Retour au présent.
Il y a des jours, où se lever est déjà en soi une mauvaise idée. L'univers, dans sa grande mansuétude, nous envoi des signes (plus ou moins discrets) que non, il ne faut pas quitter son lit. Encore moins son appartement.
Pour moi, ce matin-là, l'univers fut des plus inventifs. Il avait attendu que je sois prête. Habillée de ma superbe chemise blanche, seul haut propre et repassé, que j'avais encore en stock, pour faire imploser ma tasse. Je ne savais même pas que c'était possible une implosion de tasse. Qui bien évidement était pleine de café.
Je lâchais un cri en même temps que l'anse, où ce qu'il en restait, en sautillant sur place. Cette saloperie de café m'avait brûlé le haut de mon décolleté, là où je n'avais pas encore fermé les boutons. En arrachant à moitié ma chemise pour appliquer un gant mouillé, je pris fortement en considération le fait de rester chez moi. Malheureusement, ma vie étant ce qu'elle était, je ne pouvais pas. Pas que j'en rêvais, mais j'aimais l'idée d'avoir le choix.
Je soupirais en nouant à mon cou, un foulard en soie. Il cachait astucieusement mes seins, plus découverts que je ne pouvais le tolérer. Pas question de sentir le frottement de ma chemise en coton sur ma brûlure. Maudissant cette journée qui s'annonçait plus que mal, j'enfilais ma veste et me mis en route pour le travail.
J'arrivais pile à l'heure, fait rarissime pour moi qui avais toujours au moins vingt minutes d'avance. Mon collègue et supérieur, même si on ne faisait pas partie du même service, trouvait apparemment que j'avais mal choisi mon jour pour être « en retard ». Il me fusillait du regard, statufié devant mon bureau.
- Peut-on savoir pourquoi vous arrivez si tard, mademoiselle Skar ? M'alpaga-t-il de but en blanc.
- Je commence à huit heures. Dis-je en regardant le cadrant de l'horloge au mur, pour appuyer mon effet. Et oh ciel ! Il est tout juste huit heures.
Il devint blême, n'appréciant, de toute évidence, que très moyennement mon air narquois. Dieux merci, je n'avais pas à subir un chef aussi chiant que lui. Petit, imbu de lui-même, il était tyrannique au possible. Les Dieux seuls savaient pourquoi, mon patron ne l'avait pas encore fichu à la porte. J'avais rattrapé assez de bévue du petit tyran, pour savoir qu'il n'était pas irremplaçable, et je n'étais moi-même pas vraiment qualifiée pour le poste, c'était dire ! Les humains étaient complètement illogiques.
Il me fusilla une nouvelle fois de ses petits yeux noirs, tandis que je le contournais pour m'installer à mon bureau.
- Pas la peine de vous asseoir, Joshua vous attend chez lui. Lâcha-t-il, prenant un malin plaisir, à montrer la relation privilégiée qu'ils semblaient entretenir tous les deux, en l'appelant par son prénom.
- Je ne pense pas non, dis-je en haussant un sourcil septique. Il ne m'a rien dit de tel vendredi, et il ne m'a pas appelé ce week-end, pour me faire part d'un changement de programme.
J'étais déjà allée chez Joshua Bennet, une seule fois en fait. Je préférais me faire arracher une dent sans anesthésie, que de devoir remettre un pied chez lui. Sa maison était superbe, le bébé qui partageait sa vie l'était nettement moins. Enfin si. Il était beau, magnifique même, mais je préférais l'éviter, question de survie.
- Il m'a appelé moi, me répondit le petit Staline d'un air suffisant, en bombant le torse comme un coq. Il est malade, vous avez des dossiers à traiter ensemble, alors vous devez y aller point.
Je ne pris même pas le temps d'argumenter, c'était mon travail, je n'avais pas vraiment mon mot à dire. Vaincue, je ramassais mon sac et repris l'ascenseur, adressant un hochement de tête en guise de salut à mon immonde messager.
VOUS LISEZ
Nihil Tome 1 { Terminé }
FantasyUne petite mission de reconnaissance. Aucun droit d'utiliser la magie, une motivation frôlant le zéro absolu, mais surtout aucun moyen de me défiler. Le but était pourtant d'une simplicité enfantine. Suivre deux nouveaux venus dans notre ville, défi...