Le printemps a cédé sa place à l'orage (TOME 2)

Chapitre 51 : Les plus gros poissons ne sont pas toujours les plus bons

Lorsque Lottie s'éveilla ce matin-là, le soleil l'accompagna dans sa montée. Étincelante d'enthousiasme à l'idée d'initier son institutrice aux délices de la pêche, elle n'avait guère fermé l'œil de la nuit. Faye, quant à elle, était moins réjouie. La matinée était fraîche et elle savait qu'elle n'était pas particulièrement patiente. La pêche ne faisait pas partie de ses préférences. Cependant, en croisant Lottie dans l'escalier et en remarquant l'incroyable excitation de la fillette, Faye ne put qu'être attendrie. Au fond, Lottie souhaitait simplement partager un moment privilégié avec la jeune femme et lui faire découvrir sa passion.

La jeune fille ne laissa même pas le temps à Faye de préparer le petit-déjeuner, débarquant dans le salon avec deux longues cannes à pêche en bois et un seau. Faye fit une légère grimace ; il semblait qu'elle ne mangerait rien de toute façon.

- Que contient ce seau ? Demanda l'institutrice en montrant le récipient que tenait Lottie dans sa main.

- Des vers, bien sûr, pour les appâts, répliqua Lottie d'un ton désabusé, tandis que Faye tressaillit.

L'expression de Faye devint sérieuse. Elle n'aurait jamais imaginé que le sceau renfermait déjà ces créatures répugnantes. Lottie lui montra l'intérieur du seau et Faye fit une grimace.

- Je vois...

- Ils ne sont pas méchants, vous savez ! S'amusa Lottie face à l'apparent dégoût de son institutrice.

- Oh, mais je le sais...

La fillette se dirigea vers la porte d'entrée et enfila son manteau blanc. Elle observa Faye, qui n'avait pas bougé :

- Il faut partir tôt pour attraper les meilleurs poissons.

Faye soupira, puis elle se joignit à Lottie près de la porte. Elle se couvrit de son propre manteau et le ferma soigneusement.

- Tu n'as pas faim, ma puce ? Demanda-t-elle, espérant que la fillette changerait d'avis.

- Non. Je préfère aller pêcher !

Cette fois-ci, Faye ne pouvait pas résister. Peut-être qu'elle finirait par apprécier la pêche ? Elle en doutait, mais elle voulait faire plaisir à Lottie. Elle esquissa un sourire avant de dire :

- Allons pêcher, dans ce cas !

Lottie sautilla de joie, saisissant le seau de vers et les deux cannes à pêche. Faye ouvrit la porte et l'air glacial les accueillit. Heureusement, l'étang en face de la maison n'était pas gelé. La fillette ne semblait pas du tout se soucier de la température extérieure et s'y précipita. Faye referma la porte derrière elle et enfouit ses mains dans les poches de son manteau.

Rapidement, elle pensa à Gus et aux vaches dans l'étable. Elle espérait qu'ils n'avaient pas trop froid. Les animaux souffraient également de ces températures hivernales, mais tout le monde semblait les oublier. Cependant, Faye, elle, ne les oubliait pas. Elle se souvenait des nuits d'hiver passées dans l'étable avec les vaches quand elle était enfant. Elle savait à quel point le froid pouvait être impitoyable.

Sur cette pensée, elle rejoignit Lottie près de l'étang. La fillette était déjà accroupie au sol, préparant les appâts sur les hameçons lorsque Faye arriva à ses côtés. En la voyant faire, Faye se demanda depuis combien de temps Lottie pêchait.

- Tu es très habile. Tu pêches depuis longtemps ? L'interrogea-t-elle, curieuse.

- Je ne me souviens plus depuis quand j'ai commencé... C'est oncle Dean qui m'a emmenée la première fois.