Djilsi

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Sidjil conduisait, concentré sur la route, en écoutant sa playlist. Son copilote s'était endormi. Il s'y attendait, en le récupérant plus tôt dans la matinée il avait remarqué ses traits tirés par la fatigue. Ça ne le dérangeait pas, mais il aurait évidemment aimé continuer à discuter et à rire avec lui.

Alors que sa chanson préférée était en train de passer et qu'il fredonnait l'air, le corse s'agita dans son sommeil.

- Sid...

Il tourna la tête pour observer son passager. Un sourire attendri apparu sur ses lèvres. Le contraste avec l'heure passée était frappant. Max paraissait si calme, si apaisé.

Sidjil était soulagé de le voir comme ça. Depuis la veille, il avait un drôle de ressenti. En arrivant pour le live, il avait retrouvé un Maxime presque fuyant, qui semblait chercher à dresser un mur entre eux deux. Il n'avait pas fait de remarques, supposant au début qu'il se montait la tête, qu'il n'était pas le centre du monde et qu'il s'était sûrement fait un film.

Mais son cœur s'était serré quand il avait demandé à son ami s'il voulait qu'ils s'embrassent et que ce dernier avait répondu non. Pourquoi? Soit disant parce que ce n'était pas le bon mood. Il savait que c'était une excuse, ils l'avaient déjà fait dans des contextes qui n'avaient rien à voir avec leur petit jeu. Encore une fois il n'avait rien dit, mais il avait eu sa confirmation : Max l'évitait. Et ça faisait mal.

En le récupérant ce matin, il avait décidé de respecter cette distance imposée contre sa volonté. Il se doutait de la raison, les souvenirs de la course du GP devaient sûrement être encore trop frais, rendant les interactions avec les personnes qui y étaient douloureuses. C'était dur, mais il allait être patient, espérant simplement que ça passe, sans entacher leur relation si précieuse. Il s'était senti mal au début du trajet en voyant l'état dans lequel sa présence mettait le plus petit. Il ne l'avait jamais vu autant à l'affût, sur les nerfs. Leurs regards ne s'étaient croisés qu'une fois, et ça avait été tellement bref qu'il se demandait si il ne l'avait pas rêvé.

Après une autre heure de conduite, il s'arrêta pour prendre un café, et changer de chauffeur, comme ils l'avaient convenu. Il descendit chercher deux cafés et revint s'installer dans la voiture, en espérant que son compagnon de voyage se soit réveillé, mais non, il semblait parti dans un sommeil bien profond.

Sidjil prit donc l'initiative de le réveiller doucement.

- Maxou, c'est l'heure de la pause café.

Aucune réaction.

- Maxou...

Il lui secoua doucement l'épaule, et la belle au bois dormant sortit enfin de son sommeil, les yeux gonflés, un air perdu collé sur le visage.

C'était trop mignon, il avait envie de le prendre dans ses bras.

- J'étais parti pour une nuit complète la.

Il sourit. Il lui donna son café, puis ils reprirent la route en changeant de conducteur.

Après une bonne heure à discuter, pendant laquelle Max semblait plus détendu, Sidjil prit l'initiative de dormir à son tour, voulant être sur d'être en forme pour le reste de la journée.

Il fut réveillé lorsque la voiture s'arrêta sur le parking de l'hôtel. Il tourna la tête et Max lui fit un sourire timide.

- Désolé pour le réveil.

- Max on est arrivé c'est normal que je me réveille, je vais pas dormir ici toute la journée.

Il avait dit ça sans pouvoir s'empêcher de sourire. Cet homme le fascinait.

Le reste de la journée s'était bien passé, ils avaient mangé avant de visiter Lyon. C'était une très belle ville, et il savait qu'il garderait un super souvenir de cette journée. L'atmosphère s'était encore détendue au fil des heures, et il avait le sentiment de retrouver son Max, à qui il tenait tellement.

Il n'avait pas souvent eu de coups de foudre amicaux, mais celui là l'avait frappé de plein fouet. Il avait découvert une personne incroyable, en qui il avait une confiance aveugle et qui, il le savait, ne le decevrait jamais. Leurs personnalités s'étaient emboîtées comme deux pièces d'un puzzle, rendant leur complicité évidente aux yeux de tous. Il ne traitait pas celui qu'il considérait comme une sorte d'âme sœur de la même façon dont il traitait les autres, il en était conscient. Il lui avait accordé une place particulière dans sa vie, lui donnant plus d'attention et de tendresse qu'à n'importe qui.

Mais comment faire autrement? Il s'était fait ensorcelé par ce petit personnage si singulier. On lui avait déjà fait remarquer à quel point son comportement était différent en la présence de Max, mais sa réponse était toujours la même. Il le savait, mais il n'allait pas changer, parce qu'il ne voyait pas ou était le problème. Il avait le droit d'avoir une amitié plus forte que les autres, non?

L'heure du match de rugby arriva. Ils étaient installés dans le stade, impatients d'assister à la rencontre. Dés le début du match, Max était à fond. Sidjil l'observait du coin de l'œil, le trouvant bien plus intéressant que ce qu'il se passait sur le terrain. Stressé, son voisin se rongeait les ongles et se mordait la lèvre inférieure, puis se levait, tout excité, au moindre point marqué, d'un côté comme de l'autre. Ses cheveux noirs étaient désordonnés, lui donnant l'air de revenir de la plage. Mais ce qu'il trouvait le plus hypnotisant, c'étaient les mouvements de son corps. Il n'aurait pas su l'expliquer, mais il y avait quelque chose de particulier dans sa façon de bouger, qui rendait le reste du monde indigne d'attention.

- Tu sais que le match se passe en bas?

Maxime venait de lui lâcher ça en se tournant vers lui, un petit sourire en coin sur le visage, les joues légèrement rosées. Il avait été pris la main dans le sac, mais il savait comment s'en sortir, il avait juste a rentrer dans son jeu. Il sourit à son tour, et lui lança:

- Ouais mais je suis pas venu pour le match.

Son interlocuteur se mordit la lèvre et secoua la tête avant de se reconcentrer sur le match. Il était étonné de ne pas avoir de réponse cinglante, mais fier de sa répartie et de l'effet qu'elle avait eu sur Max. Et puis c'était vrai, si il était venu c'était principalement parce que ça impliquait une excellente compagnie.

Une si belle histoire (Maxime et Djilsi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant