HOFFERSON | 1

CHAPITRE 7 | Lévi Hofferson

Lévi Hofferson

"La tolérance c'est aussi apprendre que les autres peuvent souffrir autant que toi."
— ℰmma 𝒮amary

PADDOCK DU CIRCUIT DE BARCELONE,
17 mars 2024, 18h32.

Je pensais que Raven Sadvoski était une bonne personne. Merde, pour une fois elle ne s'était pas montrée froide ou juste désagréable lorsque nous étions avec Théo et Adèle.

Que tu le veuilles ou non, Atlas est ton père.

Cette phrase s'est répété dans ma tête toute la journée, elle tapait contre les parois de mon crâne et se répandait dans mon esprit comme une affreuse coulée venin. C'est étrange car derrière ces paroles ma coéquipière sait ce que j'ai vécu, elle sait ce qu'Atlas m'a fait subir...

À présent, un froid s'est réinstallé entre nous.

Et actuellement, nous attendons comme deux abrutis que Stan vienne nous chercher afin de pratiquer notre premier entraînement. Je suis prêt à parier qu'il nous a oublié.

Pour patienter, j'observe ma coéquipière de loin. Quelques mètres nous séparent et tant mieux pour nous. Elle scroll sur son téléphone, ce qui me fait repenser au message que Ryo m'a envoyé il y a de ça une heure — contre le grès de sa sœur, de ce que j'ai compris — pour m'expliquer qu'elle regrettait ce qu'elle avait dit, qu'elle ne le pensait pas.

Je souffle un bon coup pour me remémorer notre fameuse discussion. Déjà, j'ai perdue toute ma dignité. Je me suis énervé contre elle, je me suis tellement senti ridicule quand Alaska m'a rassuré juste après.

Et c'est tellement frustrant d'essayer de détester quelqu'un, de se persuader de le haïr, mais de ne pas y arriver. Après ce qu'elle m'a dit je lui en veux, c'est évident, mais je n'en ai pas envie. J'ai besoin de lui demander pardon vue la manière dont j'ai réagis, ou soit j'ai envie de lui en foutre une pour ce qu'elle m'a dit. Mmh, petit doute. C'est de ce genre de dilemme dont je parle, je la haie comme je l'aime pour une raison évidente au fond de moi mais que je peine à l'assumer.

Enfin voilà, c'est la merde.

En parlant de merde, je vois au loin Stanley arriver en trottinant comme une fleur alors qu'il nous a laissé nous geler dans le froid de mars pendant une trentaine de minute, sans compter qu'une abominable flemme s'est emparée de moi, cela dit courir est mon pire cauchemar ce soir.

Je le regarde dans les yeux et y déchiffre une honnête expression de « désolé d'avance ». J'imagine alors que notre entraînement est annulé. Ce qui m'arrange en soit parce que j'avais autres choses à faire de ma soirée comme par exemple aller parler à Abi. Ça paraît étrange dit comme ça, mais j'ai réussi à trouver l'hôtel où elle loge et le numéro de sa chambre. Et comment ? Grâce à sa meilleure amie, Olivia qui est devenue hystérique en pensant que je ressentais enfin quelque chose pour sa copine. Au fond, je m'en veux de la faire espérer pour rien.

— Je suis désolé, j'ai eu un contre-temps, finalement il n'y aura pas d'entraînement ce soir. On se reverra une prochaine fois, nous informe Stanley.

Je ne réponds pas et pars sans même le regarder. Je fourre comme par automatisme une main dans une des poches de mon jogging avant de me diriger vers le parking des pilotes. Aujourd'hui j'ai dû venir en voiture, je suis un peu déçu mais ma Shelby GT500 m'avait plutôt manqué.