6. a simple, normal day

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Charles a du mal à l'admettre mais il a bien dormi. C'était une nuit fantastique et il aurait juré être dans les bras de Pierre jusqu'à ce qu'il se réveille dans un lit vide. Il cligne des yeux, surpris et essaye d'ignorer le tiraillement dans sa poitrine. Il aurait pu s'y attendre après tout. Leur relation a très mal démarré. Cependant il a cru percevoir quelque chose entre eux hier et est déçu de voir qu'il avait probablement tort.

Il se lève lentement et récupère un t-shirt avant de remarquer le tas d'affaires qui traîne au sol. Son cœur manque un battement. A pas hésitants, il se dirige vers sa salle à manger et découvre Pierre affairé autour de la machine à café. L'étudiant relève les yeux dès qu'il l'entend arriver et lui sourit.

"Bien dormi ?"

"Parfaitement, merci."

Ils explorent encore les limites de leur relation, c'est la sensation qu'il a. Il offre un sourire hésitant à Pierre lorsqu'il dépose le plat de crêpes restantes réchauffées devant lui et l'observe tenter à nouveau d'utiliser l'appareil ménager. Au bout d'un moment, il pouffe de rire et le plus âgé lui offre un regard à mi-chemin entre mortifié et vexé.

"Qu'est-ce que tu fais ?"

"Ce n'est pas de ma faute si cette machine marche bizarrement !"

"Bizarrement, vraiment ? Laisse-moi faire."

Il se permet de venir aux côtés de Pierre avant d'allumer la cafetière avec le bouton qui se trouve au dos, avant de faire défiler le menu.

"Tu vois, là tu peux choisir le type de café que tu veux et-"

Leurs visages sont si proches l'un de l'autre. Il ne devrait pas être embarrassé par ce genre de choses - ils ont fait bien plus hier ! - mais ses joues s'empourprent quand même et il a un mouvement de recul net.

"Euh-"

Pierre, s'il réalise son trouble, décide de ne rien en dire.

"Quelle idée de dépenser autant dans une machine à café aussi."

"Elle était inclue avec le logement. Je n'ai pas acheté grand-chose depuis que je suis arrivé ici."

Bien que ce soit officiellement chez lui maintenant, il a toujours du mal à s'en rendre compte. Paris lui paraît si inhospitalier, si grand, parfois si froid. Ce n'est pas du tout comme Monaco, ce n'est pas du tout similaire à la façon dont la maison familiale paraissait quand ses parents étaient à la maison. Rien n'est comparable.

Il y a un sens de liberté, l'impression de pouvoir se perdre à n'importe quel moment dans la foule et il a aimé cela un temps, mais maintenant il en est las. À force d'être un inconnu pour tous ceux qu'ils rencontrent, n'allait-il pas après tout finir par être un inconnu pour lui-même?

Une fois que les préparatifs pour le petit-déjeuner sont terminés, ils s'installent l'un en face de l'autre sur le bar, comme hier. Pierre vérifie son téléphone et a une grimace.

"Qu'est-ce qui se passe ? Tout va bien ?"

"Apparemment ta Ferrari n'est pas passée inaperçue. Esteban - je ne sais pas si tu te souviens mais tu l'as croisé - l'a vue. Enfin quoique, je suis quasiment sûr qu'il devait avoir cours à ce moment donc je me demande comment ..."

Esteban ... il se souvient de leur deuxième rencontre. Un jeune homme de leur âge environ, grand et fin, avec des yeux bruns pétillants. Pierre semble soucieux un instant avant de secouer la tête comme pour se débarrasser de cet état d'esprit.

"Peu importe. Est-ce que ça te dirait de sortir avec moi aujourd'hui ?"

"Sortir ... sortir ?"

"Comme tu préfères."

rich boys do(n't) have heartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant