ENEO {En Pause Pour...}

∆IX∆

Je pénètre dans le salon, le sourire aux lèvres. Comme d'habitude à cette heure de la journée je suis là première à rentrer.

Ma mère, étalé sur le sofa ne prend pas la peine de lever la tête de son livre vers moi quand je passe derrière elle sans la saluer.

J'arrive à l'étage et m'enferme dans ma chambre. Comme un singe je saute sur le lit après avoir balancé mes affaires de l'autre côté de la pièce. Putain de merde je n'arrive pas à croire que j'ai embrassée un inconnu. À la base ce n'était pas prévu mais au fur et à mesure qu'il m'adressait la parole, sa voix m'envoûtait, je ressentais des petits frissons à chacun des mots qui sortaient de sa bouche.

Je n'avais encore jamais ressenti ça, alors quand le moment de partir est arrivé j'ai fait la première chose qui m'est venue à l'esprit. L'embrasser.

J'avoue que c'était complètement stupide de faire ça, je l'ai embrassé sans sa permission il pourrait me poursuivre pour agression sexuelle... quoi que pour le faire il faudrait déjà qu'il sache à quoi je ressemble et d'ailleurs moi aussi.

Je me demande à quoi il peut bien ressembler, j'espère que c'est pas un quasimodo que j'ai embrassé hein, un garçon bossu tout laid et boutonneux. Beurk , pourquoi cette salle était dans le noire aussi, maintenant j'imagine le pire. Non c'est impossible qu'il soit laid, sa voix était trop puissante, sûr d'elle et terriblement sexy pour appartenir à un quasimodo.

Mais si je me trompe et que c'est un quasimodo je...arh putain, je me relève en sursaut pour effacer l'image hideuse que je viens d'imaginer. Il me manque soudainement d'air, j'ouvre la fenêtre et passe ma tête à l'extérieur, l'air frais chatouille mon visage ce qui m'aide à me calmer. J'ai une phobie, depuis toute petite j'ai peur de finir avec quelque de pas beau.

Je sais que c'est débile comme phobie et que c'est pas cool pour ceux qui n'ont pas la chance de ressembler à l'ex couple Jolie-Pitt, mais ce n'est vraiment pas de ma faute, j'ai toujours été comme ça. Pourtant j'ai essayé de faire disparaitre cette peur, en côtoyant quelques personnes au physique peu avantageux, mais ça n'a jamais réussi c'était tout le contraire même.

Après chaque tentative je me suis retrouvée devant un psy et à prendre des cachets pour me calmer parce que je faisais des cauchemars horribles. Mais maintenant ça va, j'arrive à surmonter ma peur à condition que je reste loin très loin des personnes laides.

Le colonel pense que c'est parce que je suis la réincarnation d'Aphrodite que je suis comme ça. Ma mère dit plutôt que c'est parce que je suis trop belle pour ce monde horrible. Moi je pense juste que je suis superficielle et c'est aussi ce que pensent les autres qui ne sont pas au courant de ma phobie.

Au primaire les autres se moquaient de moi et s'amusaient à venir avec des masques hideux pour m'effrayer, d'autres venaient carrément me mettre leurs boutons ou inflammation de la peau sous le nez, des fois c'était des photos vraiment horrible. Je soupir à ma primaire traumatisante avant de refermer la fenêtre.

Je ne veux plus repenser à cette histoire, de toute les façons il n'y a aucune chance pour que je recroise ce garçon et même si c'était le cas nous ne savons pas à quoi ressemble l'autre et c'est tant mieux, je préfère enterrer cette affaire tout de suite.

Résolu, je me dirige vers la salle de bain puis descends à la cuisine, je trouve maman en train de s'activer aux fourneaux.

__ Anna c'est bien que tu sois là, tu vas m'aider. Ton père comme à son habitude me prends de court. Se plaint-elle en sortant des assiettes du placard.

__ Qu'a-t-il fait encore ? Je demande en picorant une rondelle de carotte.

__ Figure toi que ton idiot de père a oublié de me dire qu'on recevait des étrangers ce soir.