CHAPITRE 2 | Lévi Hofferson

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Lévi Hofferson


"J'aurais aimé que ça se passe autrement."
— 𝒟inos


PADDOCK DU CIRCUIT DE MONACO,
05 mars 2024, 13h58.
Jour de course.

— Je pense que tu ne participeras pas beaucoup, m'explique ma chargée de presse avec une petite mine. Aujourd'hui, les journalistes vont surtout creuser le personnage qu'est Raven. Mais reste quand même attentif, ce sera l'occasion d'en apprendre un peu plus sur elle.

Je ne peux pas râler, pas dire mon mot, parce que ce scénario est tout ce que j'espérais. Me taire et visualiser en tête la course dont le départ sera pris dans deux heures est l'idéal pour moi. Avant de monter dans cette monoplace dont je ne connais pas encore le caractère, je me dois de réfléchir à l'essentiel, c'est-à-dire, le départ. Le circuit de Monaco est un des tracés les plus spéciaux sur lesquels je n'ai jamais roulé. Étroit à cause des deux mètres de large de nos voitures, ce parcours demande avant tout de la stratégie de la part du pilote pour gravir les positions. Au niveau de ses freinages, ainsi que de sa vitesse, on reste sur quelque chose qui n'est pas commun ; au contraire de la plupart des circuits, celui de Monaco est un testeur même du frein. De ses courbes compliquées à aborder, de ses virages lents, et de la distance qui sépare, justement, chaque virage, je pense que le tracé de cette principauté est l'un des moins rapides, ne serait-ce que le moins rapide de la saison.

— Hum... Ton oreillette fonctionne ? m'interpelle de nouveau la femme face à moi.

— Oui, elle fonctionne.

Elle m'observe quelques secondes avant de mettre son attention sur sa tablette sur laquelle est indiqué mon planning d'interviews pour aujourd'hui. Je ne prête pas tant ma concentration à ses faits et gestes, je préfère tenir mon regard sur la porte qui nous sépare de la conférence de presse, là où nous entrons tout juste, ma coéquipière et moi. Dans la salle, tous les journalistes détaillent une dernière fois leur fiche de questions, vérifient leur micro, pendant que leur caméraman font des derniers ajustements à leur appareil.

De notre côté, nous montons sur une estrade où est placé un bureau pouvant accueillir deux personnes. Raven se place à ma droite tout en détaillant les micros installés face à nous ainsi que les bouteilles d'eau. J'essaie de comprendre si elle ressent quelque chose de spécial, que ce soit de l'angoisse ou de la joie, mais elle ne montre rien. J'abandonne alors, et me résous à balayer du regard le monde qui se présente devant nous.

Une fois qu'il est l'heure de commencer, je soupire un peu, mais pas trop pour éviter que les autres m'entendent. Un homme au micro nous informe du prénom du journaliste qui va prendre la parole en premier : un certain Adam DuBois qui travaille pour Canal plus.

— D'abord, bonjour, sourit l'homme désormais levé dans la foule. Raven Sadvoski, c'est un honneur de participer à votre première conférence de presse en Formule 1.

Je me tourne vers la concernée qui étire ses lèvres dans un petit hochement de la tête.

— Sans passer par quatre chemins, je voulais savoir quel était votre objectif pour cette saison. Vous êtes une rookie, talentueuse et déterminée, peut-être que vous pouvez chercher le championnat cette année ?

Drôle de question. C'est assez rare que les journalistes aillent droit au but avec les nouveaux arrivants ; ils prennent plutôt toujours le temps d'apprendre à les reconnaître, de comprendre leur mentalité, leur façon de penser, de percevoir les choses. Pourtant, ça ne perturbe pas la jeune pilote comme je serais mené à le croire.

— Merci des compliments, ça me fait chaud au coeur, se moque-t-elle, suivie par les rires des autres dans la pièce. Pour le moment, je ne suis pas en capacité de me donner un objectif pour cette saison. J'ai été douée en Formule 2 et en Formule 4, cependant, le niveau en Formule 1 est bien différent. Chaque pilote change, chaque caractère change, chaque bataille change, et chaque pilotage change. Mais... Si je suis au niveau de cette catégorie comme le pense la famille de Red Bull, peut-être que je pourrais m'inviter à la lutte pour le championnat, effectivement.

HOFFERSON | 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant