1

2 1 0
                                    

Ce soir-là, il pleuvait à torrent. La voiture de mes parents avance à toute allure sur cette petite route de campagne. Je regarde l'eau tombée du ciel venir s'écraser sur la vitre passagère. On aurait dit que les gouttes d'eau faisaient une course, laquelle arriverait le plus vite en bas de la vitre ? Nous le saurons au prochain épisode.

Si la situation n'avait pas été aussi dramatique, j'en aurais rigolé.

L'ambiance est froide dans l'habitacle de la voiture. Mon père est concentré sur la route, les mains serrées sur le volant. Il a le regard déterminé, le regard des mauvais jours, signe qu'une énième tentative pour le faire changer d'avis serait vaine. Je suis maintenant résignée.

Je ne sais pas trop ce qui m'attend. J'en ai une idée. Mais très vague.

Le flou total de ma vie ne m'effraie pas. J'aime le chaos, la vie, les cris, les disputes et surtout en être à l'origine. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est ma passion, mais presque.

C'est pourquoi, aujourd'hui ma famille se débarrasse de moi. Mes premières victimes ne veulent plus en être. Je suis maussade, mais loin de la déprime. Je suis heureuse de pouvoir être le chaos de quelqu'un d'autre.

Mon père se gare devant un bâtiment, enfin un manoir. Sans un regard, vers moi, il attend et je comprends que le soulagement est proche de lui donc moi loin de lui.

Le premier pied que je sors de cette maudite voiture est accueilli par de grosses gouttes de pluie.

Une fois mon corps totalement extirpé de l'habitacle, je me dirige vers le coffre et en sort ma maigre valise, qui à elle seule contient ma vie. Une vie chaotique à mon plus grand plaisir. Avant de refermer ce coffre, derniers liens qui me relient à ma famille, je croise le regard de mon père, un mélange de sentiment peut se lire dans son regard. Celle qui domine m'intéresse : la peur. La faiblesse de l'humain en lui-même. Un rictus de plaisir se dessine sur mes lèvres fasse à cette dernière vision de mon père puis je tourne le dos à ma dernière victime et avance vers ma nouvelle maison.

Au premiers abord ce manoir est sombre. Il donne l'impression de receler de secrets. En m'approchant un peu plus, je remarque des dizaines de gargouilles plus glauques les unes que les autres. De la satisfaction s'installe en moi. Les murs du manoir sont en pierre, de vieilles pierres, cela donne l'impression que si l'on en retire une, tout s'effondre.

Malgré le temps gris, aucune lumière ne se dégage de cette grande bâtisse.

J'aime l'ambiance, je sens que je vais bien m'amuser ici. 

Eurydice Où les histoires vivent. Découvrez maintenant