Djilsi

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Sidjil était fier de son coup. Il était toujours debout, appréciant un peu trop le regard de Maxime posé sur lui.

Quelque chose avait changé, il le sentait. Ce qui s'était passé pendant le match n'avait pas eu la même saveur que toutes les autres fois où ils s'étaient cherchés. Il y avait eu une étincelle en plus, une envie naissante d'aller plus loin, de repousser les limites d'un jeu auquel ils jouaient depuis bien trop longtemps pour que ce ne soit rien de plus.

Alors avant d'aller se doucher il avait tâté le terrain, scrutant le moindre indice lui indiquant de reculer, d'arrêter ses conneries. Mais rien n'était venu. Bien au contraire. Il avait senti la tension monter aussi vite que son cœur battait. Et surtout, il avait senti un regard lourd de sous entendus posé sur les lèvres, une invitation qu'il l'avait retourné.

Sous la douche, il avait alors compris ce que ses proches essayaient de lui dire quand ils lui parlaient de Max. Ils s'en foutaient que Sidjil se comporte différemment avec lui, ils essayaient simplement de lui faire ouvrir les yeux, de lui faire comprendre qu'une relation pareille n'était pas qu'une simple amitié, et qu'ils jouaient un jeu dangereux.

Pourquoi ne s'en était-il pas rendu compte plus tôt? Il avait sûrement enfoui ce qui lui semblait maintenant être une évidence au plus profond de lui même, terrifié à l'idée de tout gâcher. Il aurait dû se douter que quelque chose clochait quand il avait eu si peur de perdre Max au GP, ou quand il s'était senti vide et terriblement seul après seulement 5 jours sans le voir. Il avait mis ça sur le compte de l'inquiétude. Quel idiot.

Une seule question le hantait à présent, figé debout au milieu de la chambre: ou en était Max? Et il avait peur de la réponse. Certes ses actes ne laissaient pas vraiment de place à l'interprétation, il était en train de le reluquer comme personne ne l'avait jamais fait avant, mais Sidjil savait qu'il pouvait se tromper sur toute la ligne. Le corse avait quand même semblé distant la veille, et il voulait s'assurer que c'était bien à cause du GP, et pas parce que la blague avait fini par le mettre mal à l'aise.

- Je peux te poser une question?

Il allait mettre les pieds dans le plat, comme toujours.

- Oui?

La réponse avait été hésitante, faisant monter la tension dans la pièce. Il s'assit sur le lit.

- Hier et ce matin t'avais l'air de m'éviter, de pas être à l'aise, et je voulais savoir pourquoi, parce que si c'est parce que notre délire de bisous est devenu trop lourd pour toi on peut juste arrêter. Ça me ferait chier je vais pas te mentir, j'adore t'embrasser, mais je veux pas que tu sois mal à l'aise.

Il avait fait exprès de dire ça comme si de rien était, espérant pouvoir observer un réaction sur le visage qu'il scrutait. Et il ne fut pas déçu. Qu'est-ce qu'il aimait quand Max rougissait.

- Non c'est pas ça du tout! Ça n'a rien à voir. Enfin pas rien à voir, mais c'est pas ça.

- Hein?

- C'est juste que ça faisait longtemps qu'on s'était pas vu, j'ai paniqué.

- Aaaah donc c'est juste que je te fais trop d'effet?

Silence de mort.

Ils se fixaient, et la confusion qui venait de s'installer envahissait chaque millimètre de la pièce.

- On peut dire ça comme ça ouais...

Maxime avait parlé tout bas, comme si il voulait garder la possibilité de retirer ses paroles.

Ils venaient d'atteindre les limites de leur petit jeu, l'aveu du plus petit ne laissant plus aucune place à l'humour. L'atmosphère était électrique. Un silence rempli de non-dits planait sur eux.

Puis, le téléphone de Sidjil vibra, le faisant revenir à la réalité. Il vit l'heure qu'il était. 3h. Il était bien trop tard pour aborder quelque chose d'aussi sérieux.

- Il faudrait qu'on se couche si on veut être en état de conduire demain. On pourra rediscuter de tout ça demain.

- Hmm hmm.

Et merde.

- C'est pas du tout une excuse pour pas avoir cette conversation Max. Je veux qu'on parle de tout ça, il faut qu'on parle de nous, mais 3h du mat c'est pas une heure raisonnable pour discuter d'un truc aussi important.

Son interlocuteur ne semblait pas convaincu.

- Ouais ouais t'inquiète, on en reparlera plus tard. Bonne nuit.

Maxime se mit alors dos à lui, signe que la conversation était terminée. Il se sentait con. Mais il lui avait dit la vérité, il fallait en parler à tête reposée.

Il s'allongea à son tour, perdu dans ses pensées. Il avait imaginé beaucoup de scénarios pour cette nuit quand il avait eu sa révélation sous la douche. Mais pas celui là. Il finit par s'endormir, animé par l'espoir de tout arranger le lendemain.

Il venait de rentrer chez lui à Paris, et il était frustré. Il avait tenté pendant le trajet d'aborder leur conversation de la veille, mais Max en avait décidé autrement. Il lui avait répété qu'ils en parleraient une autre fois, qu'il aimait pas discuter de trucs sérieux en voiture. Une bonne façon d'avoir sa petite vengeance.

Mais Sidjil avait peur d'avoir vraiment merdé. Qu'ils n'en rediscutent jamais et qu'il finisse par perdre son Max.

Une si belle histoire (Maxime et Djilsi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant