En me retournant, je me rends vite compte que la personne qui vient de crier mon nom est le CPE. Il marche d'un pas déterminé dans ma direction et semble fou de colère.
Pendant un instant une sueur froide me parcours de la tête au pied puis un sentiment d'ennui s'empare de moi. C'est toujours la même chose, les mêmes réactions ; la colère, les cris et la punition. Sa main agrippe mon bras et me tire à l'écart. D'un coup d'épaule je me dégage de sa poigne qui a laissé une jolie marque rouge sur ma peau.
Son visage est déformé par la rage qui le parcourt et sa respiration est rapide. Le temps de quelque seconde je m'attends à d'autre cri mais lorsqu'il se met à parler, une seule phrase sort :
- Tu es attendue au poste de police.
Son regard se tourne vers la brigade qui est intervenue à l'appel des agents de sécurités qui à ce regard se mettent à marcher dans notre direction.
La salle dans laquelle on me laisse est dotée de mur gris, sombre, d'une table et de deux chaises. Typique d'une salle d'interrogatoire.
Je n'ai rien à nier, tout est contre moi, et je suis fière. Ce qui surprend les enquêteurs qui s'étaient surement préparé à devoir me faire cracher le morceau.
L'attente est longue et les chaises de la salle d'interrogatoire sont dures. Je me dandine sur ma chaise lorsqu'une femme entre. Elle se présente à moi comme une assistante sociale. Son regard est plein de peine et d'empathie mais au moment où elle parle c'est une voix dure et sans émotions que j'entends :
- T'est parents sont en procédure d'émancipation, ce qui veut dire que d'ici quelques semaines tu ne seras plus leur fille et comme ils l'ont dire tu ne seras plus leur « problème »...
- Très bien, je la coupe, c'est tout ce que j'espérais : ne pas retourner chez eux, je m'ennuie.
Un voile horrifié laisse place pendant quelques secondes à son air froid. Puis elle reprend :
- Dans le cadre de l'enquête, tu devras voir un psychiatre pour qu'il estime ton niveau de responsabilité dans toute cette histoire. Pour ce qui est de ta place à l'école, tu n'en a plus. Le temps que tout ce met en place tu vas aller en maison de redressement pour jeunes délinquant.
Un psychiatre. J'en ai déjà vu plein et aucun n'a été capable de me changer. Ils ont essayés pourtant mais c'est dommage, quelque un de ces spécialistes ont vu leur cabinet mis à mal après mon passage. Je crois qu'il y en a un qui a même arrêté d'exercer. Je n'ai pourtant pas fait grand-chose. Un petit incendie par-ci par-là, fausses dénonciations de pratique douteuse et calmant dans le café, rien de grave en soit.
Pour ce qui est de la maison de redressement, je sens que ça va être drôle. En ce moment j'ai de la chance. Je change souvent d'environnement ce qui évite l'ennui.
Un enquêteur prend la relève. Il reste debout devant moi et me regarde pendant de longues minutes.
Je connais ce regard, il tente de m'analyser, de lire en moi. Ça marche surement avec d'autres mais pas avec moi. Puis il prend la parole :
- Pourquoi as-tu fait ça ?
Je réfléchis quelques instants :
- Je suppose qu'en tant que flic vous en connaissez un paquet sur les humains et leurs comportements...
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Eurydice
Short StoryA sa naissance personne ne se doutait qu'elle était comme ça. Son "truc" à elle c'est de pourrir la vie des personnes qui l'entoure. Un petit peut comme si sont prénom lui avait porté de l'œil puisque Eurydice, notre personnage principal, est un pré...