𝟶𝟸. 𝙸𝚗𝚏𝚕𝚞𝚎𝚗𝚌̧𝚊𝚋𝚕𝚎

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Feeling Good - Michael Bublé

Isaac

Rotterdam, Pays-Bas. 14h15.

Je plis mes vêtements repassés et les dépose proprement dans ma valise, ouverte sur le grand lit que j'ai occupé durant mes vacances ici. Ça fait maintenant une semaine que je séjourne chez ma grand-mère paternelle, dans une petite maison chaleureuse, en dehors de la ville. Dans le village où elle habite, les rares bruits perceptibles sont la pluie martelant les carreaux des fenêtres, ou les aboiements des chiens du voisinage, de temps à autre. Malheureusement, la reprise des cours approche à grands pas, je me vois donc obligé de rentrer au Roos Campus.

Lorsque j'ai dû intégrer le campus pour mes études de droit, il y a quelques années, j'y ai laissé ma mère, dans un état déplorable. Mais c'était également douloureux d'y laisser ma grand-mère, à qui je suis très attaché.

Même si seulement une heure sépare Rotterdam de la capitale, ce n'est pas un trajet réalisable quotidiennement, notamment avec la charge de travail des professeurs. Par conséquent, je lui rends visite dès que j'en ai la possibilité. Dès lors que je passe le pas de la porte, un sentiment de sécurité et d'apaisement m'enveloppe. C'est ici que je me réfugie lorsque tout commence à m'échapper, et la femme incroyable qu'est ma grand-mère m'accueille toujours à bras ouverts.

Les étudiants commencent à rentrer au campus petit à petit, eux aussi. Mes amis, Anna et Laurens ainsi que ma cousine, Rose, sont rentrés il y a de ça une semaine. Cette dernière m'harcèle d'appels depuis, m'implorant de rentrer au plus vite, ne supportant plus de rester seule avec eux. Je compatis, ces deux-là sont de sacrés phénomènes lorsqu'ils sont ensemble.

Il m'a fallu un moment de réaction lorsque j'ai ouvert les yeux ce matin, avant de comprendre que le jour que j'appréhendais depuis que j'ai passé le pas de la porte était arrivé. Des petits coups en provenance de ma porte se font entendre avant que la douce voix de ma grand-mère brise le silence paisible :

— Isaac, rejoins-moi dans la cuisine avant de prendre la route, j'ai fais du café.

J'esquisse un léger sourire.

— J'arrive ! je m'écris assez fort pour qu'elle entende.

Ma valise terminée, je la ferme sans grande difficulté. J'ai une armoire remplie ici, par conséquent, lorsque je séjourne, je n'ai pas besoin de prendre beaucoup d'affaires avec moi.

Je dépose ma valise à l'entrée avant de la rejoindre dans la cuisine. La pièce est assez petite, et la lumière tamisée rend l'atmosphère apaisante, intensifiée par le son de la pluie martelant les carreaux de la fenêtre. Elle dépose deux tasses de café sur la petite table en bois avant de relever la tête dans ma direction, un rictus aux lèvres.

— Assieds-toi. Je t'ai rajouté du lait, dit-elle en désignant ma tasse du menton. Ta vieille grand-mère perd peut-être la tête mais elle se souvient encore que tu n'apprécies pas le café noir.

— Je n'en doute pas, rétorque-je en souriant.

Je prends place à ses côtés alors qu'elle dépose quelques mignardises sur la table. J'apporte la tasse à mes lèvres, savourant le goût du café adoucit par le lait. Elle fait de même avant de m'interroger :

THE CAMPUS OF DEATH (Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant