Entrepôt

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Kaï resta un instant encore assis à la table de pierre. Les regards hostiles des autres clients semblaient peser sur lui, leurs yeux brûlants comme des braises. Il ressentit une gêne grandissante et décida qu'il était temps de quitter la taverne. Il n'avait pas vu le soldat payer les consommations, mais lorsqu'il se releva le patron ne fit pas mine de le retenir. Kaï se contenta de lui adresser un signe de tête en remerciement, geste que le patron ignora d'un magnifique détournement du regard.

Kaï reprit alors le chemin du retour dans les rues désertes, repensant à l'événement dans la mine et à l'objet mystérieux qu'il avait découvert. Les pensées tourbillonnaient dans sa tête et obscurcissaient ses pensées autant que le nuage de poussière omniprésent obscurcissait sa vision.

Il emprunta une à une les ruelles qui l'amenaient à l'endroit où il était hébergé de manière non réfléchie, commençant à s'habituer à sa vie dans la cité souterraine. Plus il regardait autour de lui en revanche, plus il voyait la misère que provoquait ce contexte si particulier. Les gens toussaient davantage désormais et il ne put se retirer de la tête qu'il y était pour beaucoup cette fois-là.

Enfin, il atteignit sa destination. La porte de la petite habitation était entrebâillée, et la lumière tamisée provenant de l'intérieur jetait des ombres inquiétantes dans l'entrée. Il poussa la porte avec précaution et entra.

Hanu était assise près de la fenêtre, plongée dans ses pensées. Elle se tourna lentement lorsque Kaï entra. Ses yeux noisette brillaient d'une lueur préoccupée.

Alors qu'il se raclait la gorge avec timidité pour signaler sa présence, la masse imposante de muscle se retourna et contrasta avec douceur :

— "Kaï, tu es de retour", dit-elle d'une voix empreinte d'inquiétude. "Que s'est-il passé dans la mine ?"

Kaï se gratta nerveusement la nuque, luttant pour trouver les mots. "Il y a eu une explosion, Hanu. Une grande partie de la mine s'est effondrée. Je... Je ne sais pas comment c'est arrivé, mais j'ai survécu par miracle."

Le visage d'Hanu se crispa, trahissant sa préoccupation.

— "C'est grave, Kaï. Nous devons être prudents. Cet accident ne passera pas inaperçu, et nous pourrions être en danger. Le gouvernement a déjà lancé l'offensive sur des groupes de rebelles avant l'incident... Il y a fort à parier qu'ils vont resserrer encore plus la vis."

Kaï hocha la tête, comprenant la gravité de la situation. Il se dirigea vers une vieille chaise en bois et s'assit, se sentant épuisé par les événements de la journée.

— "Lancer l'offensive ? Qu'entends-tu par là ?" demanda-t-il, cherchant à obtenir des réponses dans cet océan de mystères."

Hanu soupira, se rapprochant de lui.

— "Ils ont donné l'assaut dans plusieurs repères. Certains sont ceux de résistants déjà enregistrés et recherchés... Mais disons que dans le tas, ils ont aussi attaqué des civils et des réunions de cultes pacifistes. Les esprits s'échauffent."

Elle lui donna cette version qui ne représentait pas toute la vérité. Elle prit par exemple soin de ne pas mentionner qu'elle avait participé à quelques-uns de ces assauts.

— "Et ils ont trouvé quelque chose ? Pourquoi s'en prendre à eux ?

— "Tu as vu comment ils traitent les gens ? Les gens les détestent. Sous couvert de représailles par rapport à l'attentat du dispensaire, ils profitent pour filtrer les clans qui prennent trop d'importance. Même pacifique, un groupe bien remplit pourrait renverser leur petit système. Ils préfèrent éviter tous risques."

Prosper : La fin n'est qu'un débutOù les histoires vivent. Découvrez maintenant