pour une super après-midi origami.

- je l'aurais fait si tu ne m'avais pas dit que c'était à ton frère. J'imagine qu'il n'aurait pas aimé.

- nan. Il m'aurait tué à la moindre page pliée. Mais t'avais l'air d'être aussi maniaque que lui donc j'ai pris le risque. Tu me racontes la story de ton livre ?

Ils passèrent une bonne heure à parler. Du livre, de poudlard, de leur vie. Sirius était déjà à sa quatrième cigarette, il ne voyait pas vraiment le temps passé. La discussion était plaisante, agréable, comique. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas parlé avec quelqu'un comme ça. Quand il discutait avec les gens d'ici, c'était dans un but. Ils ne parlaient jamais de tout et de rien comme avec Remus. On ne lui a jamais parler d'un philosophe moldu, raconter des anecdotes de poudlard ou demander de parler du cours de sa journée. Il profitait juste, ce n'était même plus du ressort de sa mission ce qu'il faisait. Il ne devrait même pas.

- je peux en avoir une ? Demande le châtain.

Il fut surpris de sa demande mais sourit.

- tu fumes, toi ? Demande-t-il sans pouvoir s'empêcher de sourire.

- j'avais arrêté il y a quelques années.

- et tu vas reprendre après autant de temps ? Demande-t-il en lui donnant malgré tout une cigarette.

- je suis enfermé dans une putain de cellule, ma dépendance au tabac peut aller se faire foutre pour le moment.

- vu comme ça. Dit-il simplement en la lui allumant avec son briquet.

Il la porta à ses lèvres et inspira profondément. Bordel ce que ça lui faisait du bien. Le tabac lui avait tellement manqué, son odeur, le goût, tout. Il ferma les yeux, profitant de ce petit plaisir. Il en avait assez de tout ce cirque, de cette cellule, de ce sol froid, de ce silence persistant durant des heures. Ça faisait déjà 5 jours qu'il était ici. Il était épuisé.

- écoute Remus, je serai parti pendant 2 semaines. J'ai quelque chose d'urgent à faire. Tu comprends que je ne serai pas ici, ça sera donc quelqu'un d'autre qui va venir te voir pendant mon absence. Un simple garde j'imagine. Il sera beaucoup moins cool que moi. Tiens. Dit-il en sortant un livre de sa poche intérieure.

Remus était bien loin d'être ravi de cette nouvelle. Il prit malgré tout le livre. C'était une bonne brique, de la littérature.

- je l'ai acheté en ville hier. Il est à moi. Tu pourras t'amuser à en faire des confettis sans crainte.

Le chatain caressa la tranche de livre en acquessiant.

- l'autre ne fera certainement pas plus que ďe te rapporter de la nourriture et tout aussi vite partir. Je vais changer tes bandages une dernière fois. Enleve tes vêtements, je vais t'en donner des propres.

Sirius sortit pour attraper des bandes medicales et des vêtements. Remus s'était déshabillé pendant ce temps, restant en caleçon. Il se rassoit à ses côtés et le soigna tranquillement, comme à l'habitude.

- regarde, tes blessures sont quasiment guerries. Dans 2-3 jours il n'y aura plus rien. Tu seras de nouveau beau comme un étalon.

Le chatain pouffa à cette remarque. Il ne sera jamais bon comme un étalon. Il avait déjà tellement de cicatrices. Elles se battaient pour détenir le peu de territoire vierge de sa peau. Sirius dû sentir le sentiment négatif le parcourir car il avait passé sa main dans sa tignace pour les ébouriffer d'un geste affectif. Il ouvrit grand les yeux en l'observant faire. Ils avaient des bons liens, il n'avait jamais retenté de s'enfuir donc le noiraud lui octroyait beaucoup de choses. Il était gentil d'une certaine façon à son égard, le traitant correctement au vu de la situation. Mais il n'y avait jamais eu de gestes sentimentaux entre eux. Il y avait peut-être eu quelques paroles consolatrices, mais certainement pas de geste. Il ne le touchait que pour le soigner. D'un coup, ça provoqua un sentiment de manque chez Remus. L'affection, la chaleur du contact, la douceur de la compagnie lui manquait férocement. Il n'avait jamais été très tactile, mais il avait soudainement envie que quelqu'un le serre dans ses bras et ne le lâche plus. Il devait vraiment se sentir seul pour que son envie ne soit plus de sortir mais d'un contact humain. Après tout, même en sortant, il serait seul. Sortir ne réglerait en rien ce soudain besoin affectif. Il secoua la tête, réprimant ses désirs à l'intérieur de lui.

- moi aussi j'ai des cicatrices. C'est pas si terrible en fin de compte quand on y pense. Ça ne nous change pas tant que ça. Il faut simplement parfois accepter les choses qu'on ne peut pas changer. Lui dit-il en enlevant doucement sa main.

Sirius avait toujours été blagueur, rarement sérieux comme ça. Il voyait peut-être même une certaine mélancolie à travers lui. Remus se dit soudainement que ça ne lui allait pas. Le sourire idiot et les blagues lui allaient mieux, pas les devises philosophiques morbides comme celle-ci. Non, ça ne lui allait définitivement pas.

- Socrate n'a qu'à bien se tenir face à toi. Dit-il en lui adressant un sourire timide.

- je suis la réincarnation même de Socrate, Remus. Tu liras bientôt mes écrits tu verras.

- tu écris ? Demande-t-il, le sourcil relevé.

- oui, des rapports. Désolé je n'ai pas de journal intime que tu pourrais lire. Sourit-il en serrant le dernier pansement.

- même si je n'avais plus que tes rapports ici je ne les lirais pas. Entreprend plutôt le commencement de ton journal intime.

- mes mémoires attendront mon retour. Allez. J'y vais. Déclare-t-il en se redressant.

Comme d'habitude, il partit par les escaliers, lui adressant un dernier signe de main avant de disparaître pendant 2 semaines.
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