5. a galaxy of wonders

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"Tourne à gauche, voilà. C'est le portail juste à ta droite."

Pierre a un sourire bien trop grand sur les lèvres. Cette Ferrari est superbe. Il est juste dommage de conduire un tel bijou à Paris où les limitations de vitesse sont trop fréquentes. C'est le même appartement que la dernière fois mais Charles le guide jusqu'au parking souterrain.

"Est-ce que tu l'as déjà conduite ailleurs qu'à Paris ?"

"Je t'ai déjà dit que j'étais monégasque, non ?"

"Tu as même lourdement insisté dessus."

"Je suis fier de mes origines c'est tout."

"Oui, oui, peu importe ce que tu dis ..."

Charles joue l'air faussement vexé et il ne peut s'empêcher de lui jeter quelques coups d'œil. Il arrête la voiture au bon emplacement mais ils n'en sortent pas pour autant. Ils sont à peine illuminés par les néons.

"Je suis monté à Paris avec. Je voulais faire la route par moi-même. J'ai aussi été jusqu'en Italie. Je te laisserai la conduire ailleurs qu'ici la prochaine fois."

Il essaye de ne pas montrer à quel point son cœur a été soulevé par ces mots. Une prochaine fois. Ce n'est pas bon. Finalement, est-ce que ce serait vraiment une mauvaise idée de se laisser tenter de la sorte ? Il pense avoir une idée de la vie qu'a entrevue Charles jusqu'ici, est-ce qu'il a réellement sa place à ses côtés ?

Il laisse Charles le guider jusqu'à chez lui. Rien n'a vraiment changé, le même parquet poli digne des grandes époques, une ambiance froide et impersonnelle. Seules quelques photos dénaturent ce sentiment ainsi qu'un piano soigneusement déposé dans un coin de la pièce. Il se dirige vers la cuisine.

"Pierre ?"

"Faisons des crêpes." Il déclare après avoir inspecté en détail les placards et avoir trouvé la plupart vides.

"À cette heure-ci ?"

"Tu n'as pas mangé, pas vrai ? Et je ne dirais pas non à un dessert. À moins que tu n'aimes pas les crêpes ? Je pourrais essayer de faire autre chose."

"Non, non ! J'adore ça. C'est juste que ça fait longtemps que je n'en ai pas fait ..."

C'est la première fois que Charles paraît si vulnérable. Pierre sait qu'il pourrait demander plus d'information à ce sujet mais il n'est pas sûr que son partenaire veuille en parler alors il décide de changer de sujet. Il glisse sa main sur une main sur la joue de Charles et l'embrasse de façon chaste.

"Va mettre quelque chose de plus confortable pendant que je rassemble les ingrédients."

Il a oublié pendant un court instant que ce n'était pas sa cuisine. Il passe plus de temps que nécessaire à tout trouver et Charles a le temps de revenir, habillé en short et t-shirt avec une enceinte à la main.

"Tu m'aides ?"

Charles acquiesce. De la musique pop anglaise se met à jouer. Ils s'activent autour de la cuisine et font la pâte.

"Tu ne mets pas de rhum ?" Charles lui demande et il hausse un sourcil.

"Non, tu en mets habituellement ?"

"Ça dépend. Ma mère n'en mettait jamais mais mon parrain, enfin c'était plutôt une sorte d'oncle ou de grand-frère pour moi, s'amusait souvent à essayer de le remplacer par autre chose."

Pierre s'immobilise dans ses mouvements. Il jette un regard à Charles. Il y a eu beaucoup de premières fois aujourd'hui. Ses yeux verts luisent doucement alors qu'il mélange la pâte à l'aide d'un fouet, révélant des biceps fermes qu'il n'a pas assez touchés pendant leurs soirées ensemble. Il fait fondre un peu de beurre pour huiler la poêle.

rich boys do(n't) have heartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant