Ritournelle

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Nous sommes tous autour de la table, l'agitation se fait grande, pourtant, aucun mot n'arrive à parvenir à mon cerveau. George est assis devant moi, nous nous regardons dans les yeux. D'ailleurs, mes larmes coulent doucement, n'arrivant pas à y croire, qu'encore une fois cette guerre va nous séparer pendant un moment. J'ai la poitrine qui fait mal, je ne sais même pas si je respire encore, si je suis capable de vivre une nouvelle fois loin de lui. J'ai l'impression que mon âme s'imprègne doucement des odeurs de cette maison, comme une dernière fois à tout. Autour de nous, le chaos, comme la grande apocalypse annoncée dans les textes des croyances moldus. Je n'ose pas retirer mes yeux des siens, comme si c'était le seul lien que nous pouvions avoir jusqu'à présent. Le reverrais-je avant la grande bataille ? Et après ? Une main touche mon épaule, brisant ce lien très fort entre lui et moi.

-Va faire ta valise, dit la voix de Molly dans mon oreille.

Je me lève d'un coup et part dans la chambre. Une fois passé le seuil, je m'effondre en pleure. Deux bras m'enlacent, cette odeur si douce de sucrerie, je ferme les yeux et me retourne pour me blottir contre lui. J'ai si peur, George, si tu savais comme j'ai si peur. Aucun mot ne sort de nos bouches, juste le bruit de nos pleurs, qui signe le début d'une souffrance si grande. Il pose ses lèvres sur le haut de mon crâne.

-Je serais en sécurité chez tante Murielle, même si ça sent la maison de retraite à côté de Sainte Mangouste.

Je lui donne une tape sur le torse. Il ricane un peu, comme s'il ne prenait jamais rien au sérieux. Il rompt le lien entre nous. Là où il y a ses bras, j'ai maintenant froid. Il me regarde dans les yeux.

-Tu vas voir, reprend-il. La chaumière au coquillage est magnifique. Tu seras au bord de la mer et tu pourras prendre des forces. On se retrouvera après la bataille. Je ne veux pas te voir là-bas, promets-le-moi.
-Tu sais très bien que ma destinée est là-bas...
-Ta destinée, c'est auprès de moi.

Je plonge une nouvelle fois mes yeux dans les siens, il ne semble pas confiant. L'aurai-je cru un jour, de voir le doute s'installer dans les yeux d'un des jumeaux ? Jamais. Pourtant, aujourd'hui, c'est ce qu'il y a.

-Je te promets de faire attention, dis-je.
-On a vu Harry, Hermione et Ron, c'est une bonne chose, et à la chaumière, tu seras avec Bill et Fleur.
-George, on doit y aller tout de suite, dit Fred à la porte.
-J'arrive, répond le frère.

Je m'accroche à ses mains, comme si cela allait le retenir, ne pas le faire partir. Les larmes coulent toujours plus sur mes joues. Il pose doucement son front contre le mien.

-Je te le promets que l'on se retrouvera. Je t'en fais une promesse de Weasley.
-Ne me laisse pas... dis-je en murmurant.

Il vient mettre mon visage contre son cou, il pose sa tête sur ma mienne. Je m'enivre de son odeur. Je pleure un peu plus, je ne veux pas qu'il parte.

-Je t'aime tellement, murmure-t-il.
-Je t'aime George, ne me laisse pas...
-Nous n'avons pas le choix.

Il se redresse et pose ses lèvres sur les miennes. Le baisé dur longtemps, pas assez à mon goût, pas assez pour l'avoir encore pour l'éternité. Son corps se sépare doucement du sien, il me glisse quelque chose dans la main, avant de me lancer un dernier regard. Je glisse son présent dans ma poche, je ne veux pas perdre une seconde de son visage, de sa peau, de son regard, de lui.

-George...

Il me fait un faible sourire et dévale les escaliers à toute vitesse, j'ai juste le temps de le voir s'essuyer les yeux.

-George !

Je me lance à sa poursuite dans les escaliers, au moment où j'arrive au niveau de l'entrée, la cheminée venait de le faire disparaître. Mon cœur s'arrêta, comme à l'instant où nous avions appris que nous allions être à nouveau séparés. Je fixe l'âtre vide, je n'arrive plus à respirer. Je sens des regards autour de moi, personne ne parle. Je me laisse tomber à genoux, tout mon corps résonne.

Jusqu'à l'aube Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant