Chapitre 7

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Il y a 14 ans

Un nouveau compagnon

Et voilà le début des vacances que tout le monde a attendu, sauf moi. Je ne veux pas paraître pessimiste, mais je n'ai jamais aimé les vacances d'été. Passer 2 mois en compagnie de mon frère qui ne souhaite pas travailler est une torture journalière. Quelle joie pourrais-je éprouver en passant du 1e étage de l'enfer au 2e étage de l'enfer ? Aucune.

Ma tête est collée à la vitre passagère de la voiture de mon père, mon regard focaliser sur la couverture rouge métallique que j'aperçois dans le rétroviseur extérieur. Mon esprit est silencieux. A côté, mon père m'explique sa journée, mais je n'arrive pas à l'écouter. Mes émotions semblent avoir disparu et je souhaiterais fortement me poignarder le cœur pour ressentir une once de vie. Le trajet fini plus vite que je ne l'aurais pensé, mon père se gare dans notre cours. La voiture de ma mère est déjà là, ce qui signifie qu'elle a fini plus tôt que prévu. Etrange. En mon for intérieur, je remercie mon père de ne pas être allé chercher Williams aujourd'hui. Qui sait, ce trajet en voiture sera peut-être le seul moment de détente dont j'aurais eu le droit.

J'ouvre ma portière, récupérant mon sac à l'arrière de la voiture et commence à monter le petit chemin en pavé remontant à la maison lorsque mon père se pointe brusquement à côté de moi. Directement, des questions se pointent dans mon esprit. Ai-je fait quelque chose de mal ? Vais-je me faire punir ? Y-a-t-il une mauvaise nouvelle à laquelle je dois me préparer ? Mes doutes s'estompent peu à peu lorsque je remarque que c'est finalement un large sourire qui se dessine sur les lèvres de mon père. Mon scepticisme reste cependant toujours présent.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je demande, les sourcils légèrement froncés.

- Rien du tout. Donne-moi ton sac je vais l'amener à la maison.

Son ton joyeux laisse une légère marque de douceur sur mon cœur abimé. Le voir heureux me rend heureuse. Je lui tends alors mon sac à dos, qu'il prend avant de jeter un regard vers notre porte d'entrée. Instinctivement, mon regard suit la ligne du sien pour y découvrir ma mère, le même sourire aux lèvres, dans une longue robe blanche, lui allait parfaitement au teint mate. Avant même que je ne pose une question, un éclair à la teinte beige jaillit entre les jambes de ma mère pour foncer droit vers moi. Mais qu'est-ce que... Sans avoir le temps de réagir, la bête se jette sur moi, me faisant tomber sur la pelouse derrière moi. La douleur n'est pas aigüe. Au contraire. Je crois n'avoir jamais été aussi heureuse de tombée. Cette fois, je peux porter toute mon attention sur l'animal qui continue de me martyriser. Ses prunelles d'un brun profond me font chavirer et sa queue se balançant dans l'air m'amène déjà à lui porter un amour inconditionnel. Je relève la tête vers mon père que ma mère a rejoint, et leur affiche mon plus beau sourire. L'humidité qui commence à remplir mes yeux me floute quelque peu la vision mais aujourd'hui, ce n'est pas grave.

- Vous avez pris un chien ? je demande, plus qu'euphorique.

- Oui, me répond ma mère, posant sa main sur le bras de mon père. Nous avons pensé que ça te ferait du bien d'avoir un compagnon. Comme William va bientôt entrer à l'université, nous ne voulons pas que tu te retrouves seule.

Williams va partir à l'université ? Cette fois, de vraies larmes de bonheur coulent le long de mes joues. L'animal en face de moi vient directement les lécher, visiblement heureux d'être avec moi.

- Merci, merci beaucoup. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me fait plaisir.

Mon petit compagnon à la robe beige, un labrador si je ne m'abuse. Il doit avoir à peine 3 mois et je sens qu'entre lui et moi, une vraie amitié va pouvoir se créer. Son regard empli d'amour me le prouve. Il me prouve que je suis un être qui peut encore être aimé, que je ne suis pas totalement meurtri et qu'une part de moi peut être encore utilisée.

- Comment on t'appeler petit bonhomme ? je lance à celui qui a une énergie dopée à la caféine.

- Nous sommes sur l'année des W, ajoute mon père.

Un nom en W alors. Je continue de l'étudier, cherchant le nom parfait pour sa petite bouille. Il ne me faut que quelques secondes avant de prendre la tête de mon futur meilleur ami pour lui proclamer le nom qui lui ira à merveille.

- Désormais, tu t'appelleras Winnie.

- Winnie, est un nom parfait, renchérit ma mère.

Relevant la tête vers eux, mon sourire ne s'évapore pas. Une bulle de bonheur m'entoure, s'étendant jusqu'à notre nouvel animal de compagnie. Je m'amuse en lui frottant la tête, l'écoutant haleter tout en amenant mordillant ma main. Mon rire se répand dans chaque parcelle de mon corps.

Nous passons bien une bonne heure à jouer tous les quatre dans notre jardin en face de la maison. La balle en mousse que maman à acheter pour Winnie a bien servi puisque nous l'avons inlassablement lancée à tour de rôle dans le jardin pour la revoir revenir dans la gueule du labrador, heureux d'avoir une nouvelle famille. La sueur commençant à perler sur mes tempes, plus rien ne peut casser ma joie. Et je suis pratiquement certaine que cet été ne suivra pas la trame des autres étés auxquels j'ai assisté durant mes douze ans d'existence. Non. Cet été sera le meilleur été de ma vie. J'en suis certaine.

Coupable ou Innocente ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant