5. Interrogation

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Owen : en photo

Depuis l'accident tragique qui a coûté la vie à Harper, les enquêteurs avaient convoqué tous les témoins de la fête.

Le poids de la perte s'était abattu sur nous tous, mais pour moi, il était devenu une charge insoutenable. Chaque jour, la tristesse me submergeait, me volant l'appétit et le désir de vivre.

Les souvenirs de Harper, autrefois si lumineux, semblaient désormais teintés de mélancolie.

Malgré les interrogatoires incessants des enquêteurs et les questions des autres convives de cette funeste soirée, personne n'avait vu Harper monter sur le toit.

L'enquête progressait lentement, et je savais qu'il me fallait agir.

Aujourd'hui, j'étais la conviée du commissariat. Chaque pas que je faisais vers ce lieu chargé d'attentes et d'incertitudes était un pas de plus dans l'obscurité. Les preuves que j'avais rassemblées étaient mon unique lueur d'espoir dans cette quête pour la vérité.

Mon cœur battait comme un tambour dans ma poitrine alors que je fixais le commissariat. L'air avait un goût âpre de tension, et j'hésitai quelques instants à franchir ses portes. La froideur du métal sous mes doigts en ouvrant la porte contrastait vivement avec la chaleur de mes souvenirs d'Harper. Le commissariat était un lieu de vérité, et j'étais déterminée à la trouver, quelle qu'elle soit.

Je me suis dirigée vers le comptoir d'accueil du poste de police, le cœur battant la chamade, où l'on m'a demandé de monter au deuxième étage. L'odeur légèrement aseptisée du poste emplissait l'air, tandis que le doux bourdonnement des conversations en arrière-plan créait une ambiance à la fois pesante et familière.

Je répétais mentalement le scénario que j'allais partager avec les enquêteurs. Face à moi, une porte massive s'ouvrit, laissant apparaître Owen. Nos regards se croisèrent, et je lui adressai un sourire timide, cherchant du réconfort dans cette situations  éprouvante. Owen répondit à mon sourire, comprenant mes inquiétudes silencieuses.

Puis, prenant une grande inspiration, j'entrai dans la salle d'interrogatoire. Les sons assourdis du poste de police m'accompagnaient, le murmure de conversations étouffées, le grincement lointain d'une chaise, et le cliquetis d'une machine à écrire ancienne qui faisait écho à travers les murs.

L'inspecteur Parker m'attendait déjà dans la pièce. Les traits de son visage semblaient figés dans une expression de sérieux professionnel. Avec précaution, j'étalai les captures d'écran des messages étranges et menaçants devant lui.

Le silence pesa lourdement pendant quelques instants.

Puis, l'inspecteur brisa ce silence : "Je pense que cela ressemble plus à un suicide. Il est possible que ce soit le résultat de mauvaises plaisanteries de personnes tordues."

Je fus immédiatement en désaccord avec cette conclusion. Ça n'a aucun sens, répliquai-je, les mots sortant de ma bouche avec fermeté. Je connais Harper mieux que quiconque. Elle était une fille pleine de vie, elle n'aurait jamais fait ça.

L'inspecteur tenta de défendre son point de vue en disant : Oui, mais cela signifie que quelqu'un peut être épanoui en apparence tout en ayant des pensées sombres.

Ma frustration grandissait. "Je vous assure que ce n'était pas un suicide. Il y a quelque chose de plus profond qui se cache derrière tout ça."

Je n'arrivais pas à accepter sa conclusion, pas après avoir présenté toutes les preuves à ma disposition : les messages mystérieux, les menaces proférées à mon encontre, et la mystérieuse entrée de l'homme cagoulé dans la chambre de Harper.

Je pense que tu es affecté par la mort de ta meilleure amie et tu refuses la réalité qu'elle était malheureuse dans ce monde, ajouta-t-il, essayant peut-être de me faire comprendre.

C'était inadmissible d'entendre ces mots sans fondement. La frustration atteignit son paroxysme, et je me levai brusquement en hurlant sur l'inspecteur Parker.

- Allo ! On parle d'une jeune femme de 18 ans qui a été assassinée. Vous voyez la photo ? Et regardez cette voiture, vous voyez un homme également capuché. Et ces messages que j'ai reçu en texto. Vous êtes aveugle ou quoi ? Bordel de merde !

L'inspecteur me réprimanda fermement : Écoutez, je comprends que vous soyez en colère, mais je vous rappelle que vous êtes dans un poste de police. Je vous interdis donc de me parler ainsi et d'insulter mon travail. J'ai plus d'expérience que vous, Mademoiselle Cooper.

Je me rassis, bouillonnant de frustration et d'impuissance. J'étais la seule à voir que ce n'était pas un suicide.

L'inspecteur Parker me suggéra de consulter un psychologue, affirmant que le choc m'avait peut-être affectée. Sa remarque était insensée, mais je choisis de ne pas répliquer.

Je rassemblai toutes les preuves que j'avais présentées et les rangeai dans mon sac.

L'inspecteur Parker émit un jugement final : "Nous allons classer cette affaire sans suite pour un suicide."

La pièce était devenue étouffante. Abandonnant tout espoir de persuasion, je sortis de la salle d'interrogatoire, désemparée.

Après cet interrogatoire frustrant, je me rendis au bord de la Seine, notre lieu de rendez-vous chaque samedi soir avec Harper, pour pique-niquer et admirer le coucher de soleil. Mon esprit était en ébullition, car j'avais du mal à accepter que je sois la seule à penser que ce n'était pas un suicide.

Allongée sur le dos, les mains derrière sa tête, Bianca observait le ciel tout en ayant une photo de Harper posée à ses côtés.




Harper, je te promets de trouver celui qui a mis fin à ta vie.




Tout à coup, une légère brise vint caresser mon visage, apportant avec elle le doux parfum de l'eau de la Seine. Mes pensées étaient en ébullition, tourbillonnant comme les eaux de ce fleuve majestueux. Mon téléphone vibra soudain, me tirant de ma rêverie.

*




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C'était un message inattendu


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La suite dans le prochain épisode

L'ombre de la véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant