CHAPITRE 4 | Lévi Hofferson

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Lévi Hofferson


"Ton amour m'a mené à une guerre contre moi-même."
— ℰmma 𝒮amary


Ce n'est pas le genre de bar riche où tout le monde se vente de son dernier bijoux acheté au premier prix. Non, c'est plutôt le genre de bar fait pour les alcooliques qui dépensent leur tune afin de mourir plus tôt.

Assis sur une chaise-haute, je suis adossé sur le comptoir en attendant impatiemment mon simple verre d'eau. Capuche sur la tête, casque caché sur mes cuisses, je souhaite que personne ne me reconnaisse. De plus, j'ai l'air ridicule ; mes yeux sont rouges et gonflés, et mes cernes violettes se font sûrement voir à des kilomètres. Ce qui est certain est que je ne suis pas en état de parler à des fans, ou même de faire des photos. Surtout les photos.

Lorsque mon verre arrive je fais un faible sourire au barman dans le but de le remercier, mais j'ai l'impression de plus lui faire peur qu'autre chose vue la gueule qu'il tire. Je ne bois pas tout de suite, repensant à la discussion que je viens d'avoir avec Raven.

Enxio y est pour quelque chose.

J'ai envie de savoir qui est ce type, ce qu'il a bien pu faire à mon père. Sadvoski pense que je vais juste enquêter auprès d'elle pour savoir comment s'est passé l'accident, mais je vais aussi chercher du mieux que je pourrais qui est cet inconnu car ma coéquipière ne me le dira pas de si tôt.

Je me fais tirer de mes pensées en voyant quelqu'un arriver à côté de moi. C'est un homme d'une quarantaine d'année, portant une veste en cuir qui grince à chacun de ses mouvements. Il s'est accoudé au comptoir, laissant son bras tendu sur celui-ci. Je peux apercevoir ses nombreuses bagues assez basiques, noires et grises. J'entends sa voix rauque résonner par-dessus le brouhaha ; il commande une bière avant de s'assoir à mes côtés.

Je sens son regard brûlant sur moi alors je fronce des sourcils, me demandant si il m'a reconnu ou si c'est juste un alcoolique qui compte me casser la gueule dans les plus brefs instants. Et dans les deux cas, ça ne m'arrange pas, surtout lorsque je sens sa main agripper ma capuche pour me la retirer. Dans l'immédiat, je tourne la tête vers lui en m'apprêtant à partir ou l'engueuler, mais le visage que j'aperçois me fait écarquiller les yeux.

Oh bordel, pas lui.

Stanley Elska. Un ancien pilote de Formule 1 Réunionnais ayant arrêté sa carrière juste après un accident. Certains disent qu'il a mis un trait au sport automobile car cet accrochage lui rappelait bien trop celui de Johnny dont il était le meilleur ami, et d'autres crient qu'il a juste compris qu'il n'était plus fait pour ce sport. Et même si il était proche de mon père, je ne l'ai jamais vraiment apprécié.

Je pense qu'il ne peut pas me saccader non plus. Les seules fois où il m'a adressé la parole étaient pour me dire que je pilotais mal, que je n'étais qu'un gamin égocentrique ou ce genre de chose. Ça fait déjà un an que nous nous sommes pas vus, je pensais qu'il allait m'oublier mais cette vieille peau est apparemment obstinée à m'embêter.

— Hofferson, quelle surprise ! rit-il d'un ton ironique tout en souriant au serveur qui lui tend sa boisson. Tu n'es pas censé dormir à cette heure-là, comme un bon pilote le ferait ?

Je souffle d'agacement, m'affalant dans mes bras croisés tout en continuant de le fixer froidement.

— Je suis en train de déprimer, Stan, grogné-je. Tu aurais pu choisir un autre moment pour m'adresser la parole. Et tiens, tu peux toujours le choisir tant que tu y es.

HOFFERSON | 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant