Parfois, il m'est arrive de m'asseoir dans un coin, un coin bien tranquille, à l'abri des regards et de remettre ma vie en question. Je veux dire : qui ne l'a jamais fait ? Je suis assise, là, et je me demande si j'ai fais les bons choix, pris les bonnes décisions, si c'était judicieux de prendre ce beurre en promo à carrefour plutôt que celui que je prends habituellement. Ce genre de trucs, quoi ! Je réfléchis à tout ce que j'ai entendu dans la semaine et à tout ce que l'on m'a dit dans le mois. J'essaye, en gros, de faire une sorte de mini introspection de moi-même et le résultat n'est jamais bien glorieux car pour être honnête, je déteste la personne que je suis.
J'arrive à un âge où, en principe, je suis censée être ce que l'on appelle «une femme accomplie» ce qui peut soit passer par une tolérance à l'alcool incroyable tant je me serais envoyé de verres dans mon adolescence ou mes jeunes années, soit par le fait que j'ai enfin eu l'aval de mes parents concernant cet énième énergumène que j'ai ramené à la maison en leur disant droit dans les yeux «C'est l'homme de ma vie». Problème étant que je ne bois pas car l'alcool me rends tout simplement malade et que je suis le genre de personne que l'on pointe du doigt aux apéros car je prends du Coca et que je n'ai jamais présenté personne à mes parents. Jamais. D'ailleurs, je ne le ferais probablement jamais ! Parce que ce qui est formidable quand on grandit, quand on mûrit, c'est que l'on prends conscience petit à petit de la personne que l'on est plus que celle que l'on aimerait nous faire croire que nous sommes et j'ai appris grâce au copain Google que je suis probablement asexuelle. Se tenir la main ? Ok mais plus ? Beurk.
Plusieurs fois j'ai essayé de me déclarer, de le dire à mon entourage mais à chaque âge pallier où j'ai tenté ma chance j'ai eu le droit à «Ça c'est parce que tu n'as jamais connu un homme, un vrai !» ou «Tu changeras d'avis quand t'auras quelqu'un, tu verras» ou bien «De toute façon qu'est-ce que tu peux savoir sur le sujet ?» Donc ouais, sur le plus ou moins long terme, j'ai arrêté d'essayer de leur dire «Hé ! Je suis encore toute seule cette année pour le repas de famille» car de toute façon ils espèrent et espéreront toujours que quelqu'un se pointe sur le pallier de la porte comme une sorte de «miracle de Noël». Ils peuvent toujours espérer car à ma connaissance, les miracles c'est pour Jésus.
Donc en résumé, pour la société, je ne suis pas une femme accomplie car je n'ai ni procréé, ni l'envie de le faire, ni...Rien de tout cela car de toute façon, est-ce qu'une femme de nos jours peut être reconnue autrement que par son statut de poule pondeuse ? Je ne crois pas.
«Tu peux nous le dire si tu préfères les filles». Ta gueule Tonton Roger, tu ne sais pas même pas dans quoi tu t'embarques, ni même sur quelle pente glissante tu te trouves.
Et c'est comme ça que régulièrement, je remets toute ma vie en question. Comment leur faire comprendre que je suis dans une sorte d'auto-partenariat ? Que je suis bien avec moi-même, que je suis contente et heureuse d'être avec moi-même ? Je veux aller au ciné, j'y vais ! Je veux aller faire les magasins, j'y vais ! Je veux me faire un bon resto, j'y vais ! Je n'ai pas besoin d'avoir forcément quelqu'un pour partager cela et j'aimerais que les gens le comprennent.
Être seul.e n'est pas une tare, une honte, une cicatrice sur votre front. Ce n'est pas parce que vous êtes avec vous-même que l'hymne de votre vie sera cette chanson du Roi Lion 2 «Trahison, Disgrâce». Bien au contraire. Apprenez à être bien avec vous-même. Apprenez à vous connaître, connaître vos limites, connaître ce qui vous plaît à vous et non pas ce qui plairait à autrui car à force de vivre entouré, parfois, on se fond un peu (trop) dans la masse. On a la fâcheuse tendance à vouloir faire plaisir aux autres avant de penser à soi.
Ah cette soirée à laquelle on a pas spécialement envie d'y aller, mais qu'on oserait pas ne pas se pointer de peur de faire du mal à quelqu'un ? De toute façon...Vous connaissez un nom sur la liste des invités autre que le vôtre ?
Ah ces heures supp' que l'on accepte de faire pour dépanner si souvent ce collègue toujours dans la panade ? C'est bizarre qu'il continue de se tourner vers vous, non ?
Je suis une adulte solitaire. Une humaine qui fonctionne en solo. Je vis pour moi et un petit peu pour les autres, mais jamais à travers eux. Je pense à ce qui me ferait envie, ce qui me ferait plaisir.
Je suis une adulte solitaire. Une humaine qui fonctionne en solo. Je marche la tête haute dans la rue car de quoi devrais-je avoir honte en fait ? D'être bien ? D'être heureuse et épanouie ? Oh non.
Parfois, il m'est arrive de m'asseoir dans un coin, un coin bien tranquille, à l'abri des regards et de remettre ma vie en question, puis une fois que c'est fait, je me relève et je me dis que je ne suis peut-être pas si malheureuse que ça tout compte fait. J'ai des plaisirs simples que j'arrive à combler moi-même et je mène une vie, certes peut-être ennuyeuse aux yeux des autres, mais qui me convient et que, sur le long terme, j'ai appris à apprécier.
Parce qu'être un adulte c'est ça et je le sais : C'est apprendre à s'aimer.
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La trentenaire
Short StoryParfois, on se retrouve dans une phase où l'âge est ingrat. Nos amis se marient, deviennent parents ou bien propriétaires, on ne court plus après le bus, mais on râle dans les bouchons et on regrette l'époque où tout était...plus simple. Parfois, o...