Run away T1

Flashback - Souvenir, souvenir.

« Chaque famille a ses secrets, il est préférable de bien réfléchir avant de les déterrer. »

Desperate housewives.

Il y a 16 ans, dans la maison de son enfance.

Emma, 7 ans.

J'adore le printemps. Il ne fait plus froid, il pleut moins et en plus maman ne me met plus le gros bonnet vert avec un pompon rouge. Je ne l'aime pas. Tristan se moque tout le temps de moi à l'école quand maman me force à le mettre. Alors quand le beau temps arrive, je suis la plus heureuse ! Pas besoin de mettre un gros manteau qui me bloque dans mes mouvements, pas besoin de mettre des gants qui m'empêche d'attraper les petites choses et surtout, pas besoin de mettre ce vilain bonnet tout moche.

Je suis dans le jardin derrière notre maison en train de prendre le thé avec Myrtille et Mirabelle, mes deux poupées, à l'ombre d'un arbre. Nous prenons le goûter tous les mercredis après mes leçons de danse. J'ai déjà dit à maman que je voulais seulement pratiquer la boxe mais elle me dit tout le temps que la danse ce n'est pas seulement danser, cela sert aussi à connaitre son corps et apprendre à bien le maitriser pour savoir l'utiliser judicieusement. Elle me dit aussi que les deux combinés pourront m'aider à devenir plus forte que Benji et lui mettre la pâtée. Je ne suis pas vraiment sûre qu'elle ait raison. Benjamin vient de fêter ses treize ans et depuis, il essaye de faire le grand et me traite de bébé. Alors si je pouvais le mettre KO, je pourrais lui montrer que moi aussi je suis grande.

J'aime beaucoup faire comme maman quand je prends le thé. Elle est tellement belle, douce et gentille. Quand je serai grande, je veux être comme elle. Tout le monde dit que je lui ressemble comme deux gouttes d'eau.

Je remarque que Myrtille a mangé tous les cookies, alors je me lève pour aller vers les portes vitrées de la cuisine et en demander d'autres à maman. Ce n'est pas Myrtille qui les a dévoré mais moi. Mais il ne faut pas le dire à maman sinon elle ne voudra pas m'en redonner et va finir par me gronder car je ne vais plus manger au diner ce soir.

Quand j'arrive près de la fenêtre, je m'arrête de respirer quand j'entends papa et maman se disputer. Ils ne se disputent que rarement, mais, quand c'est le cas, je n'aime pas du tout.

— C'est inconscient et tu le sais très bien ! Il a disparu juste après depuis il n'a jamais été retrouvé. Remuer l'histoire ne fera que nous mettre en danger. Les personnes derrière ça voudront nous faire taire, lui dit mon père.

Je ne vois pas son visage mais rien qu'au son de sa voix, je peux affirmer que maman a fait une bêtise. Quand je mange trop de chocolat avant le diner, il me gronde pareil.

— Chéri, j'ai besoin de savoir, ça fait cinq ans que cela me ronge. Je lui dois au moins à elle.

J'entends même prendre une respiration tremblotante avant qu'elle ne reprenne la parole mais avec sa voix quand elle me demande de ranger ma chambre sans protester.

— Nous avons toujours fait front commun. Je n'ai jamais pris une décision sans te consulter avant et je prends toujours en compte ton opinion. Alors, ne me force pas à passer outre aujourd'hui. S'il te plait, lui répond maman doucement.

Les conversations de grands sont incompréhensibles. Quand maman et papa chuchotent tard le soir et que je ne dors toujours pas, j'ai pris l'habitude d'écouter à ma porte de chambre. Un jour Benji m'a découvert et il m'a fait du chantage pour que je lui range sa chambre pendant une semaine sinon il allait tout leur dire. Benji peut être méchant avec moi parfois. Mais maman me dit toujours que c'est parce qu'il est dans l'adolescence et que c'est un âge compliqué. Je lui ai promis que je serais gentille avec eux, moi. Même si je ne sais pas ce que ça veut dire l'adolescence.