VI - Keep our secrets

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(-L-)

Je lui adressai un regard complétement déboussolé, les yeux écarquillés.

- Je pensais que c'était toi qui m'avait oublié, répliquai-je sur le même ton qu'elle.

- Comment j'aurais pu ? chuchota Roseanne.

- Pourquoi faire comme si on se connaissait pas, alors ?

- Je te retourne la question.

Nous nous contemplâmes sans rien dire, encore en train de digérer les propos de l'autre. Elle était littéralement en train de me reprocher ce qu'elle avait elle-même initié et cela avait le mérite de m'agacer.
Je retrouvais son caractère désagréable de la soirée.

- Si je ne t'avais pas posé la question, tu aurais fait comme si de rien était, attaquai-je sans transition.

- Ce n'est pas toi qui est dans la position la plus délicate, se défendit-elle.

- Vraiment ? Si tes parents apprennent ce qui s'est passé entre nous, ils ne voudront jamais investir dans le projet de mon père.

Mon interlocutrice se tut, se bornant à me fixer sans rien ajouter. Je soupirai, embêtée par la situation complexe. Je n'aurais jamais du aller l'aider ce soir là, tout serait beaucoup plus simple.

- Écoute, fit-elle tandis que je me tâtais à quitter la pièce. Ce n'est ni dans mon intérêt, ni dans le tien que nos parents soient au courant.

Je me retournai vers elle, écoutant ce qu'elle avait l'air de s'apprêter à proposer.

- Trouvons un compromis.

Je la dévisageai, patientant pour que cette dernière développe son idée, qui, d'après mes pressentiments, allait s'avérer quelque peu tordue.

- Je ne dirais rien sur le baiser à condition que tu gardes mon secret.

Je mis une demi seconde à considérer son offre et me rendis compte que je n'avais pas d'autre option, étant donné que les répercutions de cette soirée seraient plus difficiles à gérer de mon côté.

Si les parents de Roseanne avaient vent de ce que j'avais osé faire à leur précieuse fille, ma famille allait en prendre un sacré coup.

Mais, d'un autre côté, s'ils étaient au courant des projets de fuite de cette dernière, la situation deviendrait catastrophique pour elle.

Toutes les deux, nous étions reliées par le poids de nos cachoteries.

Ils valaient mieux que tout cela reste entre nous, pour éviter un cataclysme certain.

Roseanne me tendit pour la seconde fois sa main et je la saisis fermement avant de lui donner une légère secousse.

- Faisons ça, lui accordai-je.

Elle parut soulagée d'entendre ces mots de ma bouche et sembla se détendre. Mon interlocutrice avait sans aucun doute compris que faire des affaires avec moi n'était pas une partie de plaisir.
Si l'avenir de mon père n'avait pas été dans l'équation, je n'aurais jamais accepté ce marché stupide.

- On devrait faire semblant de bien s'entendre quelques temps, pour jouer le jeu devant nos parents. Après ça, on s'oublie, ajoutai-je.

Mes dernières paroles semblèrent la contrarier quelque peu mais le fait qu'elle ne relève rien m'obligea à garder le silence sur mes interrogations.
Loin de moi l'idée de lui faire croire que je m'intéressais un temps soit peu à elle.

To our Lonely HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant