Deux semaines supplémentaires s'étaient écoulées, alors que février pointait le bout de son nez en amenant avec lui son cortège de pluies, de fraîcheur et de tempêtes. Spring Valley, elle aussi, se trouvait sous l'emprise de ces intempéries dévastatrices, où plusieurs tempêtes avaient engendré des ravages, emportant les toitures de plusieurs fermes et maisons. Fort heureusement, à ce jour, aucune perte humaine n'était à déplorer.
En cette matinée particulière, une étrange mélancolie enveloppait le cœur de Faye lorsqu'elle quitta son lit. C'était le jour tant attendu où Dean, après plus de trois semaines de réclusion entre les quatre murs de la clinique, pouvait enfin recouvrer sa liberté. Bien sûr, Faye se réjouissait de son rétablissement, mais une lourde tristesse teintait néanmoins son esprit. Cette demeure, qu'elle avait appris à aimer, allait lui manquer, tout comme la présence de Lottie. Toutefois, elle s'efforça de chasser ces pensées mélancoliques pour se concentrer sur un sujet bien plus enthousiasmant.
Après de longs mois d'attente, le jour de l'inauguration de l'école Faye Chaney était enfin arrivé. Elle attendait les enfants pour neuf heures, espérant que leur nombre serait conséquent. L'anxiété la submergea à la pensée de sa rémunération. Serait-elle en mesure d'exiger un paiement de la part des parents, alors que la plupart d'entre eux étaient des fermiers et des mineurs, luttant au quotidien pour leur subsistance ? Elle se tourmentait l'esprit pour trouver le juste équilibre. La plupart des familles menaient une existence frugale, cherchant simplement à survivre, comme en témoignait la situation des Garrison. Il lui était inconcevable de leur réclamer de l'argent, étant donné leur dénuement. Pendant des semaines, elle avait médité sur la meilleure approche à adopter, dans le souci de préserver l'harmonie dans la ville. Elle avait finalement conclu que quelle que soit la manière dont les familles souhaitaient la rétribuer, elle accepterait. Même si cela ne consistait qu'en une humble patate, Faye se contenterait de cette modeste rétribution. Après tout, elle-même n'avait pas grandi dans l'opulence ; au contraire, depuis son arrivée à Spring Valley, son bas de laine se vidait progressivement. Bientôt, l'argent viendrait à lui faire défaut.
Tout à la fois emplie d'excitation pour cette journée et d'appréhension à l'idée de quitter cette résidence à laquelle elle s'était profondément attachée, Faye se leva pour préparer ses affaires. Ayant apporté le strict nécessaire lors de la soirée où Dean avait été blessé, le processus d'emballage s'avéra rapide. En moins de dix minutes, tout fut soigneusement rangé, laissant la chambre dans un état impeccable en vue du retour de Dean.
Dans le salon, Faye avait eu la délicate attention de décorer la table avec un bouquet de fleurs, qu'elle avait cueilli elle-même avec l'aide de Lottie. Elle jeta un dernier regard autour d'elle, ressentant une profonde nostalgie pour cette maison qui avait été un refuge exquis.
Faye prépara ensuite le petit-déjeuner pour Lottie, qui descendit peu de temps après, prête et pleine d'entrain à rejoindre les bancs de l'école dirigée par son institutrice. En descendant l'escalier, elle tenait un cahier dans ses mains, où quelques feuilles étaient soigneusement glissées entre les pages.
- Je suis prête pour la journée ! J'ai tellement hâte ! S'exclama-t-elle en prenant place à table.
- Je le suis aussi, mais... Je dois avouer que je suis plutôt nerveuse. Répliqua la jeune femme en servant une assiette de biscuits tout juste sortis du four.
- Tout le monde est ravi de reprendre à l'école, vous verrez !
L'innocence de Lottie lui tira un sourire. Cependant, ce n'étaient pas les enfants qui préoccupaient Faye, mais plutôt leurs parents. Elle redoutait l'instant où ceux-ci déposeraient leurs enfants à l'entrée de l'école.
VOUS LISEZ
Le printemps a cédé sa place à l'orage (TOME 2)
Historical FictionFaye se fond dorénavant dans la vie paisible de la communauté de Spring Valley en tant qu'institutrice. Elle découvre avec émerveillement que la vie peut être simple et agréable, grâce aux personnes fabuleuses qui l'entourent quotidiennement. Cepend...