Royal Au pt.1「Cette ère est froide」

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    Sept hivers.

   Et chacun d'entre eux s'étaient déroulés dans le confort de coussins en lin, d'une chambre luxueuse et d'une cheminée capable de contenir suffisamment de bûches pour réchauffer le royaume entier. L'avidité de toute forme de richesse émanait de l'aura de chaque résident. Des filles de joie de la cour jusqu'aux dirigeants du pays, personne n'échappait à la tranquillité d'esprit que leur causait cet environnement coincé entre des murs de béton. Une sûreté que personne n'oserait fragiliser.

   Agir était une faute ; penser restait le véritable crime.

« Avancez. »

   Gon obéit. Killua grinça des dents. Deux héritiers pour un trône qu'ils ne désiraient même pas. Alors que le quatorzième fils avait un cœur tourné vers l'aventure et la découverte – une honte que sa seule escapade fut il y a huit ans, tard dans la nuit, seulement pour visiter la boulangerie avant d'être ramené chez lui – et qui n'apprendrait jamais de ses erreurs. Ou les répétait-il sans se soucier de l'avis d'autrui. Killua quant à lui était tel un oiseau solitaire, enfermé dans sa chambre et coincé avec des fers aux pieds, toujours sur le bord de son lit à écouter les histoires de son ami.

   Des esclaves, les a-t-on appelés. Rêveurs, leur a-t-on dit.

« Qui se soucie d'une énième réunion pour les mérites et démérites de ces lèches-bottes ? » Killua a demandé à Gon, haut et fort, attendant que quiconque ose dire quelque chose. Le tintement de ses chaînes contre le sol poli résonnait dans le long couloir. Peut-être même que, si il n'était pas aussi médisant, il aurait pitié de la femme de chambre qui tenait le bout de son entrave. Un chien tenu en laisse.

« Tu parles des fonctionnaires ? » Gon a demandé, auquel Killua se retint de le féliciter de connaître un mot si compliqué. « Il y a une réunion de crise, y paraît. La plupart d'entre eux cherchent seulement à se faire promouvoir dans le cas où nous devrions en virer. J'ai aperçu le doc' Leorio trier leurs dossiers pour qu'on juge qui est utile. Ou qui travaille plus qu'il ne lèche les bottes de la cour. »

   Le garçon aux cheveux blancs fredonna simplement. Si même Gon, de son inconscience frustrante, avait remarqué le comportement limpide des fonctionnaires... Tout le monde devait l'avoir fait. Mais ce n'était pas ça qui l'intéressait car un seul détail titillait sa curiosité  ; une crise  ? Le royaume n'en avait eu que deux au cours de ses quatorze années de vie. La paix triomphait toujours, alors pourquoi le roi s'était-il donné la peine de convoquer les douzième et quatorzième princes  ?

« Nous sommes arrivés  ! Koko, la servante aussi tremblante qu'une feuille, interrompit les pensées de Killua. S'il vous plaît, ne causez pas de problème ! »

   Les deux enfants la dépassèrent sans répondre. Les portes menant aux quartiers importants du palais étaient munis d'un système particulier  ; seuls ceux capables de pousser les portes de quelques tonnes pouvaient se permettre de rentrer. Ce n'était pas un problème pour eux, bien que les os craquant de prince entravé faisaient plus de bruit que le coulissement de sa partie de la porte double. Gon poussait l'autre moitié de la porte d'un bras tandis que que ses yeux de miel se concentraient sur son ami.

« Tout va bien ? Tu n'as pas bougé depuis bientôt cinq mois, non ?

- Ça va, Killua réprima un râle de douleur. Arrête de t'inquiéter, idiot ! »

   La frustration de Killua était, à ses yeux, fondée. Gon ne demandait pratiquement jamais l'avis de personne. Il lui faisait confiance pour s'occuper de lui-même et l'épauler sans sourciller – un égoïste de première – alors, le voir s'inquiéter pour son état de santé n'atténuait pas du tout les sentiments négatifs dans son esprit.

Trésors d'encre - One Shot 『Hunter x Hunter』Où les histoires vivent. Découvrez maintenant