chapitre 10

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Le lendemain matin, je me réveille avec la boule au ventre. Je n'ai pas envie de recroiser ce drôle de type qui s'est faufilé dans ma chambre hier soir. Il me regardait dormir ! Et puis pour une raison inexplicable, il semble apprécier voir les gens blessés.

C'est donc en grimaçant que je me lève de mon lit pour aller prendre mon petit déjeuner. Je peux enfin aller manger avec tout le monde sans avoir à rester seule dans ma chambre car je représente un risque.

Alors, je m'habille d'un jean large et d'un teeshirt moulant assez court, et sors de ma chambre.

Dans le couloir, je croise plusieurs infirmières qui me saluent, puis aussi beaucoup de patients du même étage que moi qui me dévisagent. Certain en souriant, d'autres en me médisant.

Lorsque j'atteins le réfectoire, je l'observe avant d'y entrer. Ça me rappel étrangement mes années lycées et ça me perturbe. Oh, j'étais loin de me faire harceler, mais mélanger deux périodes de ma vie totalement différentes l'une de l'autre me dérange vraiment.

Je prends une grande inspiration et passe enfin le pas de la porte. Je prends ensuite un plateau et le pose sur le chemin en fer. Je prends quelques céréales ainsi qu'une banane et pars me trouver une place dans un coin isolé. Je n'ai pas vraiment envie de fréquenter du monde ici. Sauf Alex, qui s'est montré très gentil avec moi sans me laisser une impression de mal à l'aise.

Malheureusement, ma solitude est vite ébranlée lorsqu'une voix retentit près de moi.

- Je peux m'assoir ici ? Il n'y a de place nulle part ailleurs.

Je lève alors le regard vers un jeune homme blond qui doit sûrement être un peu plus âgé que moi, au sourire ravageur. Si j'avais encore le goût de vivre, j'aurais sûrement été ravie de l'inviter à ma table. Or désormais, je me contente simplement d'être polie.

- Oui, il n'y a pas de souci.

Il s'assoit donc et commence à manger. C'est assez gênant à vrai dire. On se guette en chien de faïence sans trop vraiment savoir quoi dire. En fait nous ne sommes même pas obligés de parler, mais ça serait bizarre de ne pas le faire. Je baisse alors la tête sur mon repas et commence moi aussi à manger.

- Je suis Callum, se présente-t-il.

- Et moi c'est Olivia.

- Liv, je présume ?

Je redresse la tête vers lui.

- Non, Olivia.

Il hoche la tête et semble un peu gênée.

- Je ne savais pas qu'il pouvait y avoir de si jolies filles ici, remarque-t-il alors.

Je fronce les sourcils.

- Je te préviens, je ne cherche pas de relation.

- Pas de souci, dit-il. Je ne faisais que remarquer ta beauté.

Et lorsqu'il dit ça, je vois très bien son regard de pervers posé sur mes seins. Ma cuillère m'échappe des mains et tombe au sol dans un bruit monumental.

Quelques regards se tournent vers nous tandis que je me lève.

- Je... je n'ai plus faim... je lance en prenant mon plateau pour pouvoir m'en aller le plus rapidement possible.

Je le dépose à l'endroit prévu et me dépêche de quitter le self. Une fois de retour dans ma chambre, je m'assois sur mon lit et tente de respirer mais c'est trop tard : j'ai l'impression d'étouffer pendant que quelqu'un me comprime l'estomac. Je sens la bile remonter dans ma gorge.

Alors, je me rends vite jusqu'à mes toilettes et vomis tout ce que je n'ai pas mangé.

C'est seulement après que je me sens mieux. Adossée contre le mur, au sol, je ferme les yeux en prenant de grandes inspirations pour pouvoir me calmer. J'ai le front trempé de sueur, et j'ai l'impression de revenir quelques mois en arrière quand tout a commencé.

Je ne veux plus revivre ça. Et si je revis ça, je ferais en sorte d'y mettre un terme le plus vite possible, même si cela signifie passer à nouveau par l'excès médicaments...

Third FloorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant