Sauvetage

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Les arbres avaient cédé leur place une végétation moins haute. Le soleil se battait en duel avec la lune pour prendre possession du ciel rependant une lueur sang sur la terre. Les étoiles disparaissaient, fuyant l'azur pour ne pas prendre part aux rixes.

Au milieu de ce champ de bataille, se dressait l'Institut. Entouré d'une cour à l'herbe, rase et d'un grillage, le géant en béton s'imposait. Il était le maître des lieux. Sylke, Lina et moi étions accroupis derrière un bosquet. Nous avions passé notre nuit à cavaler dans les bois suivant le GPS de mon portable.

- Comment allons-nous faire pour entrer ? Murmura la sirène.

Personne ne répondit.

Comment voulait-elle infiltrer un coffre-fort pareil ?

- Tu ne pourrais pas nous faire entrer avec un de tes tours de passe-passe ? Demandai-je.

- Ces tours de passe-passe comme tu les appelles, c'est de la guérison, marmonna-t-elle en secouant la tête.

- Tu pourrais nous rendre invisibles ?

- Non.

- Ou...

Je me lassai ma phrase en suspens. Les yeux écarquillés par la peur, comme mes compagnons. Même Lina en étant aveugle avait sentit le danger. De l'autre côté de la barrière, un garde tenant un chien passa. Le molosse s'arrêta et leva la truffe.

On est cuit !

Sylke porta la main à sa bouche tentant sûrement d'étouffer un cri d'effroi. Le cabot émit quelques jappements et gratta le sol avant de repartir en grognant, le garde toujours sur ses talons. J'attendis qu'ils soient à bonne distance pour prendre la parole.

- Au moins, nous savons qu'il y a des patrouilles.

Mes compagnes hochèrent la tête.

- Le grillage, les patrouilles avec des chiens et potentiellement des gardes, énuméra Sylke. La tache va être compliquée.

Je l'observai. La nouvelle n'avait pas l'air d'avoir eu une quelconque répercussion sur son moral. Son regard s'était durci.

- Ce qui est sur c'est que nous ne pourrons pas entrer par là.

Line visait juste, comme à chaque fois.

- Comment allons-nous faire ? Nous ne connaissons pas la topographie des lieux, ni s'il existe une autre entrée. Et admettons que nous franchissons par un quelque moyen que ce soit le grillage, sommes nous sur de trouver Coralia ?

- Je ne te connaissais pas si pessimiste Elway, constata Sylke.

J'étais gêné. Je ne voulais pas monter cette image de moi.

- Je ne voulais pas être pessimiste, mais au vu de la situation, je suis réaliste.

- C'est bien ce que je disais. Tu es pessimiste.

Nous nous tuâmes à nouveau. Une autre patrouille venait de passer.

- Les patrouilles passent à intervalle régulier, constata la sirène.

Elle se tourna vers Lina.

- Tu as trouvé quelque chose ?

De quoi parle-elle ?

Ma sœur hocha la tête.

- Il y a une entrée souterraine à une dizaine de mettre, gardée par deux gardes.

Je la dévisageai. Comment savait-elle tout ça ? Je ne l'avais pourtant pas vu quitter sa place pendant notre discussion ni même bouger. Sylke remarqua mon air étonné et ouvrit la bouche, mais Lina leva la main pour la faire taire.

- Pas maintenant. On a d'autres chats à fouetter !

Ma sœur se leva suivie de la sirène. Je les imitai.

- Et les patrouilles ?

- La prochaine passe dans quatre minutes et cinquante-deux secondes.

Je n'en revenais pas. Comment avaient elles fait pour récolter toutes ces informations ? D'ailleurs comment faisait Sylke pour être si précise sans montre ?

Je leur emboîtai le pas, des questions plein la tête, mais avec un objectif clair et qui me semblais atteignable : sauver Coralia.

***

Le scientifique posa la couronne sur ma tête sous les regards insistants de nos spectateurs. Le cercle de métal froid entra en contact avec ma tête. Un éclair de douleur déchira mon crâne.

- Enlevez-moi ce truc de la tête, suppliai-je les larmes aux yeux.

Il se contenta de me sourire.

- Pourquoi si tôt ? Nous venons à peine de commencer !

Ses mots se perdirent dans mon crâne. J'avais l'impression que l'étrange diadème voulait prendre possession de mon corps et de mon esprit. Mes pensées, mes paroles, mes volontés se heurtaient à un mur froid et stérile de métal. Idem pour les bruits de l'extérieurs. Ils ne me parvenaient plus. Je plaquai mes mains sur mes oreilles et plaçai ma tête entre mes jambes tentant de ralentir le mal qui m'envahissait peu à peu.

- Coralia ? Coralia !

Je relevai mon visage. La douleur était partie, ou du moins je ne la ressentais plus. Je flottais dans le noir avec pour seule compagnie mon reflet de l'autre côté d'une paroi. Enfin pas exactement moi. Mon double possédait un aspect. Des tatouages courraient sur tout son corps formant de drôles de motifs me rappelant la mer. Son aura aussi différait de la mienne, plus sombre, emplit de soif de puissance et de domination.

Qui est-elle ?

- Je suis la toi du futur, si tu acceptes le pouvoir qui s'offre à toi, susurra-t-elle, répondant à ma question muette.

- Je veux partir d'ici.

Mes mots étaient sortis tous seuls. Ils avaient sauté la case "cerveaux" pour aller directement à ma bouche.

- Tut ! Tut ! Tut ! Répondit mon interlocutrice. Tu devrais être honoré de me rencontrer. Tes ancêtres, eux, l'étaient.

Je ne comprenais pas ce qu'elle racontait.

- Mais de quoi parles-tu ? Je n'ai jamais voulu venir ici, moi !

Mon reflet me dévisagea. Il ne comprenait pas plus la situation que moi.

- Pourtant, tu possèdes Mediscence. Tu voulais prendre possession de son pouvoir, non ?

Je secouai la tête. Les souvenirs du laboratoire me semblaient tous proches. La couronne que l'on m'avait posée sur la tête, il l'avait appelé Mediscence ! La fille qui se trouvait devant moi n'était pas moi ni même mon reflet. Elle était mon idéal !

- Pourrai-je savoir qui tu es en vérité ?

Ma question la prit au dépourvu.

- Je suis toi.

- Non !

- Pourtant, tu aimerais être comme ça. Ou du moins ton inconscient.

J'avais devant moi la projection de Mediscence.

- Arrête de mentir ! Tu n'es pas moi ! Que veux-tu ?

Voyant que son secret était percé à jour, mon sosie changea d'apparence. Ses membres se rétractèrent, son visage fondit pour former une brume noirâtre sans forme particulière.

- Bravo, tu as compris mon stratagème peu de sirènes y sont arrivées.

Elle a rencontré d'autres sirènes !

- Mais passons. Puisque tu ne sais pas ce que tu fais ici, je vais te proposer un pacte : tu me laisses ton âme et je te donne le pouvoir contré le projet Atlantide.

Contrer le projet Atlantide et sauver Elway, Lina et les autres humains ! Contre mon âme.


Sea Dreams {nouvelle}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant