Chapitre 1

205 18 15
                                    

Il était une fois, sous la mer se trouvait un royaume, ou vivent des sirènes. Celui-ci était gouverné par un roi, Alador Blight, qui avait trois enfants : une paire de jumeaux, nommés respectivement Emira et Edric, et la benjamine Amity.

Les aînés ont des cheveux verts tels les algues (pratique pour se cacher quand un navire humain fait son apparition, disent-ils), tandis que la plus jeune à les cheveux bruns.

Si la fratrie a été élevée dans le but de diriger le royaume un jour, la petite dernière est un peu particulière. Elle fait preuve de rigueur que lorsque un sujet l'intéresse, elle passe beaucoup de temps l'air ailleurs, et surtout, le monde humain la passionne. Et encore plus depuis qu'elle a trouvé dans les profondeurs une statue, représentant une belle jeune femme.

Curieuse passion, alors que chaque habitant du pays apprend dès son plus jeune âge l'histoire de celle qui reste dans les mémoires « la petite sirène », mourant à cause de son amour envers un prince qui n'est pas de son espèce. Cette histoire en a traumatisé plus d'un.

Mais pas Amity. Sa fascination depuis sa tendre enfance dépasse l'entendement. Elle est convaincue que l'histoire n'est pas vouée à se répéter. Et depuis des années, elle échafaude un plan. Un plan pour atteindre le monde terrestre, enfin.




Luz est une princesse humaine, qui s'ennuie tellement dans sa vie !

La jeune princesse a évidemment été élevée pour être apte à gouverner un jour, mais ses parents en doutent. En effet, Luz ne pense qu'à quatre choses : sortir en cachette avec ses proches afin de vivre une vie « normale », fuir ses parents pour éviter de discuter sérieusement, faire ses obligations que quand quelqu'un qu'elle aime bien y participe également, et trouver l'amour.

Ah ça, l'amour. Depuis le temps qu'elle en rêve, avec tout les livres qu'elle a lu sur le sujet. Elle n'attend qu'une chose : ce signe du destin, qui visiblement tarde un peu à arriver. Mais elle ne s'en fait pas, parce qu'elle a paradoxalement peur de le provoquer un peu trop, ce destin.

Comme à son habitude, après avoir rejoint ses cousines et amies Boscha et Skara, elle se rend sur la plage privée attenant au palais, attendant que Willow et Gus en aient fini avec leurs obligations également.




Aujourd'hui, Amity fête ses 19 ans. Enfin, devrait les fêter. Parce que c'est le jour qu'elle a choisi pour aller voir la sorcière des mers. La seule capable de lui donner des jambes. Ou, n'importe quel autre moyen d'aller sur terre, ça lui est égal. Elle profite de ce jour festif où tous seront occupés pour fuir, car jusqu'ici, personne ne l'a soutenu dans sa passion. Il est très tôt, donc personne se met en travers de son chemin. Et puis, ça lui laisse une marge avant qu'on ne la recherche.

La sorcière loge dans une grotte dont, de façon implicite, tout le monde connaît l'emplacement. Plus on essaie de cacher le passé, plus il ressort, suppose-t-elle.

Après presque une bonne heure de nage, la sirène arrive devant l'entrée de ladite cavité. Elle prend une grande inspiration, stressant tout de même. On entend tellement de choses sur cette dame, ainsi que sur sa prédécesseure... 

C'est maintenant ou jamais, se convainc-t-elle.

Elle rentre donc lentement dans l'antre de la sorcière. Finalement, celle-ci se révèle plus propre que ce que l'on dit : les algues ont l'air d'avoir été fraîchement retirées.

Enfin, elle arrive vers ce qui semble être la pièce principale.

- Bonjour... Il y a quelqu'un ? Demande-t-elle.

- Mmh, c'est encore pour écarter l'essence de chez vous ? Je ne peux pas faire ça, partez bon sang !

- Euh, non, c'est pour autre chose.

La sorcière, qui ne l'avait pas vue, étant captivée par le contenu de son chaudron visiblement, se retourne et affiche une expression surprise, avant de sourire quelque peu narquoisement.

- Ah, votre majesté, je vous attendais.

Mouais, si vous le dites.

- Vous venez pour aller chez les Hommes, c'est ça ? Reprend-elle.

Je retire ce que j'ai pensé.

- Oui, tout à fait. Il me semble que c'est possible ?

- Bien sûr ! Je peux vous faire ça aujourd'hui. Cependant, il y a... des conditions, disons.

- Lesquelles ?

- Eh bien, la potion a des limites, donc elle empêche l'usage de certains sens ou aptitudes...

- Comme quoi ? Interroge Amity, impatiente de pouvoir monter.

- De façon aléatoire, en général les sirènes perdent soit l'ouïe et l'usage de la parole en même temps, soit la vue soit l'usage de tes jambes...

Je ne préfère pas demander ce qui se passe quand on ne rentre pas dans la généralité...

- Très bien, j'accepte.

- Mais ce n'est pas tout, ma pauvre enfant, dit la sorcière avec une expression malveillante. Tu comprends, ça serait trop facile sinon. Je SAIS que tu montes pour une humaine dont tu n'as vu qu'une statue... A moins que ta mémoire ne cache autre chose ? Toujours est-il que tu te passionnes d'autant plus pour les bipèdes depuis que tu as trouvé cette statue... Enfin, je m'égare. Tu as une semaine pour éprouver un amour réciproque. Mais pas aimée seulement de façon frivole, non, mais que tu ressentes pour quelqu'un l'amour avec un grand A, et que celle que tu aimes ressente la même chose.

- Et qu'est ce qu'il m'arrive si j'échoue ?

- Comme je suis moins cruelle que ma mère, tu deviendras un poisson rouge.

Bon, voyons le positif : j'ai une semaine au lieu des anciens trois jours, et je ne deviens pas de l'écume mais un poisson rouge... Au moins, j'oublierai rapidement mon échec, si c'est le cas.

- Très bien. Faites moi cette potion quand même, s'il vous plaît.

La petite sirène - version LumityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant