PDV: Catalina
J'ouvre brutalement les yeux et me redresse sur mon siège. Je tourne légèrement la tête et reconnais l'aéroport imposant de Lisbonne.
Ruben arrête la voiture et détache sa ceinture. Il me lance un regard noir à travers le rétroviseur puis retire les clés et sort de la voiture.
-On est arrivés ?
Raf se tourne vers notre frère et lui met une claque à l'arrière du crâne.
-MAIS J'AI FAIT QUOI ENCORE ?!
-Tu poses des questions stupides !
-Ouais, comme d'hab quoi !
Mes deux frangins se disputent tandis que moi je renfile mes écouteurs. Mockingbird de Eminem se lance, sans réfléchir je monte le volume au maximum pour ne plus rien entendre.
En général je le fait que lorsque Ruben et ma mère crient. Mais c'est aussi valable pour mes jumeaux.
Après quelques secondes de chamailleries, Dongo me tapote l'épaule pour que je me retourne et me fait signe de retirer mes écouteurs, sûrement pour me parler, mais ce n'est pas pour autant que je le fait. J'ignore complètement mon frère et continua de fixer l'aéroport de Lisbonne qui est sublime et gigantesque.
Mon jumeau insiste mais je ne lui lance pas le moindre coup d'œil. Je n'ai aucune envie de retirer mes écouteurs et d'affronter cette superbe discussion qui finira sûrement par un fameux "choisi ton camp soeurette", mais ce n'est vraiment pas ce dont j'ai besoin.
Je détache mon regard du monument pour admirer mon beau-père chuchoter quelque chose à ma mère et lui mettre une mèche de cheveux qui lui tombait sur le visage derrière son oreille. Il embrassa très fort sur la joue et lui détache sa ceinture en lui lâchant un grand sourire jusqu'aux oreilles.
Il l'aime. Et ça se voit.
Je sais que Ruben est le bon pour ma mère qu'elle veuille l'admettre ou non. C'est le seul qui prendra réellement soin d'elle de son plein gré. Ma tante s'occuper d'elle simplement par ce que Talia était sa sœur mais certainement pas par ce qu'elle le voulait, ma tante se sentait juste forcer et rien de plus.
Mais Ruben lui, il aime prendre soin d'elle.
Il aime lui apporter son petit-déjeuner au lit.
Il aime lui offrir ses fleurs favorites tous les week-ends.
Il aime lui écrire des poèmes.
Il aime faire ses plats préférés tous les jours.
Il aime en apprendre davantage sur elle chaque heures, chaque minutes, chaque secondes. Par ce qu'il l'aime.Faite que maman s'en rende compte avant qu'il ne soit trop tard ...
Ma mère se lève et claque sa portière, signe que mes frères et moi devons prendre le même exemple. Ce que nous faisons en les rejoignant avec nos valises à l'entrée de l'aéroport se dressant devant ma famille et moi.
Je baisse ma musique et constate que plus personne ne parle, pas même Dongo. Lui qui est un grand bavard, en perd ses mots devant l'aéroport.
-On y vas les enfants ? Demanda Ruben avant de prendre la main de maman dans la sienne et de la serrer tellement fort qu'on en voit ses phalanges blanchir.
Ruben sait absolument tout sur nous. Tellement qu'il a choisi de nous emmener dans un aéroport à des heures et des heures de routes alors qu'il y en avait un situé à seulement une heure et demi de chez nous. Tout simplement par ce qu'il nous remémore certains souvenirs dont nous ne voulons pas nous rappeler.
Ça va nous faire bizarre de revenir en Amérique. La dernière fois qu'on y est aller, nous y sommes restés un an. Pas plus. Et c'était avec Afonso...
Sans lui, nous rendre aux Etats-Unis ne sera plus comme avant. Les courses de voitures ne seront plus comme avant tout comme les balades nocturnes du mois d'octobre ou encore les fêtes dans le jardin lorsque Ruben et maman passait la soirée au restaurant ou même nos nuits blanches où on finissaient toujours par s'endormir à moins de deux heures du matin.
Mais ce qui vas le plus me manquer et que je n'avouerais sûrement jamais aux autres c'est nos disputes, nos bagarres et nos chamailleries qui n'avaient strictement aucun sens. Au final on s'amusaient à passer la nuit à regarder des films d'horreurs affreux et celui qui criait en premier devait avoir un gage venant de chacun d'entre nous. C'était toujours Dongo qui hurler comme une fillette en détresse et subissait les pires gage qu'on puisse infliger à un garçon. Sa fierté en un prit un coup .
Mais maintenant, c'est fini. Même lorsque les garçons et moi faisons toutes ces choses là, ça ne nous fait pas le même effet que quand nous étions avec Afonso. C'est lui qui faisait les blagues les plus idiotes et les plus racistes, ensuite il apprenait à Dongo comment faire un feu de camp sans perdre un membre. Pour Raf, il lui préparait toujours des quizz sur les cours pour qu'il ai les meilleurs résultats et enfin pour moi, et bien rien. Il se contentais simplement de me faire rire. Afonso disait que j'étais sa princesse.
Si seulement il était encore là, si seulement j'avais pas insisté pour faire un tour de voiture. Si seulement je pouvais remonter le temps.
Que des « si seulement » ...
Mais rien ne pourras effacer le passé, il reste graver en nous et s'accroche comme un chewing-gum coller sur la semelle de notre chaussure.
On peut fuir son passé un certain temps, mais pas éternellement. Et lorsqu'il revient, ça nous fait l'effet d'une bombe par ce que tout ce que vous avez fait et construit explose, part en fumer.
Alors le mieux que je puisse faire c'est juste accepter la réalité ou rester dans le plus grand et complet des dénis. Mais rien n'est facile. Je peut me rejeter la faute dessus éternellement, mais au fond de moi je sais que je n'en suis pas responsable. Enfin j'espère ...
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Together
Teen FictionUn père absent parrain d'une mafia portugaise , une mère schizophrène atteinte de violentes crises de paniques , un beau père qui n'arrive pas à être lui-même, deux frères jumeaux avec des caractères bien différents et une nouvelle maison dans un no...