Chapitre 45 : L'âme en proie aux flammes

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Le lendemain de Noël, Faye se réveilla emplie de gratitude et d'affection envers cette ville qui lui avait offert tant d'opportunités. Son Noël avait été tout simplement magique. Elle n'aurait pu rêver d'une meilleure manière de célébrer que d'être entourée de toutes ces personnes merveilleuses et inondée de cadeaux.

Faye avait retrouvé son âme d'enfant, quelque chose qui lui avait été arraché très tôt dans sa vie. Elle se sentait maintenant en paix avec cette petite fille qu'elle avait été. Pendant la nuit, Faye avait repensé à ses deux petites nattes rousses et à ses grands yeux verts dépourvus de lumière. Elle avait revisité le souvenir de son petit chapeau de paille et de sa peau parsemée d'hématomes. Il fut un temps où le cœur de la petite Faye était obscurci par des pensées sombres.

Et puis, comme par miracle, Faye avait trouvé Spring Valley, une petite ville d'apparence si paisible. Elle avait eu l'impression que cette ville était destinée à la sauver.

Faye n'avait pas eu tort. Spring Valley l'avait réellement sauvée. Chaque jour, elle se réveillait en remerciant le ciel de lui avoir offert une nouvelle chance. Elle était bien loin de n'être qu'une ombre d'elle-même. Au contraire, Faye n'avait jamais autant vécu. Et quelle vie merveilleuse ! Elle apprenait à vivre comme les autres, ce qui n'était pas facile pour quelqu'un qui avait été si isolé et négligé. Pourtant, Faye s'en sortait admirablement.

Au moment où l'aube pointait le bout de son nez, Faye était déjà sur pied, habillée et prête à affronter les défis de la nouvelle journée. Elle se dirigea vers la cuisine pour rejoindre Gordon, qui était lui aussi levé aux aurores. Faye le regarda d'un œil sceptique.

- Que faites-vous ici, Gordon ? Il est si tôt ! Vous devriez vous reposer !

En même temps, elle lui déposa un baiser sur la joue et posa les poings sur ses hanches en signe de désaccord.

- Le Café était fermé hier... J'ai donc perdu de l'argent. Je compte bien le récupérer !

- Si vous vous attendez à avoir le double de clients habituels, vous avez du pain sur la planche ! Répondit-elle. Voulez-vous que je vous aide ? J'avais prévu de préparer ma première classe et de livrer les livres et les fournitures à l'école aujourd'hui, mais je peux reporter cela !

Gordon secoua la tête tout en saisissant un sac de pommes de terre sous la grande table. Il le déposa sur cette dernière avant de répondre d'un ton déterminé :

- Faye, voyons ! Vous êtes institutrice, votre rôle n'est pas de rester avec moi en cuisine !

- C'était notre accord, Gordon... Je vous aide, et en échange, vous m'offrez le gîte. Vous vous souvenez ?

- Maudissez cet accord ! S'exclama-t-il. Vous êtes chez vous ici. Jamais je ne vous chasserai, Faye.

Faye n'avait jamais vraiment envisagé le jour où elle quitterait le Café. Elle savait que cela arriverait un jour. Elle rêvait d'avoir sa propre maison, un espace pour elle seule. Pourtant, elle appréciait vraiment de vivre avec Gordon. Chaque fois qu'elle rentrait, il préparait un délicieux repas pour elle, et parfois, il lui laissait de petites gourmandises qu'elle adorait. La compagnie de Gordon était réconfortante. Faye se voyait mal rentrer chez elle et se sentir étrangement seule après avoir goûté à la merveille d'être entourée. Elle avait découvert le bonheur d'une famille choisie.

En guise de réponse, Faye enlaça fermement le chef cuisinier, qui se mit à lui frotter le dos. Elle profita de cette étreinte pendant quelques instants, puis se recula et posa son regard sur la caisse remplie de livres offerts par Sophia.

Le printemps a cédé sa place à l'orage (TOME 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant