XIII - Don't be sorry

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(-R-)

Je pliai calmement mes vêtements et les rangeai dans mon armoire, pensive. Puisque je n'arrivais pas à dormir, j'avais décidé de me rendre utile et de faire un peu de ménage dans ma chambre.

Je ne pouvais m'empêcher de songer à Lisa, en cette nuit froide, que je savais à la soirée d'une camarade de classe. J'avais, bien sûr, refusé d'y mettre un pied, ne désirant pas reproduire le désastre qu'avait été ma dernière escapade nocturne.

Cependant, j'avais du mal à penser à autre chose qu'à Lisa, depuis notre dispute. Nous ne nous étions plus adressées la parole et cela me semblait faire une éternité que je ne l'avais pas réellement vue.
Aussi désagréable que cela puisse être pour moi de l'admettre, elle me manquait.

J'avais pris la mauvaise habitude de la voir tous les jours, au lycée et en dehors, ce qui expliquait le vide que ce conflit laissait dans ma vie. En plus de ce problème, mes parents n'allaient pas tarder à rentrer de leur voyage d'affaires, ce qui impliquait la reprise des diners en fin de semaine chez les Manoban. Je n'avais aucune envie d'y retourner en étant en si mauvais termes avec leur fille.

Mon portable vibra soudainement, me faisant tressauter et lâcher la veste que je tenais entre mes mains. Je le saisis à la place et découvris avec surprise que c'était Lisa qui m'appelait. En vue de l'heure tardive et du contexte dans lequel elle se trouvait, je n'hésitai pas une seconde à décrocher.

- Lisa ? m'étonnai-je.

- Non, c'est Jennie, rectifia son amie à l'autre bout du fil.

- Pourquoi tu m'appelles avec son portable ? Tout va bien ?

- Lisa est complétement saoule et je ne peux pas la ramener tout de suite.

Je mis un instant à analyser la situation, réfléchissant à ce que j'avais à faire là-dedans.

- Ça m'embête de te demander ça mais...tu pourrais t'en occuper ce soir ?

Je soupirai et lançai un coup d'œil à l'horloge murale qui indiquait déjà minuit passé. Jennie ne devait sans doute pas être au courant de notre relation actuelle.

- On s'est disputée et...

- Je sais, m'interrompit-t-elle.

Je l'entendis souffler d'un ton inquiet avant qu'elle n'ajoute :

- Lisa le vit très mal.

J'eus besoin d'une dizaine de secondes avant de pouvoir réagir, tant cette déclaration soudaine m'avait prise de court.

- Elle a besoin de toi, Rosé.

Mon cœur se serra et je ne pus murmurer qu'une chose avant de raccrocher :

- J'arrive.

Je descendis les escaliers à toute vitesse, ne me laissant pas le temps de regretter la décision que je venais de prendre sur un coup de tête. Tandis que je me dépêchais d'enfiler mon manteau et mes baskets, Alice débarqua dans l'entrée en peignoir de chambre, ses cheveux attachés dans un chignon défait, une tisane à la main.
En me voyant, elle fronça les sourcils d'un air confus et se frotta les yeux comme pour vérifier qu'elle ne rêvait pas.

- Je peux savoir où tu vas, Rosie ?

- Lisa est bourrée, je vais la ramener chez elle, abrégeai-je en nouant mes lacets à la hâte.

Alice tourna la tête vers l'horloge de la cuisine.

- T'as vu l'heure ?

- Je serais rentrée d'ici 1 heure, répliquai-je.

To our Lonely HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant